[12/10/2008 11:09:14] PARIS (AFP) Les dirigeants de la zone euro devaient tenter dimanche d’apporter des mesures concrètes, lors d’un sommet extraordinaire à Paris, pour calmer les marchés et enrayer une crise financière historique, après des engagements du G7, du G20 et du FMI. “Je peux vous assurer que vous ne serez pas déçus”, a promis la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, samedi à Washington. Face à l’effondrement des grandes Bourses mondiales et aux premiers indices d’une contagion de la crise à l’économie réelle, la communauté internationale s’efforce d’agir collectivement et d’afficher sa solidarité. Mais les grandes déclarations du week-end ont été jugées un peu vagues par certains analystes.
“Il n’y a rien là pour calmer les marchés, pas de substance pour y parvenir”, a regretté Peter Morici, professeur à l’université du Maryland, évoquant le plan d’action en cinq points élaboré vendredi par les sept grands pays industrialisés (G7). La réunion de l’Eurogroupe cherchera à “mettre du muscle sur le squelette” de ce plan, a assuré Mme Lagarde. L’ouverture des marchés boursiers lundi matin sera le premier grand test de l’impact des annonces du week-end. Dans le sillage de la Bourse saoudienne, la plus importante du monde arabe en terme de capitalisation, qui a chuté de près de 6% samedi, les marchés des monarchies du Golfe ont ouvert dimanche en forte baisse. Peu après, le gouvernement des Emirats arabes unis a annoncé qu’il garantissait les dépôts dans les banques locales. Il s’agit de la première monarchie arabe du Golfe à prendre une telle mesure depuis le début de la crise. L’Australie avait annoncé peu avant une mesure similaire. Les Bourses de Tel-Aviv et du Caire perdaient quant à elles plus de 7% à la mi-journée.
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a reconnu que les “mesures sans précédent” des autorités américaines et européennes “n’ont pas encore atteint leur but de stabiliser les marchés et rétablir la confiance”. “Les interrogations grandissantes sur la solvabilité de plusieurs institutions financières américaines et européennes ont poussé le système financier international au bord de l’implosion”, a-t-il jugé. Après le renflouement d’établissements financiers sur fonds publics, les garanties de comptes bancaires, les baisses de taux d’intérêt et les injections de liquidité déjà annoncés, “d’autres initiatives seront vraisemblablement nécessaires dans les prochains mois”, a averti le directeur du FMI. Le FMI, qui réunit 185 nations dont de nombreux pays émergents ou à faibles revenus, a soutenu samedi le plan d’action du G7. Ce plan a pour ambition de débloquer les marchés monétaires, permettre aux banques de lever des capitaux auprès des secteurs public et privé et déverrouiller le marché du crédit immobilier. Le FMI s’est dit prêt également à aider les pays victimes de la crise financière. “Certains pourraient avoir un problème de liquidités. Le Fonds est là, il a été créé pour cela, et nous sommes prêts à fournir aux différents pays qui le désireraient les liquidités dont ils ont besoin”, a expliqué M. Strauss-Kahn. L’Islande, qui est l’un des pays les plus touchés par la crise et négocie avec la Russie pour obtenir un prêt de 4 milliards d’euros, a fait savoir dimanche par son ministre de l’Industrie qu’elle pourrait faire appel au FMI. La réunion du G7 s’est élargie samedi soir au “G20”, en accueillant de grands pays émergents comme l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine et l’Inde.
Le président américain George W. Bush, qui a participé à cette réunion ministérielle, a reconnu que la crise était venue de son pays. Mais cette crise, qui a déjà touché l’Europe, “s’étend aux pays émergents”, a averti le ministre brésilien de l’Economie, Guido Mantega dont le pays préside actuellement le G20. Auparavant, M. Bush et le G7 étaient convenus d’apporter “une réponse sérieuse à l’échelle mondiale” pour combattre la crise. Dans ce cadre, les annonces des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, que Mme Lagarde a promis “concrètes”, seront très suivies dimanche après-midi. Le Premier ministre britannique Gordon Brown devait être reçu à l’Elysée par Nicolas Sarkozy vers 13H30 GMT, avant le début du sommet de l’Eurogroupe prévu à 15H00 GMT. De sources concordantes, les Européens pourraient s’accorder sur une entrée plus importante des Etats dans le capital des banques et sur des garanties de prêts inter-bancaires, en s’inspirant du plan de sauvetage britannique. En France, un conseil des ministres extraordinaire, convoqué lundi après-midi, examinera un dispositif de “garanties interbancaires”, a annoncé dimanche une source gouvernementale. Les journaux dominicaux, Sunday Times et Sunday Telegraph, rapportaient pour leur part que le gouvernement britannique prendra lundi le contrôle majoritaire de deux des plus grandes banques du pays, RBS et HBOS, dans le cadre de son vaste plan de sauvetage du secteur. Londres s’était déjà dit disposé à injecter plus de 50 milliards de livres (64 milliards d’euros) dans ses établissements financiers. Accusé d’avoir fait cavalier seul au début de la crise, le gouvernement allemand prépare désormais un plan d’urgence. Selon des informations de presse, il prévoirait aussi des garanties et apports de capitaux publics aux banques. “Seule une action de l’Etat peut maintenant restaurer la confiance nécessaire”, a déclaré la chancelière Angela Merkel au journal Bild am Sonntag (BamS) paru dimanche, au lendemain d’une rencontre avec le président Nicolas Sarkozy où les deux pays ont affiché leur “identité de vues”. Les grandes Bourses mondiales ont perdu environ la moitié de leur valeur depuis le début de l’année. Cette semaine, en chutant encore de près de 20%, New York, Londres et Paris ont subi la plus forte perte hebdomadaire de leur histoire. |
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