Réaction pour une Nation… technologique

Une réaction aussi vive
qu’intéressante d’un lecteur, à propos d’une brève sur la tout aussi brève
réapparition de YouTube, a
suscité, à son tour, le débat dans la rédaction. Le lecteur, Amine Aloulou,
a relevé que «Sur les dernières années, la Tunisie a systématiquement un ou
plusieurs trains de retard à chaque nouvelle technologie ou nouvel usage
technologique touchant à la communication ou à l’expression».

 

Dressant un tableau
sombre, mais assez ressemblant, de nos réalités technologiques, en général,
et touchant au Net, en particulier. Mais il n’en n’a pas toujours été ainsi.
La Tunisie a même fait figure de pionnier. En misant sur le Net dès ses
débuts. En 1996, en effet, des institutions comme notre IRSIT étaient citées
en exemple. Des modèles pour l’Afrique et le Tiers-Monde, nous disait-on.
Une excellence que même des journaux comme «Le Monde Diplomatique»,
généralement critique, n’a pas manqué de relever, notamment dans un article
intitulé «Internet, une chance pour le Sud». Une IRSIT qui a fini par dépérir, comme du reste l’a souligné
Webmanagercenter dans un article publié en 2007. Et on a fini par freiner
des quatre fers.

 

Bon an mal an, les
technologies de la communication font pourtant sauter les barrières. Les
barrières frontalières sont les premières à exploser. Le développement de
services à distance, la floraison des centres d’appels en témoigne. Mais
d’autres barrières «psychologiques», «sociales» doivent aussi,
nécessairement, être éliminées. Parce que la communication reste
intrinsèquement liée à l’information. Difficile de faciliter l’une sans
encourager l’autre. Et tout aussi difficile de freiner l’une, sans stopper
l’élan de l’autre.

 

Renoncer signifierait
jeter le bébé avec l’eau du bain. Et se priver des plus beaux fruits de la
croissance. Louvoyer, pour trouver des solutions (précaires) aux problèmes
posés par ce que d’aucuns considèrent comme étant «trop» de libertés,
signifie ralentir la marche du progrès. Et lasser les investisseurs
étrangers, qui se plaignent parfois de certaines «lourdeurs», notamment au
niveau de l’Internet. Des sociétés étrangères installées dans notre pays
veulent disposer, et à raisons, d’une infrastructure performante, sans
problèmes de connexions. Et ce ne sont pas les concurrents qui manquent dans
la région.

 

Quelques voix
tunisiennes s’élèvent pourtant, et se font même virulentes, comme celles des
membres de notre Centre des Jeunes Dirigeants (CJD). Le chœur se fait même
de plus en plus insistant, au fur et à mesure que les verrous et les
barrières, commencent aussi à sauter. Des journalistes s’en mêlent. C’est
clair : «l’usage de la technologie est multiple». Mais devrait-on éliminer
les ampoules électriques, sous prétexte que les voleurs les utilisent aussi
pour s’éclairer ? Sachant qu’à l’ère des technologies convergentes, le web
se mixe et se mêle de télé. Ce qu’on ne désire pas voir sur le Net fait son
entrée sur l’écran de la télévision. Avec des chaînes qui se mettent même à
relayer les dernières trouvailles des blogueurs et autres amateurs de
réseaux sociaux. Tout finit donc par se savoir. Même notre petit jeu de
cache-cache (particulièrement drolatique) avec les plateformes d’échanges de
vidéo.

 

Notre lecteur a conclu
: «Nous ne serons jamais une nation technologique tant que nous continuerons
à nous méfier de la technologie et de ses nouveaux usages». Alors que TOUS
les usages de la technologie finissent, avec le temps, par s’imposer. Mais…
pourquoi donc freiner?