[06/10/2008 21:52:40] WASHINGTON (AFP)
La banque centrale américaine a encore accru lundi les liquidités mises à la disposition des banques, espérant calmer des marchés d’autant plus nerveux que le Trésor n’a pas précisé, comme espéré, le mécanisme de rachat des actifs à problèmes du système financier. La Réserve fédérale (Fed) a annoncé qu’elle allait offrir 300 milliards de dollars de plus en octobre et novembre pour le refinancement des banques, dont elle va de surcroît rémunérer les réserves déposées chez elle. Cette mesure n’a pas suffi à calmer les marchés déçus par le Trésor américain, qui a redit son intention d'”agir rapidement” pour mettre en oeuvre les nouveaux pouvoirs qui lui ont été conférés par la loi sur le sauvetage des banques, mais sans apporter de véritable précisions sur son dispositif ou son calendrier d’action. Le ministère a tout juste indiqué de manière générale la méthode qu’il comptait suivre pour sélectionner les gestionnaire d’actifs privés qui seront chargés de gérer pour le compte de l’Etat les actifs toxiques que le Trésor pourra racheter jusqu’à concurrence de 700 milliards de dollars. Il a ensuite annoncé que Neel Kashkari, un ancien de la banque d’affaires Goldman Sachs (comme le secrétaire au Trésor Henry Paulson), superviserait ce programme, en tant que secrétaire adjoint chargé de la stabilité financière. “Le Trésor est comme le chien qui a couru après la balle, l’a attrapée et se demande désormais ce qu’il doit en faire”, souligne Bob Eisenbeis, de Cumberland Advisors. Au vu de la complexité de la tâche, “il faudra du temps pour mettre sur pied la structure chargée de gérer les actifs invendables accumulés par les banques lors de la dernière bulle immobilière. Et “le temps, relève M. Eisenbeis, joue contre le Trésor.” L’absence de nouvelle sur ce front contribuait à faire plonger la bourse de New York sous les 10.000 points, pour la première fois en quatre ans. La Fed a indiqué de son côté que les banques pourront se refinancer en octobre et en novembre à hauteur de 600 milliards de dollars (au lieu de 300 milliards prévus) par le biais de ses enchères de refinancement à terme. Cette facilité permet aux banques de se renflouer à un coût normalement plus élevé que sur le marché interbancaire. La banque centrale a par ailleurs indiqué qu’elle allait commencer à rémunérer les réserves (obligatoires et excédentaires) déposées chez elles par les banques. Contrairement à d’autres banques centrales, comme la Banque centrale européenne (BCE) par exemple, la Fed ne rémunérait pas jusque-là les réserves des banques déposées chez elle. Ces mesures ont pour but essentiel “d’éliminer (pour les banques) le manque à gagner découlant du blocage des réserves obligatoires” et devraient “favoriser l’efficacité du secteur bancaire”, écrit la Fed. La banque centrale souhaite aussi inciter les banques à lui confier davantage d’argent, pour lui permettre “d’augmenter son bilan afin de fournir les liquidités nécessaires à la stabilité financière”. Plusieurs économistes, comme Stephen Gallagher (Société Générale) ou Andrew Busch (BMO Capital Markets), s’accordent à dire que la rémunération des réserves doit permettre à la Fed d’envoyer dans le système des liquidités en abondance tout en tenant son objectif de politique monétaire (un taux de 2,0% sur le marché interbancaire au jour le jour) qu’elle a du mal à respecter depuis plusieurs jours. Mais pour RDQ Economics, le problème n’est pas tant que les fonds ne sont pas disponibles, mais que les banques ne se font plus aucune confiance. Ce cabinet de recherche économique plaide en conséquence pour que “la Fed et les autres banques centrales garantissent les transactions entre banques réglementées pour une période d’au moins un an”. |
||
|