[07/10/2008 20:52:46] WASHINGTON (AFP) Croissance nulle et crédit à la consommation en baisse pour la première fois depuis dix ans: la crise financière fait souffrir l’économie réelle aux Etats-Unis, amenant la banque centrale à envisager une baisse de ses taux d’intérêt. Selon le compte rendu publié mardi d’une réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed), le produit intérieur brut des Etats-Unis devrait stagner au deuxième semestre. Les membres du Comité de politique monétaire de la Fed tablaient néanmoins dans leur ensemble sur un “renforcement graduel de la croissance à partir de” 2009, selon le compte-rendu de cette réunion tenue le 16 septembre, au lendemain de la chute de la banque d’affaires Lehman Brothers qui a précipité la faillite de plusieurs grandes banques mondiales. Publiée en juillet, la dernière estimation de croissance de la Fed va de 1,0% à 1,6% pour l’ensemble de l’année 2008, après 2,8% en rythme annuel au deuxième trimestre et 0,9% au premier. La Maison Blanche refusait cependant de parler de récession. “Le prochain trimestre ne sera manifestement pas très bon”, a reconnu la porte-parole de la présidence américaine, Dana Perino, rappelant que la définition d’une récession est deux trimestres consécutifs de recul du PIB. “Nous sommes actuellement dans une situation très pénible”, a-t-elle dit. Lors de leur réunion du mois dernier, plusieurs dirigeants de la Fed se sont inquiétés de l’impact de la hausse du chômage sur la consommation des ménages, moteur de l’économie américaine. Comme pour confirmer cette inquiétude, la Fed a annoncé que les crédits à la consommation ont reculé de 3,7% en août, enregistrant leur première baisse depuis janvier 1998 Face à cet affaiblissement généralisé, le président de la Fed, Ben Bernanke, a reconnu que son institution allait devoir réexaminer le niveau de ses taux d’intérêt. “La combinaison des nouvelles données économiques et les récents développements financiers suggèrent que les perspectives de croissance économique se sont dégradées”, a-t-il déclaré devant la National Association for Business Economics. “A la lumière de ces évolutions, la Réserve fédérale doit examiner si la position actuelle de sa politique reste appropriée”, a-t-il ajouté. Le taux directeur de la Fed est de 2% depuis avril. La rumeur a couru ces jours-ci avec insistance d’une baisse des taux de la Fed avant même sa prochaine réunion prévue le 29 octobre, peut-être dans le cadre d’une action concertée avec d’autres banques centrales. Le plan de sauvetage du système bancaire, approuvé vendredi par le Congrès, n’a guère contribué à rassurer les marchés, malgré les 700 milliards de dollars qui doivent éponger les créances douteuses accumulées par les banques dans l’immobilier. Cherchant à éviter une cascade de faillites dans l’économie réelle, la Fed a annoncé mardi une relance du marché des billets de trésorerie, ces instruments financiers qui permettent aux entreprises de faire face à leurs besoins imprévus de liquidités. La banque centrale va mettre en place une structure spécialisée qui achètera des billets de trésorerie à trois mois, qu’ils soient garantis ou non par des actifs. L’objectif de la Fed est d’empêcher que la crise des marchés du crédit ne frappe les entreprises qui utilisent ce type d’emprunt pour payer leurs fournisseurs ou leurs salariés dans l’attente d’une rentrée d’argent. Le montant que compte affecter la Fed à cette nouvelle facilité n’a pas été rendu public mais, pour être efficace sur un marché aussi énorme, elle va devoir sans aucun doute mobiliser des sommes considérables. Un haut responsable de la Fed, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a précisé que le marché concerné atteignait 1.300 milliards de dollars en août. |
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