[08/10/2008 06:44:25] TOKYO (AFP)
Avec la Bourse de Tokyo qui a perdu 9,38%, les marchés asiatiques vivaient un nouveau cauchemar mercredi, paniqués par la crise financière mondiale et totalement indifférents aux mesures annoncées par les autorités monétaires et les gouvernements pour tenter de reprendre le contrôle de la situation. L’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé la séance sur une chute de 952,58 points (-9,38%) à 9.203,32 points, le pire crash enregistré par le marché tokyoïte depuis le “lundi noir” de 1987. A 14h45 (05h45 GMT), soit à un qurt d’heure de la côture, le Nikkei 225, moyenne non pondérée des 225 valeurs vedettes, avait même chuté de 996,09 points (-9,81%) à 9159,81 points. Et ce, malgré l’annonce de la Banque du Japon de l’injection de 2.100 milliards de yens (15,5 milliards d’euros) sur le marché bancaire du pays afin de prévenir une pénurie de liquidités liée à la crise financière. La banque centrale japonaise est intervenue ainsi sur le marché pour la 16e journée ouvrable consécutive. Les Bourses d’Asie-Pacifique ont été contaminées par la débandade de Wall Street, tombée mardi soir à son plus bas niveau depuis cinq ans après une dégringolade de 5,11% de l’indice Dow Jones et de 5,80% du Nasdaq.
Outre le Nikkei, la Bourse de Hong Kong, fermée mardi, était en forte baisse de 5,6%, mercredi à mi-séance, et celle de Jakarta a suspendu les cotations après une chute de plus de plus de 10% de son principal indice en milieu de matinée. La déconfiture atteignait des proportions similaires ailleurs dans la région. Vers 04h05 GMT, Séoul perdait 3,85%, Sydney 4,04%, Shanghai 3,08%, Singapour 4,06%, Bangkok 4,30%, Taipei 4,27%, Manille 4,80%, Kuala Lumpur 1,90% et la Nouvelle-Zélande 1,68%. La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé mardi l’achat de billets de trésorerie, instruments financiers qui permettent aux entreprises de faire face à leurs besoins imprévus de liquidités, espérant ainsi empêcher la contagion de la crise du crédit à l’économie réelle. Cette annonce n’a pas rassuré la Bourse de New York qui a continué sa chute, terminant en baisse pour la cinquième séance consécutive et atteignant son plus bas niveau depuis octobre 2003: le Dow Jones a lâché 5,11% et le Nasdaq 5,80%. L’annonce de la Fed n’a eu aucun effet non plus sur le moral des marchés asiatiques. “Ce genre de mesure ne fonctionne plus. C’est comme d’insuffler du sang dans un coeur alors que les artères fuient de toutes parts”, a critiqué Hiroichi Nishi, courtier chez Nikko Cordial à Tokyo, prédisant que peu d’entreprises voudront vraiment vendre des billets de trésorerie à la Fed. “Même les entreprises en bonne santé sont en train de perdre des forces”, a-t-il déploré.
De sombres commentaires du président de la Fed, Ben Bernanke, sur la situation de l’économie américaine ont contribué à déprimer les investisseurs, alors même qu’il semblait leur annoncer une prochaine baisse des taux. “Les perspectives de croissance économique se sont dégradées”, et “les risques pesant sur la croissance ont augmenté”, a déclaré M. Bernanke dans un discours prononcé devant l’Association for Business Economics. Les Bourses européennes, évoluant au gré des nouvelles et des rumeurs, ont terminé mardi en ordre dispersé. Londres a grappillé 0,35%, Paris 0,55% et Madrid 1,27%, alors que Francfort a perdu 1,12%. Certaines valeurs bancaires ont été soumises à rude épreuve: en Allemagne, Deutsche Bank a chuté de 8,28%, Commerzbank de 14,20% et Allianz de 3,93%. A Paris, Natixis a lâché 2,22% et Dexia 13,31%. A Londres, RBS a dégringolé de 39% et HBOS, en cours de rachat par Lloyds TSB, de 42%. Barclays a perdu 9% et Lloyds TSB 13%. Les ministres des Finances de l’Union européenne (UE) ont pris mardi leur première mesure commune concrète, après la cacophonie des derniers jours, en se mettant d’accord pour garantir les dépôts bancaires des particuliers jusqu’à 50.000 euros, contre 20.000 auparavant, en cas de faillite de leur banque.
Pour essayer de rétablir la confiance, les 27 pays de l’UE ont promis de soutenir leurs groupes financiers en cas de difficulté. Mais ils se réservent le droit de changer les directions des groupes aidés et de supprimer les parachutes dorés des patrons contraints au départ. Plusieurs banques européennes ont dû démentir des besoins en capitaux. A Londres, le ministre des Finances Alistair Darling doit annoncer mercredi “un plan de soutien complet” au secteur bancaire. Paris a réaffirmé son engagement à empêcher toute faillite de banque: “Nous avons décidé de garantir complètement la continuité du système bancaire français”, a déclaré le Premier ministre François Fillon. Le gouvernement espagnol a annoncé la création d’un fonds de soutien au système financier de 30 milliards d’euros. Les banques centrales déployaient tous leurs efforts pour éviter une panne du crédit et irriguer le marché interbancaire sur lequel les banques, plus méfiantes que jamais, ne se prêtent pratiquement plus d’argent. La Banque du Japon est ainsi intervenue mercredi pour la 16e journée ouvrable consécutive, injectant 1.500 milliards de yens (11 milliards d’euros) dans le marché.
En dehors de l’UE, l’Islande a annoncé la nationalisation de la deuxième banque du pays, Landbanski, après celle de Glitnir, tandis que le président russe Dmitri Medvedev a promis jusqu’à 950 milliards de roubles (quelque 26,7 milliards d’euros) de crédits aux banques pour consolider leurs fonds propres. Le vent de panique a gagné les marchés boursiers arabes et d’Amérique Latine: la Bourse saoudienne a reculé de 7% et la Bourse égyptienne de 16,47%, tandis que Mexico a perdu 3,97% et Sao Paulo 4,66%. Aux Etats-Unis, la crise financière s’est retrouvée au coeur du deuxième débat télévisé mardi soir à Nashville (Tennessee, sud), entre les candidats à la Maison Blanche Barack Obama et John McCain. Tous deux ont laissé entendre qu’ils pourraient choisir au poste de secrétaire au Trésor le milliardaire Warrenn Buffett, qui a volé au secours ces dernières semaines de plusieurs grands groupes américains en détresse. |
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