Après deux cents ans de suprématie économique, financière et
intellectuelle ininterrompue, les pays du sud reviennent de loin et prennent, à
l’aube du XXIème siècle, une éclatante revanche sur l’hémisphère Nord en
s’imposant, désormais, en leaders sur la carte de la répartition de la fortune
mondiale. En effet, d’après une étude menée conjointement par Barclays Wealt et
The Economist Intelligence Unit, deux agences de notation de renommée
internationale établies en Suisse, l’arrivée toujours plus rapide de nouveaux
millionnaires, en Chine et en Inde notamment, a réduit considérablement l’écart
entre la fortune des pays les plus industrialisés et les principaux marchés
émergents dont le dynamisme et l’attractivité ne cessent de bouleverser la
mondialisation des échanges et l’enjeu des rapports de force, fondés naguère sur
une logique unilatérale, de maître à esclave.
Concernant l’essor des richesses à l’horizon 2017, l’étude indique le passage
de la Chine, cataloguée l’usine du monde, en dix ans, de la 7ème à la 3ème place
mondiale dans le classement de la fortune globale détenue par ses concitoyens,
derrière les Etats-Unis et le Japon qui demeurent encore sur les premières
marches du podium. L’Inde, dont les performances High Tec sont désormais légion,
devrait faire son entrée en 8ème place dans le club mythique des 10 alors que la
Russie, un mastodonte dopé grâce aux hydrocarbures, passe de la 19ème à la 11ème
place et le Brésil, un géant d’Amérique latine en gestation, de la 15ème à la
12ème position.
D’après l’enquête en question, les facteurs accélérateurs de la création de
richesses dans les différentes régions du globe, qualifiées encore d’émergentes,
sont liés à l’expansion du marché financier indien, à l’exploitation de l’énorme
industrie pétrolière et gazière russe et à la forte capitalisation des actions
chinoises avec une levée, récemment, de fonds souverains, nous dit le rapport,
dotés de 200 milliards de dollars, partis à la conquête des entreprises
européennes innovantes, fleurons d’une industrie occidentale en quête d’un
partenariat susceptible d’assurer la pérennité de l’automatisation, la poursuite
de la croissance et l’accroissement de la profitabilité.
Il s’agit donc d’une réémergence des pays du Sud, devenus, avec la nouvelle
géographie de la richesse mondiale, des acteurs majeurs dans la structure des
échanges internationaux, ce qui va probablement accentuer l’interdépendance, des
uns et des autres, en matière économique assurant ainsi, concluent les auteurs
du rapport, une certaine stabilité à l’échelle planétaire tout en préfigurant un
monde où l’ordre marchand, avec son organisation fondée sur la compétition,
l’exigence du neuf et la sélection, aura, une première dans l’histoire de
l’humanité, plusieurs cœurs battants, disposants tous à la fois de ports
dynamiques, d’industries innovantes et d’une élite (financiers, inventeurs,
entrepreneurs, artistes, dirigeants politiques) capable de promouvoir les
valeurs de la mobilité, de l’effort et de la concurrence.