Crise : mobilisation internationale, Wall Street au plus bas depuis 5 ans

 
 
[07/10/2008 23:29:56] WASHINGTON (AFP)

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ésident de l’Eurogroup et Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker (g) s’entretient avec son ministre des Finances à Luxembourg, le 7 octobre 2008 (Photo : Dominique Faget)

Gouvernements et autorités monétaires s’évertuaient mardi à calmer les marchés financiers en s’engageant à aider les banques en difficulté et à garantir les dépôts bancaires, sans pour autant réussir à rassurer Wall Street, tombée à son plus bas niveau depuis cinq ans.

La Réserve fédérale américaine (Fed) est pour empêcher la contagion de la crise du crédit à l’économie réelle, en annonçant l’achat de billets de trésorerie, instruments financiers qui permettent aux entreprises de faire face à leurs besoins imprévus de liquidités.

Cette annonce a contribué à rassurer certains marchés qui évoluaient en dents de scie au lendemain d’un “lundi noir”. Mais pas la Bourse de New York, qui a continué sa chute, terminant en baisse pour la cinquième séance consécutive et atteignant son plus bas niveau depuis octobre 2003: le Dow Jones a lâché 5,11% et le Nasdaq 5,80%.

Les sombres commentaires du président de la Fed, Ben Bernanke, sur la situation de l’économie américaine ont contribué à déprimer les investisseurs, alors même qu’il semblait leur annoncer une prochaine baisse des taux.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a assuré que celle-ci faisait tout son possible pour fournir des liquidités aux marchés, mais qu’elle n’avait pas la capacité de résoudre les problèmes de solvabilité des banques.

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ésident de la Fed Ben Bernanke, le 7 octobre 2008 à Washington (Photo : Chip Somodevilla)

Les ministres des Finances de l’Union européenne ont pris leur première mesure commune concrète, après la cacophonie des derniers jours, en se mettant d’accord pour garantir les dépôts bancaires des particuliers jusqu’à 50.000 euros, contre 20.000 auparavant, en cas de faillite de leur banque.

Pour essayer de rétablir la confiance, les 27 pays de l’UE ont promis de soutenir leurs groupes financiers en cas de difficulté. Mais ils se réservent le droit de changer les directions des groupes aidés et de supprimer les parachutes dorés des patrons contraints au départ.

A Washington, le président George W. Bush a discuté de la crise avec les dirigeants français, britannique et italien, soulignant la nécessité d’une coopération.

Interrogé sur l’efficacité du plan de sauvetage du système bancaire américain de 700 milliards de dollars, la porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino a expliqué qu’il fallait lui “donner un peu de temps”.

Pour la première fois depuis dix ans, l’économie américaine doit faire face à une baisse des crédits à la consommation, moteur de la croissance, qui ont reculé de 3,7% en août (en rythme annuel).

Plusieurs banques européennes ont dû démentir des besoins en capitaux, tandis que Bank of America a chuté de 26,23% après l’annonce de résultats en forte baisse et d’une augmentation de capital de 10 milliards de dollars.

La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé que la première économie d’Europe était “forte et bien armée” pour faire face à la crise financière.

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ésident de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, le 7 octobre 2008 à Evian-les-Bains (Photo : Jean-Pierre Clatot)

A Londres, le ministre des Finances Alistair Darling doit annoncer mercredi “un plan de soutien complet” au secteur bancaire.

Paris a réaffirmé son engagement à empêcher toute faillite de banque: “Nous avons décidé de garantir complètement la continuité du système bancaire français”, a déclaré le Premier ministre François Fillon.

Le gouvernement espagnol a annoncé la création d’un fonds de soutien au système financier de 30 milliards d’euros.

Les banques centrales déployaient tous leurs efforts pour éviter une panne du crédit et irriguer le marché interbancaire sur lequel les banques, plus méfiantes que jamais, ne se prêtent pratiquement plus d’argent.

Les Bourses européennes, évoluant au gré des nouvelles et des rumeurs, ont terminé en ordre dispersé, après des séances tout aussi agitées en Asie où Tokyo a perdu 3,03%.

Londres a grappillé 0,35%, Paris 0,55% et Madrid 1,27%, alors que Francfort a perdu 1,12%.

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à la Bourse de Francfort, le 6 octobre 2008 (Photo : Martin Oeser)

Certaines valeurs bancaires ont été soumises à rude épreuve: en Allemagne, Deutsche Bank a chuté de 8,28%, Commerzbank de 14,20% et Allianz de 3,93%. A Paris, Natixis a lâché 2,22% et Dexia 13,31%.

A Londres, RBS a dégringolé de 39% et HBOS, en cours de rachat par Lloyds TSB, de 42%. Barclays a perdu 9% et Lloyds TSB 13%.

En dehors de l’UE, l’Islande a annoncé la nationalisation de la deuxième banque du pays, Landbanski, après celle de Glitnir, tandis que le président russe Dmitri Medvedev a promis jusqu’à 950 milliards de roubles (quelque 26,7 milliards d’euros) de crédits aux banques pour consolider leurs fonds propres.

Enfin, le vent de panique a gagné les marchés boursiers arabes et d’Amérique Latine: la Bourse saoudienne a reculé de 7% et la Bourse égyptienne de 16,47%, tandis que Mexico a perdu 3,97% et Sao Paulo 4,66%.

 07/10/2008 23:29:56 – Â© 2008 AFP