Le “biomimétisme” : copier la nature plutôt que la piller

 
 
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à Barcelone (Photo : Lluis Gene)

[09/10/2008 14:34:41] BARCELONE (AFP) Un pacemaker bon marché inspiré du rythme cardiaque de la baleine à bosse, des vaccins pouvant se conserver sans réfrigération sur le modèle d’une plante d’Afrique reviviscente : copier la nature peut être plus efficace que la piller, soulignent des experts au forum de l’UICN à Barcelone.

Le “biomimétisme” – une démarche qui vise à profiter des leçons de la nature pour mettre au point de nouvelles technologies – “pourrait mener le monde vers une économie verte, plus efficace”, estime Achim Steiner, directeur général du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), présent au congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature.

En quelque quatre milliards d’années, d’innombrables solutions technologiques ont été trouvées par la nature, compatibles avec la protection de l’environnement.

Alors pourquoi ne pas en profiter ? “Il faut tirer parti de l’ingéniosité de la nature”, commente Achim Steiner, évoquant les “limites de notre système économique actuel”.

Pavan Sukdhev économiste indien mandaté par l’Union européenne pour rédiger un rapport sur l’économie des écosystèmes, dans la lignée de celui du Britannique Nicholas Stern sur le réchauffement climatique, insiste pour que la valeur de la nature soit reconnue.

Avec la crise financière, “des milliards de dollars ont été engloutis dans les banques américaines, mais que fait-on pour la nature ?”, s’interroge-t-il.

“La biodiversité doit être considérée comme une source de solutions et non comme une source de services”, explique Janine Benyus, fondatrice de la société Biomimicry Guild, dont le siège est dans le Montana, aux Etats-Unis.

Le Velcro est un exemple de biomimétisme : l’inventeur de cette bande auto-agrippante en avait eu l’idée au cours d’une promenade dans la campagne en observant qu’il était difficile d’enlever les fleurs de bardane accrochées à son pantalon.

Aujourd’hui, “nous travaillons avec Boeing, General Electric, Procter et Gamble, des entreprises qui demandent aux biologistes de trouver des solutions naturelles” pour régler leurs problèmes technologiques, assure Janine Benyus.

Et les solutions sont innombrables : Biomimicry Guild et le groupe de recherches Zeri (Zero Emissions Research Initiatives), ont dressé, en partenariat avec le PNUE et l’UICN, une première liste de quelque 2.100 exemples dont ils ont tiré un livre présentant une sélection des “100 meilleures astuces de la nature”.

Ainsi, des chercheurs ont découvert que des nano-fibrilles permettaient de stimuler les battements de coeur de la baleine à bosse et ils pensent qu’il serait possible de stimuler le rythme cardiaque du coeur humain grâce à un nano câblage.

La nouvelle invention, si elle aboutissait, pourrait supplanter le pacemaker traditionnel pour un coût bien moindre, affirme Gunter Pauli, fondateur de Zeri.

De même, des vaccins qui n’auraient pas besoin d’être maintenus au réfrigérateur, pourraient être mis au point sur le modèle d’une plante d’Afrique australe (Myrothamnus flabellifolia) qui peut se dessécher et revivre grâce à une protection que lui donne une substance qu’elle produit au moment de la dessiccation.

“Un nouveau modèle économique va émerger”, s’enthousiasme Gunter Pauli, estimant que plus d’un milliard de dollars ont déjà été investis dans les technologies de biomimétisme.

Et “la crise financière va donner une nouvelle impulsion fantastique à ces nouvelles technologies”, ajoute-t-il, soulignant que les crises stimulent l’entreprenariat.

 09/10/2008 14:34:41 – Â© 2008 AFP