[08/10/2008 22:47:42] FRANCFORT (AFP)
Sept banques centrales dont la BCE et la Fed ont frappé un grand coup mercredi en abaissant de manière simultanée et inattendue leurs taux directeurs, alors que la crise financière enfle et menace de plus en plus la croissance. La Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale américaine (Fed) et leurs homologues suédoise, britannique, canadienne et suisse ont toutes baissé leurs taux respectifs d’un demi-point de manière concertée. Et au même moment, la Chine a aussi annoncé une baisse des taux des prêts à un an. “Nous venons d’abaisser les taux d’intérêt de manière extrêmement substantielle, c’est une mesure très importante”, a déclaré le président de la BCE Trichet à France 3 dans la soirée. “Nous pouvons dire à nos concitoyens et aux acteurs de marché que nous avons repris le contrôle de la stabilité des prix à moyen terme”, a-t-il souligné. “Nous saluons la baisse coordonnée des taux directeurs décidée aujourd’hui par les grandes banques centrales, ainsi que les actions conjointes sans précédent qu’elles ont entreprises pour réduire les tensions sur les marchés financiers”, a déclaré le directeur du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn dans un communiqué. “Cela est bien sûr la bonne décision à prendre face aux conséquences désinflationnistes du grand choc financier sur les marchés développés, dans un contexte de pressions inflationnistes”, a ajouté le dirigeant du FMI. Autant de mesures qui n’ont apporté qu’un très court répit aux Bourses mondiales, qui ont continué leur dégringolade mercredi. A la clôture, les places européennes étaient nettement dans le rouge: Londres chutant de 5,18%, Francfort de 5,88% et Paris de 6,39%. A 14H20 GMT, Wall Street était plus hésitante: le Dow Jones cédait 0,50% mais le Nasdaq gagnait 0,54%. L’action des banques centrales est pourtant exceptionnelle: il faut remonter à 2001, après les attentats du 11 septembre, pour retrouver un exemple comparable d’action concertée, mais de moindre ampleur à l’époque. En zone euro, le taux de refinancement passe désormais à 3,75%, aux Etats-Unis à 1,5%. La Banque du Japon a indiqué soutenir les mesures prises, mais n’y a pas pris part en raison du niveau déjà très bas de son taux directeur, à 0,5%.
Motivation des banques centrales: les “signes de faiblesse de l’activité économique” couplés à “une réduction des pressions inflationnistes”, selon le communiqué de la Fed, le tout sur fond “d’intensification de la crise financière”. Des rumeurs de baisse circulaient sur les marchés depuis quelques jours et la pression se faisait plus forte sur les banques centrales alors que les perspectives économiques se dégradent à vue d’oeil. Le Fonds monétaire international (FMI) a d’ailleurs revu drastiquement à la baisse ses perspectives de croissance pour la plupart des régions du monde dans son rapport d’automne publié mercredi. La thérapie de choc décidée par les banques centrales a été immédiatement saluée par le président français Nicolas Sarkozy, y voyant une “décision très importante”. La chancelière allemande Angela Merkel a jugé elle que cette action pouvait “aider à restaurer la confiance”. Une baisse des taux est l’instrument principal à la disposition des banques centrales pour influer sur l’activité économique, en diminuant le coût du crédit. Pour les acteurs de marché, le pas est important mais insuffisant. “Les banques centrales doivent encore baisser leurs taux”, commentait pour l’AFP Robert Halver, stratège de Baader Bank à Francfort. “On a trop perdu de temps”, selon lui. Et pour nombre d’économistes, l’action des banques centrales n’est pas un remède miracle. L’action coordonnée “va améliorer la confiance de manière temporaire, mais il y a encore beaucoup de travail”, pour Julian Jessop de Capital Economics. Il s’attend à ce que la mesure prise mercredi soit “la première d’une longue série”. Ces derniers temps, le crédit s’est raréfié, en raison d’un climat de méfiance extrême lié aux difficultés des banques. Hypo Real Estate en Allemagne, UniCredit en Italie, UBS en Suisse… La liste des établissements dans la tourmente ne cesse de s’allonger, et les Etats volent à leur secours. Mercredi, c’est le Royaume-Uni qui a annoncé un plan de sauvetage de ses banques, tandis que l’Italie prépare “des mesures d’urgence”. |
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