[12/10/2008 08:23:32] WASHINGTON (AFP)
Le Fonds monétaire international (FMI) s’est dit prêt samedi à aider les pays victimes de la crise financière, entérinant les orientations adoptées la veille par les grands argentiers du G7 au terme d’une semaine calamiteuse sur les marchés boursiers. Le FMI doit être prêt à mettre “rapidement” des ressources “substantielles” à la disposition des pays touchés, a affirmé samedi l’instance politique du Fonds, à l’issue d’une réunion à Washington. “Certains pourraient avoir un problème de liquidités. Le Fonds est là, il a été créé pour cela, et nous sommes prêts à fournir aux différents pays qui le désireraient les liquidités dont ils ont besoin”, a expliqué le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors d’une conférence de presse. L’Islande, qui est l’un des pays les plus touchés par la crise et négocie avec la Russie pour obtenir un prêt de 4 milliards d’euros, a nié cette semaine avoir sollicité l’aide du FMI, tout en précisant que c’était une option en tant que membre du Fonds. Dans un communiqué, l’instance dirigeante du FMI, qui réunit 185 pays, a apporté son soutien au en cinq points élaboré vendredi dans la capitale américaine par les ministres des Finances des grands pays industrialisés du G7. Ce plan a pour ambition de débloquer les marchés monétaires, permettre aux banques de lever des capitaux auprès des secteurs public et privé et déverrouiller le marché du crédit immobilier.
La réunion du G7 s’est élargie samedi soir au “G20”, en accueillant de grands pays émergents comme l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine et l’Inde. Sans être annoncé, le président américain George W. Bush, qui a participé à cette réunion ministérielle, a reconnu que la crise était venue de son pays. “La thèse selon laquelle il n’y aurait pas eu de contagion ne tient plus. La crise s’étend aux pays émergents”, a lancé le ministre brésilien de l’Economie, Guido Mantega dont le pays préside actuellement le G20. Il a proposé de transformer le G20 en forum pour gérer la crise financière afin de permettre aux pays émergents “de contribuer à la solution”. Auparavant, M. Bush et le G7 étaient convenus d’apporter “une réponse sérieuse à l’échelle mondiale” pour combattre la crise. “Chacun d’entre nous reconnaît qu’il s’agit d’une grave crise mondiale et par conséquent elle requiert une réponse sérieuse à l’échelle mondiale”, a déclaré M. Bush à la Maison Blanche, à l’issue d’une réunion avec les ministres.
Il faudra des mesures supplémentaires pour rétablir la situation alors que le système financier international se trouve au bord de l’implosion, a reconnu M. Strauss-Kahn. L’instance dirigeante du FMI lui a donné mandat pour tirer les leçons de la crise et recommander des mesures pour rétablir la confiance et la stabilité du système financier d’ici au mois d’avril 2009. Le plan du G7 n’a pas été accueilli par les experts comme une panacée. “Il n’y a rien là pour calmer les marchés, pas de substance pour y parvenir”, a regretté Peter Morici, professeur à l’université du Maryland, parmi d’autres observateurs, après le communiqué final du G7. A propos de la durée de la crise, Mario Draghi, gouverneur de la Banque d’Italie et président du Forum de stabilité financière, a reconnu que “ce n’est pas quelque chose qu’un coup de baguette magique permet de régler en un instant”. “Mais le communiqué du G7 va dans la bonne direction”, a-t-il estimé. Les Européens, qui doivent définir un plan pour mettre en oeuvre les principes du G7, pourraient annoncer du concret dimanche à l’occasion d’une réunion à Paris des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro (Eurogroupe). Ils pourraient s’accorder sur une entrée plus importante des Etats dans le capital des banques, selon la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde. “Pour l’Europe, les enjeux ne pourraient pas être plus élevés, et il s’agit d’un moment de vérité”, a déclaré le Premier ministre britannique, Gordon Brown. Accusée d’avoir fait cavalier seul au début de la crise, en rejetant tout plan de sauvetage global des banques, l’Allemagne semble avoir fait volte-face. Berlin a annoncé vendredi un plan national de soutien au secteur bancaire, proche de celui proposé par Londres. Mme Lagarde a estimé qu’il y aurait “sans doute un débat” à la réunion de l’Eurogroupe sur la possibilité de mettre en oeuvre une garantie des transactions interbancaires dans toute la zone euro. Samedi, le couple franco-allemand a affiché son unité. “Les analyses de la crise, nous les faisons ensemble. Les conséquences à en tirer (…) font l’objet d’une parfaite identité de vues entre l’Allemagne et la France”, a affirmé le président Nicolas Sarkozy, qui recevait la chancelière Angela Merkel. Les marchés boursiers du Golfe ont débuté leur semaine en forte baisse dimanche, l’index du Dubai Financial Market plongeant de 6%, au lendemain d’une chute équivalente de la bourse saoudienne, à son plus bas depuis quatre ans. Ni les baisses de taux d’intérêt, ni les opérations massives de soutien aux banques sur fonds publics et les garanties de dépôts décidées par les gouvernements, ni les appels au calme des grands argentiers internationaux n’ont réussi jusqu’ici à endiguer la panique. Les grandes bourses mondiales ont perdu environ la moitié de leur valeur depuis le début de l’année. Cette semaine, en chutant encore de près de 20%, New York, Londres et Paris ont subi la plus forte perte hebdomadaire de leur histoire. Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a envisagé vendredi soir d’utiliser une partie des 700 milliards de dollars débloqués par le Congrès pour prendre des participations directes dans les établissements financiers. Cette recette, employée ces dernières semaines en Europe, représenterait une première aux Etats-Unis depuis le krach de 1929. L’engagement des grands argentiers et banquiers centraux du G7 d’empêcher toute faillite de banque importante est un message “extrêmement fort”, a estimé Mme Lagarde. Cela devrait permettre d’éviter la disparition d’un géant comme Lehman Brothers, que l’administration Bush avait laissé tomber le 15 septembre, précipitant le krach. |
||||||
|