En reprenant Fortis, BNP Paribas profite de la crise pour tisser sa toile en Europe

 
 
[06/10/2008 17:49:00] PARIS (AFP)

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énéral de BNP Paribas, Baudouin Prot à Bruxelles le 6 octobre 2008. (Photo : John Thys)

Avec la reprise de Fortis en Belgique et au Luxembourg, BNP Paribas accède au titre de première banque européenne par le montant des dépôts, récoltant les fruits d’une stratégie de croissance prudente.

Moyennant l’entrée à son capital des Etats belges et luxembourgeois, la banque, privatisée en 1987, va reprendre les activités bancaires et d’assurance de Fortis, nationalisée une semaine plus tôt pour éviter sa faillite.

D’un montant de 14,5 milliards d’euros, cette acquisition lui ouvre deux nouveaux marchés européens, en plus de la France et de l’Italie, où elle s’est implantée en 2006.

“C’est une très belle opération qui montre que les banques qui ont du cash et sont bien gérées sont les grandes bénéficiaires” de la crise actuelle, a déclaré à l’AFP Jean de Castries, directeur général d’Equinox Consulting.

A l’instar de l’espagnole Santander, BNP Paribas a été relativement épargnée par la crise financière qui a éclaté l’été dernier, parvenant à dégager en 2007 un bénéfice net record de 7,8 milliards d’euros.

Depuis le début de l’année, son cours de Bourse a aussi bien résisté: l’action a perdu près de 8%, contre plus de 31% pour l’indice CAC.

L’opération a été bien accueillie lundi par les analystes et le titre a baissé deux fois moins que le marché à la Bourse de Paris.

La reprise de Fortis va lui permettre de s’adjuger “une base de dépôts excédentaire” de 239 milliards d’euros. Un atout particulièrement précieux au vu des difficultés que rencontrent les banques pour se financer, ont commenté les analystes de la maison de courtage Raymond James dans une note.

Pierre Chédeville, du Crédit Mutuel-CIC, a salué de son côté le “coup de maître” de la banque, qui prend ainsi “la tête du peloton des banques européennes” par le montant des dépôts (600 milliards d’euros), devant la néerlandaise ING et l’allemande Deutsche Bank.

“Le prix payé est très bas au regard des risques pris”, a-t-il estimé. Fortis a été acquise sur la base de 0,7 fois la valeur de son bilan, “contre “1,5 à 2 fois avant la crise”, selon lui.

BNP Paribas a pris soin de ne racheter que la partie “saine” de Fortis puisque ses actifs à risque seront cantonnés dans une structure à part dont elle ne détiendra que 10%.

En outre, l’entrée au capital des Etats belge – qui aura deux représentants au conseil d’administration – et luxembourgeois “renforce la stabilité de l’actionnariat dans une période agitée”, a souligné M. Chédeville. Cependant, ces Etats n’ont “pas vocation à rester dans son capital”, selon M. de Castries pour qui il s’agissait de trouver une solution qui soit “politiquement acceptable pour les déposants belges et luxembourgeois”.

Soucieuse de rassurer les clients comme les employés de Fortis, BNP Paribas a publié sur son site internet une lettre dans laquelle elle met en avant sa solidité et “sa longue tradition de croissance par acquisitions menées dans le respect de la diversité des cultures”.

Didier Debacq, délégué national adjoint CFDT, a exprimé le “souhait que tout ceci ne se fasse pas au détriment de l’ensemble des salariés du côté de Fortis ou de BNP Paribas”. Des inquiétudes que Baudouin Prot, le directeur général, s’est employé à calmer lundi lors d’une conférence de presse à Bruxelles, assurant que Fortis resterait une “banque belge avec une assise belge” et “un centre de décision à Bruxelles”.

 06/10/2008 17:49:00 – Â© 2008 AFP