[12/10/2008 08:32:08] PARIS (AFP)
Les dirigeants de la zone euro devaient tenter dimanche d’apporter des mesures concrètes, lors d’un sommet extraordinaire à Paris, pour calmer les marchés et enrayer une crise financière historique, après des engagements du G7, du G20 et du FMI. “Je peux vous assurer que vous ne serez pas déçus”, a promis samedi la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, devant un parterre de banquiers à Washington. La réunion de l’Eurogroupe cherchera à “mettre du muscle sur le squelette” que constitue la déclaration de principes adoptée vendredi par les sept grands pays industrialisés (G7), a-t-elle dit. Face à l’effondrement des grandes bourses mondiales et les premiers indices d’une contagion de la crise à l’économie réelle, la communauté internationale a tenté d’afficher sa solidarité. Le Fonds monétaire international (FMI), qui réunit 185 nations dont de nombreux pays émergents ou à faibles revenus, a apporté son soutien au plan d’action en cinq points élaboré par le G7. Ce plan a pour ambition de débloquer les marchés monétaires, permettre aux banques de lever des capitaux auprès des secteurs public et privé et déverrouiller le marché du crédit immobilier.
Le FMI s’est dit prêt également à aider les pays victimes de la crise financière. “Certains pourraient avoir un problème de liquidités. Le Fonds est là, il a été créé pour cela, et nous sommes prêts à fournir aux différents pays qui le désireraient les liquidités dont ils ont besoin”, a expliqué le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. L’Islande, qui est l’un des pays les plus touchés par la crise et négocie avec la Russie pour obtenir un prêt de 4 milliards d’euros, pourrait faire appel au FMI, a indiqué dimanche son ministre de l’Industrie. La réunion du G7 s’est élargie samedi soir au “G20”, en accueillant de grands pays émergents comme l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine et l’Inde. Sans être annoncé, le président américain George W. Bush, qui a participé à cette réunion ministérielle, a reconnu que la crise était venue de son pays. Mais la crise, qui a déjà touché l’Europe, “s’étend aux pays émergents”, a averti le ministre brésilien de l’Economie, Guido Mantega dont le pays préside actuellement le G20. Auparavant, M. Bush et le G7 étaient convenus d’apporter “une réponse sérieuse à l’échelle mondiale” pour combattre la crise. “Chacun d’entre nous reconnaît qu’il s’agit d’une grave crise mondiale et par conséquent elle requiert une réponse sérieuse à l’échelle mondiale”, a déclaré M. Bush à la Maison Blanche.
L’ouverture des marchés boursiers lundi matin sera un premier test de l’impact des déclarations du week-end, qui n’ont pas pour l’instant rassuré les experts. “Il n’y a rien là pour calmer les marchés, pas de substance pour y parvenir”, a regretté Peter Morici, professeur à l’université du Maryland, parmi d’autres observateurs, après le communiqué final du G7. Il faudra des mesures supplémentaires pour rétablir la situation alors que le système financier international se trouve “au bord de l’implosion”, a d’ailleurs reconnu M. Strauss-Kahn. L’instance dirigeante du FMI lui a donné mandat pour tirer les leçons de la crise et recommander des mesures pour rétablir la confiance et la stabilité du système financier d’ici au mois d’avril 2009. “Il y a une grande part d’irrationnel dans cette crise. Mais il y a aussi le sentiment que l’on ne voit que la partie émergée de l’iceberg, que les acteurs de la finance ne savent pas exactement à quoi s’en tenir, les politiques non plus”, a estimé Robert Zarader, économiste et fondateur de la société de conseil Equancy. A propos de la durée de la crise, Mario Draghi, gouverneur de la Banque d’Italie et président du Forum de stabilité financière, a reconnu que “ce n’est pas quelque chose qu’un coup de baguette magique permet de régler en un instant”. “Mais le communiqué du G7 va dans la bonne direction”, a-t-il estimé. Dans ce contexte, les annonces des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, que Mme Lagarde a promis “concrètes”, seront très suivies. De sources concordantes, ils pourraient s’accorder sur une entrée plus importante des Etats dans le capital des banques et garantir les prêts de banque à banque, en s’inspirant du plan de sauvetage britannique. “Pour l’Europe, les enjeux ne pourraient pas être plus élevés, et il s’agit d’un moment de vérité”, a déclaré le Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui doit être reçu à Paris par le président Nicolas Sarkozy, avant la réunion de l’Eurogroupe, dont la Grande-Bretagne ne fait pas partie. Accusée d’avoir fait cavalier seul au début de la crise, en rejetant tout plan de sauvetage global des banques, l’Allemagne semble avoir fait volte-face. Berlin a déjà annoncé vendredi un plan national de soutien au secteur bancaire, proche de celui proposé par Londres.
Samedi, le couple franco-allemand a affiché son unité. “Les analyses de la crise, nous les faisons ensemble. Les conséquences à en tirer (…) font l’objet d’une parfaite identité de vues entre l’Allemagne et la France”, a affirmé le président Nicolas Sarkozy, qui recevait la chancelière Angela Merkel. Ni les baisses de taux d’intérêt, ni les opérations massives de soutien aux banques sur fonds publics et les garanties de dépôts décidées par les gouvernements, ni les appels au calme des grands argentiers internationaux n’ont réussi jusqu’ici à endiguer la panique. Les grandes bourses mondiales ont perdu environ la moitié de leur valeur depuis le début de l’année. Cette semaine, en chutant encore de près de 20%, New York, Londres et Paris ont subi la plus forte perte hebdomadaire de leur histoire. |
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