[09/10/2008 22:22:36] WASHINGTON (AFP)
Les marchés financiers se sont à nouveau enfoncés dans le rouge jeudi, à commencer par Wall Street, la première place mondiale qui s’est retrouvée à son plus bas niveau depuis cinq ans malgré les appels au calme des autorités monétaires. A la veille d’une réunion de crise des grands argentiers mondiaux à Washington, le Dow Jones a cédé 7,33% à 8.579,19 points, au terme de sa septième séance consécutive de baisse. L’indice vedette n’avait pas clôturé sous les 9.000 points depuis juin 2003. Ce nouveau plongeon intervient précisément un an après le dernier record atteint par le Dow Jones à 14,164,53 points. Il a perdu près de 40% de sa valeur depuis. “C’est la panique totale, il n’y a pas d’autre mot”, a commenté Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. “C’est une catastrophe. Les titres des assureurs et des banques mutualistes dévissent aux Etats-Unis, ce qui entraîne toute la cote ici. Il n’y a même plus besoin d’avoir des annonces pour voir les cours plonger”, a commenté un vendeur d’actions parisien. Les ministres des Finances et banquiers centraux des pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) devaient tenter vendredi de trouver des remèdes à la crise financière qui continue à ébranler la planète, sans qu’une issue ne se profile à l’horizon.
Fébriles, les marchés boursiers européens se sont enfoncés jeudi dans le rouge après un rebond initial, malmenés par les inquiétudes persistantes sur l’avenir du secteur bancaire. L’électrochoc des baisses de taux concertées de six grandes banques centrales occidentales annoncées mercredi n’aura finalement pas réussi à endiguer la spirale baissière. Londres a terminé en recul de 1,21%, Francfort de 2,53%, Paris de 1,55%. En Asie, les Bourses ont connu une accalmie. Après un plongeon historique mercredi, Tokyo a clôturé en petite baisse (0,50%), Hong Kong a gagné 3,31% et Singapour 3,40%. Les marchés restaient nerveux malgré l’exhortation lancée mercredi soir par le président de la Banque centrale européenne (BCE), : “Reprenez vos esprits!”, avait-il martelé, voyant dans la baisse concertée des taux d’intérêt “un signal de confiance au marché”. Mais le problème de fond persiste: le marché interbancaire reste paralysé, car les banques ne se prêtent plus entre elles, paniquées à l’idée de possibles faillites. Les taux demandés sur ces marchés restent à des niveaux record. La BCE est toujours à la manoeuvre pour tenter de ramener la confiance et a 100 milliards de dollars, doublant la somme habituelle. En ordre dispersé, les gouvernements continuent de tenter de du système bancaire afin d’éviter les faillites et de rouvrir le robinet du crédit. Mais malgré les promesses, les épargnants commencent à ressentir les effets de la crise: en Allemagne, 30.800 clients allemands de Kaupthing, la plus grande banque d’Islande désormais nationalisée, ont vu leurs comptes gelés. La maison mère “n’est plus en mesure” de “fournir suffisamment de liquidités”, a fait valoir l’autorité allemande de surveillance du secteur financier (BaFin), à l’origine de cette décision.
Le gouvernement islandais s’est attiré les foudres du Premier ministre britannique Gordon Brown, qui lui reproche d’avoir gelé les comptes de 300.000 clients britanniques de la banque en ligne Icesave, filiale de l’islandaise Landsbanki, nationalisée. Dans le même temps, les Etats continuent à multiplier les mesures susceptibles de rassurer les épargnants. Ainsi l’Irlande a étendu sa garantie totale sur les dépôts bancaires à cinq banques étrangères fortement implantées dans le pays. Et les Etats belge, français et luxembourgeois ont à nouveau volé au secours du bancassureur franco-belge Dexia, partiellement nationalisé la semaine dernière, en lui apportant leur garantie pour lui permettre d’emprunter sur les marchés. “Certaines institutions financières vont faire faillite” aux Etats-Unis en dépit des récentes mesures, a averti le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson. Selon le New York Times, Washington envisage désormais de prendre des parts dans le capital de “beaucoup de banques américaines pour essayer de ramener la confiance dans le système financier”. La chancelière allemande Angela Merkel, interrogée sur d’éventuelles nationalisations bancaires, a déclaré qu’elle ne “pouvait rien exclure définitivement”. La crise commence à se propager à d’autres secteurs de l’économie en Europe, comme l’immobilier et le BTP en France: le PDG du promoteur immobilier Nexity, Alain Dinin, a prévenu que 180.000 salariés du bâtiment pourraient se retrouver au chômage. L’entrée en Bourse de la compagnie allemande de chemins de fer Deutsche Bahn, prévue fin octobre, a été repoussée “jusqu’à ce que la situation sur les marchés financiers soit meilleure”. Dans ce contexte tendu, le communiqué final des responsables du G7 réunis vendredi à Washington est très attendu par les marchés. Après avoir pendant des années donné des leçons de libéralisme et de bonne gouvernance, les Etats-Unis apparaissent en position d’accusé dans la crise mondiale. Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn a appelé les pays européens à se serrer les coudes. Pour lui, “il n’y pas de solution nationale dans une crise comme celle-ci”. |
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