Le plan allemand pour les banques pèse 480 milliards d’euros

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à l’Eylsée à Paris (Photo : Eric Feferberg)

[13/10/2008 15:02:04] BERLIN (AFP) Au lendemain d’une réunion de l’Eurogroupe à Paris, l’Allemagne a présenté lundi son propre plan de sauvetage des banques, totalisant 480 milliards d’euros, une volte-face de la chancelière Angela Merkel qui semble avoir rassuré la Bourse.

Le plan gouvernemental, qui devrait être adopté vendredi par les députés et entrer en vigueur immédiatement, après signature par le président Horst Köhler, prévoit une garantie de 400 milliards d’euros sur les prêts interbancaires et 80 milliards d’euros pour recapitaliser les instituts en difficulté, a indiqué la chancelière Angela Merkel.

Cela va “permettre de redonner de la confiance”, a estimé Mme Merkel. La confiance, “est la monnaie dans laquelle nous serons payés”.

La première réaction de la Bourse de Francfort semble donner raison à la chancelière: vers 14h30 GMT lundi, son indice vedette, le Dax, s’envolait de près de 9%.

Elle a plaidé à nouveau pour un “changement des règles financières internationales”, notamment un renforcement du rôle du Fonds monétaire international (FMI), l’amélioration du “travail des agences de notation” et “plus de transparence” sur les produits financiers.

Manfred Weber, membre de la direction de la Fédération des banques privées allemandes, a jugé lundi que l’initiative de l’Etat allait “absolument droit au but.”

Le président de la Bundesbank Axel Weber a renchéri en saluant “une base solide pour stabiliser le système financier allemand et restaurer la confiance.”

Les finances de l’Etat allemand vont souffrir de la mise en place du plan, bien que les 480 milliards d’euros prévus ne doivent pas avoir d’impact budgétaire immédiat.

Mme Merkel et son ministre des Finances Peer Steinbrück ont reconnu qu’il faudrait abandonner le grand objectif d’un budget de l’Etat fédéral à l’équilibre en 2011.

“Nous ne perdons pas de vue notre objectif d’un budget fédéral à l’équilibre, même s’il faudra désormais plus de temps pour l’atteindre”, a dit M. Steinbrück à la Bild Zeitung.

Mme Merkel a dit qu’elle ne “pouvait pas exclure que l’objectif ne soit pas atteint en 2011.”

En contrepartie, les banques aidées seront placées sous surveillance. “Nous allons prendre de l’influence sur la stratégie des banques que nous aidons, surtout pour assurer l’octroi de crédits aux PME,” a expliqué M. Steinbrück. “Si une banque est stabilisée par nous, elle devra renoncer à verser des boni et des primes, et peut-être arrêter de payer des dividendes.”

Les chefs de gouvernement de la zone euro, réunis à Paris dimanche, se sont mis d’accord sur ce que la chancelière a appelé une “boîte à outils”, série de mesures à décliner au niveau national. Outre l’Allemagne, la France par exemple a aussi détaillé lundi son plan d’action.

Les pays de la zone euro montrent ainsi une sorte de front uni, qui leur faisait encore défaut la semaine dernière. La France et l’Allemagne, en particulier, s’opposaient sur les réponses à apporter à la crise, Berlin prônant avec constance des solutions au cas par cas.

Mais l’ampleur de la tourmente — crise du crédit, où les banques ne se prêtent plus d’argent entre elles, et crise boursière –, a conduit l’Allemagne à changer son fusil d’épaule.

Pour le moment, hormis Hypo Real Estate déjà sauvée deux fois in extremis de la faillite, aucune banque allemande n’a encore fait état de risques ou de pertes majeurs. Mais les appels à une intervention de l’Etat se sont fait plus pressants, à mesure que les conditions sur le marché du crédit se sont dégradées.

En outre les rumeurs sur les risques très importants encourus par certaines banques régionales allemandes ont enflé ces derniers jours.