[07/10/2008 18:55:52] WASHINGTON (AFP)
Le Fonds monétaire international a prêché mardi une intervention forte des pouvoirs publics pour apaiser les tensions sur le système bancaire, confronté à des pertes potentielles de 1.400 milliards de dollars. “Nous ne voulons pas proposer aux Etats de mesure spécifique, mais nous pensons qu’ils doivent s’attaquer à trois problèmes: les fonds propres des banques, les actifs à problèmes, et le financement”, a indiqué le directeur du département des marchés financiers au FMI, Jaime Caruana, lors d’une conférence de presse à Washington. Le Fonds a publié mardi son rapport semestriel sur “la stabilité financière mondiale” à quelques jours de son assemblée générale d’automne. Il y a considérablement relevé son estimation des pertes liées à la dévalorisation d’actifs financiers américains, les chiffrant à environ 1.400 milliards de dollars, contre 945 milliards auparavant. Seuls 580 milliards ont déjà été annoncés, dont quelque 40% par des banques européennes. Selon le FMI, les banques vont devoir lever 675 milliards de dollars de capitaux dans les cinq prochaines années. “Pour atténuer les difficultés de financement interbancaire, les pouvoirs publics devraient prendre des mesures visant à remédier à la fois aux problèmes indissociables du crédit et de la liquidité”, explique le rapport. Interrogé pour savoir si le FMI prenait un tournant moins libéral, M. Caruana a affirmé que “la fragilité du système (était) une incitation forte” à l’intervention publique. Le FMI va jusqu’à conseiller aux Etats d’injecter directement des fonds publics dans “les institutions financières viables”, donnant ainsi sa bénédiction à des opérations comme la nationalisation de Fortis Pays-Bas. “Il va être difficile pour le secteur privé de le faire ces prochaines années. Donc nous pensons que cela peut venir du secteur public”, a résumé M. Caruana. Il suggère aussi de mettre en place dans d’autres pays qu’aux Etats-Unis un programme de rachat par l’Etat des actifs invendables. Le plan du secrétaire au Trésor américain Henry Paulson “va dans la bonne direction”. Le FMI appelle à la coordination entre Etats, qui “signifie la cohérence entre les différentes mesures”, selon l’économiste. “Nous avons vu ce qui se passe sur les marchés financiers quand l’action n’est pas coordonnée”. M. Caruana a pris pour exemple la garantie bancaire des particuliers en cas de faillite au sein de l’UE: “Il devrait y avoir une certaine harmonisation, non seulement pour gérer la crise mais aussi pour favoriser l’intégration des systèmes financiers”. Dans un discours prononcé mardi à Washington, le numéro deux du FMI John Lipsky a jugé souhaitable une harmonisation des structures de contrôle. “La crise mondiale des marchés a mis en lumière un manque de clarté quant au rôle respectif des régulateurs, des superviseurs, des banques centrales, et des autorités budgétaires dans l’éventualité d’une crise financière systémique”. Pour aider à apaiser les tensions sur le crédit, le Fonds s’est prononcé en faveur d’une aide des banques centrales au marché des prêts interbancaires, sous forme d’un “soutien limité et indirect”. La crise du crédit, en faisant grimper les taux auxquels les banques se prêtent entre elles, a diminué la portée de l’outil traditionnel de la politique monétaire, les taux directeurs, a diagnostiqué l’institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn. Les banques centrales “devraient fournir des incitations pour que les participants aux marchés commencent à faire des transactions entre eux et par conséquent permettre une sortie ordonnée de la banque centrale une fois que les tensions les plus extrêmes se sont apaisées”, selon le FMI. Il a également conseillé de “faciliter la réduction de l’incertitude entourant l’évaluation du risque de crédit par les participants au marché”. |
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