[08/10/2008 17:28:32] LONDRES (AFP)
Le Royaume-Uni a présenté mercredi un plan complet de sauvetage des banques du pays, passant par une aide au financement et surtout par une proposition d’entrée au capital à hauteur de 50 milliards de livres au total qui aboutira à la nationalisation partielle de celles qui y auront recours. La Banque d’Angleterre (BoE) a participé à l’effort de redressement en abaissant son taux directeur d’un demi-point à 4,50%, dans le cadre d’une action concertée mondiale des banques centrales. Le plan vise d’une part à apporter des liquidités aux banques, à court et moyen terme. Ainsi, le plan spécial de la Banque d’Angleterre (BoE), consistant à prêter de l’argent contre des prêts immobiliers, sera doublé à 200 milliards de livres. Par ailleurs, pour que les banques parviennent à se refinancer à moyen terme, le gouvernement va mettre à leur disposition, et avec une commission, une garantie pouvant porter sur 250 milliards de livres environ. Mais l’aspect le plus spectaculaire est une injection de 50 milliards de livres au total au capital des banques qui le souhaitent. Les six principales banques cotées du pays, Barclays, HBOS qui est en train d’être rachetée par Lloyds TSB, HSBC, Lloyds TSB, Royal Bank of Scotland et Standard Chartered ont accepté d’augmenter leur capital dans le cadre de ce plan, ainsi qu’Abbey, filiale de l’espagnole Santander, et Nationwide, la plus grosse “building society” (banque non cotée spécialisée dans l’immobilier) du pays. Une première tranche de 25 milliards de livres sera accessible à ces seules huit banques, et une autre de 25 milliards également sera accessible à l’ensemble des banques du pays. Les banques ont le choix de se recapitaliser par leurs propres moyens. HSBC, Abbey et Standard Chartered ont déjà indiqué qu’elles n’avaient pas l’intention de recourir à cette partie de l’aide gouvernementale, Standard Chartered invoquant même “les intérêts commerciaux de (ses) actionnaires”.
Il faut dire que le gouvernement entend être un actionnaire de poids. En effet, l’arrivée au capital sera “assortie de conditions”, concernant notamment la politique de dividendes et la rémunération des dirigeants, et ces banques devront “s’engager pleinement à prêter aux petites entreprises et aux personnes qui souhaitent acquérir un logement”. Les banques souhaitant avoir accès à la garantie à moyen terme devront aussi augmenter leur capital “du montant et sous la forme que le gouvernement juge appropriés”. Les réactions ont été plutôt positives, soulignant généralement qu’on assiste à la fin d’une époque pour les banques. Le leader conservateur David Cameron a reconnu que le système bancaire ne “pouvait être autorisé à faire faillite”. Mais il a insisté sur la cure d’amaigrissement qui devrait être appliquée aux bonus des patrons de banques, “sous peine de rendre les contribuables furieux, à juste titre”. Le leader libéral démocrate Nick Clegg a estimé que “ce jour marque un changement radical dans la manière dont on voyait les banques” et qu’elles doivent désormais “servir l’intérêt public autant que leurs propres intérêts commerciaux”. “Est-ce assez?”, se demandaient néanmoins les économistes. La Bourse de Londres était à peine dans le vert après ce plan et la baisse de taux de la BoE, malgré une forte réaction positive de certaines banques comme HBOS (+57%). “Nous ne sommes sans doute pas encore au milieu de la baisse des prix de l’immobilier et loin d’être au milieu de la récession britannique, donc peut-être que d’autres mesures encore seront nécessaires”, prédisait Michael Saunders de Citigroup. Les agences de notation Fitch et Moody’s ont toutes deux qualifié le plan de “développement positif”. Moody’s n’a pas l’intention de changer pour autant les notations du secteur, tandis que Fitch a estimé que “malgré le coût budgétaire immédiat” du plan, le Royaume-Uni était capable de supporter une détérioration budgétaire considérable sans menacer sa note AAA”, la meilleure possible. |
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