Le patron de Lehman Brothers sur la sellette au Congrès américain

 
 
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éricaine Lehman Brothers, Richard S. Fuld, témoigne devant le Congrès, le 6 octobre 2008 à Washington (Photo : Karen Bleier)

[06/10/2008 21:57:31] WASHINGTON (AFP) Le patron de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers, qui a déposé son bilan le mois dernier, a été accusé lundi au Congrès d’avoir empoché des centaines de millions de dollars et d’avoir versé d’énormes primes à des collaborateurs alors que son établissement était au bord de la faillite.

Devant la commission de surveillance de la Chambre des représentants, Richard Fuld s’est vu reprocher d’avoir accumulé quelque 500 millions de dollars de salaire et de primes durant son mandat à la tête de la banque, dont la quasi-faillite le 15 septembre a contribué à la tourmente financière mondiale actuelle.

En dépit de sa rémunération, Richard Fuld “ne se reconnaît aucune responsabilité pour l’effondrement de Lehman”, a dénoncé le président de la commission parlementaire, Henry Waxman. “Il se contente d’évoquer une ‘série de facteurs déstabilisants’ et explique “qu’à la fin ‘malgré tous nos efforts, nous avons été dépassés par les événements'”, a ajouté le député.

“Vous avez pu empocher près d’un demi-milliard de dollars et je vous demande si cela est juste pour le PDG d’une société en faillite. C’est inimaginable pour beaucoup de gens”, a-t-il lancé, précisant que son interlocuteur possédait une villa de 14 millions de dollars en Floride ainsi qu’une propriété dans l’Idaho (nord-ouest) qui abrite une collection d’art.

M. Fuld, dont la déposition était retransmise en direct à la télévision, a démenti le chiffre de 500 millions de dollars, expliquant avoir reçu depuis 2000 quelque 60 millions sous forme salariale, auxquels s’ajoutent 250 millions sous d’autres formes (stock-options, etc.).

“Cela reste un chiffre élevé”, a-t-il reconnu.

M. Waxman a évoqué un courriel interne à la banque établissant que quatre jours avant sa chute, la direction avait approuvé le versement d’un total de 20 millions de dollars à trois de ses hauts responsables sur le départ.

“Autrement dit, alors même que M. Fuld implorait le secrétaire (au Trésor Henry) Paulson de venir au secours de la banque, Lehman continuait à jeter des millions par la fenêtre pour ses dirigeants”, a lancé M. Waxman.

“Ce qui est fondamentalement injuste à propos de l’effondrement de Lehman, c’est son impact sur l’économie et le contribuable”, a ajouté le président de la commission, en référence au plan de sauvetage des banques approuvé vendredi au Congrès.

“Beaucoup d’experts pensent que la chute de Lehman a provoqué l’étranglement du crédit dont souffre notre économie et qui a rendu nécessaire le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars”, a-t-il relevé.

“M. Fuld s’en tire à bon compte: il est un homme riche qui a gagné plus de 500 millions. Mais les contribuables se retrouvent avec une ardoise de 700 milliards afin de sauver Wall Street et une économie en crise”, a dénoncé M. Waxman.

“Alors que M. Fuld et les autres dirigeants de Lehman s’enrichissaient, ils entraînaient Lehman Brothers et notre économie vers un précipice”, a-t-il martelé. “Nous ne pouvons pas continuer à avoir un système où les dirigeants de Wall Street privatisent les bénéfices et socialisent les pertes”.

L’audition du patron de Lehman Brothers est la première d’une série d’auditions de dirigeants bancaires promise par le Congrès afin de déterminer les responsabilités de la crise financière.

 06/10/2008 21:57:31 – Â© 2008 AFP