Crise : engagement de la France de 360 milliards d’euros

[13/10/2008 17:55:27] PARIS (AFP)

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ésident français Nicolas Sarkozy s’exprime à l’Elysée après le conseil des ministres, le 13 octobre 2008 (Photo : Gerard Cerles)

Le gouvernement français a adopté lundi lors d’un Conseil des ministres extraordinaire un de secours aux banques doté de 360 milliards d’euros, équivalent de ceux de ses partenaires européens pour enrayer les effets de la crise financière.

Le président Nicolas Sarkozy a lui-même annoncé devant la presse le détail des “outils” retenus par la France dans le cadre décidé la veille par un sommet des pays de la zone euro à Paris, qui a suscité lundi une forte remontée des marchés financiers.

La Bourse de Paris a elle-même terminé la journée sur un rebond spectaculaire de plus de 11%, la plus forte hausse des vingt dernières années.

Conformément au plan d’action de l’Eurogroupe, l’Etat français a décidé d’accorder une garantie “payante” des prêts interbancaires à hauteur de 320 milliards d’euros et de consacrer jusqu’à 40 milliards d’euros à la recapitalisation éventuelle de banques en difficulté.

“En offrant la garantie de l’Etat, nous pouvons espérer mettre un terme à la crise de confiance et ainsi à ne pas avoir à faire supporter aux Français le coût exorbitant qu’aurait une défaillance de tout le système bancaire”, a plaidé M. Sarkozy.

“Le pari raisonnable que nous faisons est qu’en apportant cette garantie, nous n’aurons pas à la faire jouer”, a-t-il souligné.

Le gouvernement a créé une société chargée de refinancer les banques qui, depuis le début de la crise, rechignent à se prêter de l’argent entre elles comme aux particuliers et aux entreprises, au risque de provoquer un ralentissement de l’économie.

“Les emprunts émis par cette société pour son financement seront garantis par l’Etat”, a expliqué Nicolas Sarkozy, précisant que cette garantie serait appliquée “aux emprunts contractés avant le 31 décembre 2009 et pour une durée pouvant aller jusqu’à cinq ans”.

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ésident français Nicolas Sarkozy (g) et le Premier ministre François Fillon à l’Elysée, le 13 octobre 2008 (Photo : Gerard Cerles)

Mais cette garantie ne se fera pas “sans contrepartie” et sera donc “payante à un prix normal du marché”, a insisté le président. Ses bénéficiaires devront aussi respecter des “obligations” notamment en matière d’éthique, allusion aux “parachutes dorés” des dirigeants.

La Société de prise de participation de l’Etat (SPPE), sera pour sa part destinée à “fournir des fonds propres” garantis par l’Etat aux banques en difficulté.

L’Etat “ne laissera aucun établissement bancaire faire faillite”, a répété le président. Mais “dans ce cas, comme ce fut le cas pour (la banque franco-belge) Dexia, l’Etat prendra le contrôle et la direction sera changée, il ne peut y avoir de sauvetage sans sanction des erreurs”.

Hormis Dexia, que les gouvernements français, belge et luxembourgeois ont sauvé de la faillite en y injectant plus de 6 milliards d’euros fin septembre, le secteur bancaire français a été jusqu’à présent relativement épargné par la crise financière.

La Société Générale, deuxième banque du pays, a cependant chuté en bourse lundi, alors que se répandait la rumeur alarmiste d’une augmentation de capital.

Nicolas Sarkozy a enfin souligné son intention “d’aller vite”, le projet de loi devant être selon lui “voté avant la fin de la semaine”.

Il a jugé que son plan était “la seule façon de protéger les emplois, les économies et les impôts” des Français.

Le patron du premier parti d’opposition, François Hollande, a indiqué lundi que les socialistes ne voteraient “pas contre” le plan de crise, mais qu’ils poseraient des “conditions”, notamment “que l’Etat puisse jouer son rôle d’actionnaire, pas simplement pour sauver, mais pour éviter que se reproduisent les dérèglements qui se sont produits”.

Le ministre français du Budget, Eric Woerth, a pour sa part reconnu que ce plan, s’il est utilisé, “augmentera la dette” de l’Etat, déjà attendue à 65,3% du PIB fin 2008, au delà du plafond de 60% autorisé par les traités européens.