[07/10/2008 16:25:57] PARIS (AFP) Les petits actionnaires français, qui voient fondre à vue d’oeil leur portefeuille, refusent de céder à la panique malgré le “lundi noir” qu’a connu la Bourse, oscillant entre attentisme et résignation. Le CAC 40 a perdu presque 36% de sa valeur depuis un an. Sur la seule journée de lundi, l’indice boursier a chuté de 9,04%, sa plus forte baisse en une séance depuis sa création il y a vingt ans. “Les petits porteurs ont l’habitude des +lundis noirs+, ils ne paniquent pas du tout!”, affirme Didier Cornardeau, président de l’Association des petits porteurs actifs (APPAC). Sur les 5.000 membres de son association, M. Cornardeau assure n’avoir reçu qu’un seul appel d’adhérent inquiet. “Il s’agissait d’un Français résidant en Suisse qui voulait savoir s’il devait rapatrier son patrimoine” en raison des difficultés de la banque suisse UBS, explique-t-il. Selon M. Cornardeau, les actionnaires échaudés par la Bourse ont déjà fui le marché depuis longtemps: le nombre de petits porteurs est ainsi passé de 7,2 à 6,2 millions en 18 mois, avance-t-il. Seulement 6% des Français sont désormais prêts à investir en actions, d’après le dernier baromètre TNS Sofres. Lilian Pinguet fait partie de ce petit carré d’irréductibles. “La Bourse a beau avoir baissé, ça reste un bon investissement”, juge-t-elle. Depuis le début de l’année, cette retraitée du XVIe arrondissement parisien a vu son portefeuille se réduire de 25% environ, soit moins que la Bourse. Mais “il a été multiplié par 70 depuis les années 80”, calcule-t-elle. “Si je vois ce que j’ai et ce que j’avais, je ne vais pas me plaindre”, conclut Mme Pinguet. Pourtant, elle n’a jamais vu une telle chute boursière. “Lors du krach de 1987, ça touchait certaines valeurs mais pas toutes. Mais surtout, on ne vous cassait pas tout le temps les oreilles avec ça. Hier, même le chauffeur de bus n’a fait que parler Bourse: il avait regardé +Capital+”, raconte-t-elle. Président de l’Association nationale des actionnaires français (Anaf), Marcel Tixier n’a pas non plus reçu le moindre appel de ses 1.000 adhérents. “Ils sont assommés”, pense-t-il. Lui-même a deux plans d’épargne en actions remplis au maximum, mais est incapable de dire combien il a perdu depuis le début de la crise. “J’ai pas calculé et je m’en fous”, lâche-t-il. “Ce que je crains surtout, c’est que le nombre de petits actionnaires diminue encore”. Ramon Ganga, déménageur à la retraite de 66 ans, avait lui investi en 1998 150.000 euros dans une assurance-vie liée aux performances boursières. Son investissement s’est effondré après l’explosion de la bulle internet au début des années 2000. M. Ganga n’a plus que 58.000 euros sur son assurance-vie, désormais exclusivement en obligations. “Les obligations, normalement, c’est sûr”, confie le retraité qui est toutefois “toujours inquiet”. Henri Lavaux, retraité parisien de 78 ans, lui, “vit très bien” la crise. “Mon seul souci, c’est de voir les politiques aller à la télé pour dire que tout va très bien. Ca inquiète les gens plutôt que ça ne les rassure”, juge-t-il. Depuis un an, M. Lavaux a repris son portefeuille en mains pour investir “extrêmement prudemment” dans des actions “sûres”. “Vous verrez que dans six mois, le CAC 40 remontera à 5.000 points”, contre 3.800 aujourd’hui, prédit-il. Et de toute façon, “la valeur sûre, c’est l’immobilier”, affirme M. Lavaux, qui a la plupart de son patrimoine dans la pierre. En 2007, le logement constituait 31% du patrimoine des ménages français, les actions seulement 9,8%. |
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