Le bâtiment, frappé par la crise, craint pour ses emplois

 
 
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ût 2008 à May-sur-Orne (Calvados). (Photo : Mychele Daniau)

[09/10/2008 16:55:57] PARIS (AFP) Cent quatre-vingt mille salariés menacés de chômage en raison de la baisse de la construction de logements neufs, licenciements chez deux des plus importants promoteurs, Nexity et Kaufman et Broad: le secteur du bâtiment accuse le coup de la crise.

“En 2008, les mises en chantier pourraient être inférieures de 90.000 à celles de 2007 (435.000). Environ 180.000 salariés sont donc menacés de se retrouver au chômage”, affirme Alain Dinin, PDG de Nexity, premier promoteur français, dans une interview au Monde daté de vendredi.

Nexity a annoncé jeudi 500 suppressions d’emplois, passant par un plan social pour 150 salariés, et a revu en baisse sa prévision de bénéfice pour 2008. La veille, Kaufman et Broad avait confirmé 166 suppressions de postes.

“Depuis 15 jours, la psychose s’est emparée des Français”, qui y regardent à deux fois avant d’acheter, estime Jean-François Gabilla, président de la Fédération des promoteurs constructeurs (FPC).

Les promoteurs privés devraient peiner à atteindre les 80.000 logements neufs construits en 2008 (contre 127.000 en 2007 et 90.000 prévus il y a encore un mois), estime-t-il.

Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), est moins pessimiste, même s’il ne table plus que sur 360.000 mises en chantier. Il compte sur l’amélioration et la rénovation des logements, un secteur qui progresse encore de 1% par rapport à l’an dernier, pour donner du travail aux entreprises suite aux décisions du Grenelle de l’Environnement.

“Nos carnets de commande sont encore bien garnis avec une moyenne de 5,7 mois de travaux contre 7,5 mois il y a un an”, souligne-t-il.

La ministre, Christine Boutin, qui doit présenter sa loi sur le secteur à partir de mardi au Sénat, avait déjà revu à la baisse, la semaine dernière, sa prévision du nombre de mises en chantier de 400.000 à 380.000, très loin des 500.000 logements par an souhaités par le président Sarkozy.

“Ces chiffres, même s’ils sont au-dessous des objectifs, restent bien au-dessus de ceux du début des années 2000”, a-t-elle toutefois souligné jeudi.

La baisse des taux directeurs décidée mercredi par sept banques centrales, dont la Banque centrale européenne, n’a pas particulièrement remonté le moral des professionnels.

“C’est très bien si les banques la répercutent directement sur les prêts qu’elles accordent. Cela permettra de réactiver la machine à crédits. Mais j’ai quelques doutes là-dessus”, affirme M. Dinin dont le principal actionnaire est pourtant le groupe Caisse d’Epargne.

Toute la chaîne du logement est touchée. Les prix de l’ancien ont baissé de 2,9% au troisième trimestre, premier recul significatif depuis 10 ans, a annoncé mardi la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim).

“Politiquement, les pouvoirs publics ne peuvent pas laisser le logements’effondrer”, soutient M. Dinin.

Depuis plusieurs mois, Bernard Cadeau, président du réseau d’agences immobilières Orpi, réclame un “Grenelle de l’Immobilier” où tous les intervenants décideraient en commun de mesures pour stimuler la construction.

Le bâtiment ne devrait pas toutefois pouvoir compter sur le secteur des bureaux, frappé de plein fouet par la crise financière après une période de boom.

Le montant des investissements dans le marché de l’immobilier d’entreprise en Ile-de-France a en effet chuté de 64% sur les neuf premiers mois de 2008 par rapport à la même période en 2007, selon l’indicateur Immostat des conseils en immobilier d’entreprise publié jeudi.

 09/10/2008 16:55:57 – Â© 2008 AFP