Le prix Nobel d’économie à Paul Krugman, économiste et polémiste

[13/10/2008 17:50:56] STOCKHOLM (AFP)

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émie Nobel, annonce la remise du Prix Nobel d’économie 2008 à Paul Krugman à Stockholm, le 13 octobre 2008 (Photo : Olivier Morin)

L’Américain Paul Krugman, économiste de la mondialisation et éditorialiste réputé pour ses charges contre l’Administration Bush, a reçu lundi le prix Nobel d’ pour ses travaux sur le commerce international.

Professeur à la prestigieuse Université de Princeton, Paul , 55 ans, a été récompensé pour “avoir montré les effets des économies d’échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l’activité économique”, a expliqué l’Académie royale suédoise des sciences dans ses attendus.

Depuis 1999, il tient une tribune dans le New York Times. Il y décoche ses flèches acérées contre la politique du président américain George W. Bush, sans davantage ménager les candidats républicains à sa succession.

Il ironisait récemment dans un éditorial sur le ticket John McCain-Sarah Palin en estimant que le candidat démocrate Barack Obama avait “tort” de dire que ce “serait la même chose que l’ère Bush-Cheney. Ce serait pire, bien pire”.

Le prix d’économie lui a été décerné alors que le monde subit l’une de ses plus graves crises financières depuis le krach de 1929.

“Je suis plus serein qu’il y a cinq jours, mais la crise financière me terrifie”, a confié le lauréat à l’agence de presse suédoise TT.

“Je n’aurais jamais cru voir se répéter 1931 de mon vivant, mais cette crise m’y fait penser à bien des égards”, a-t-il ajouté.

Dans ses éditoriaux du lundi, Krugman a très sévèrement jugé la réponse initiale de l’actuel locataire de la Maison Blanche à la crise, la qualifiant d'”idéologique”.

Dans sa dernière tribune, publiée le jour du Nobel, il vantait au contraire les mérites du Premier ministre britannique Gordon Brown qui, selon lui a fait preuve, de “clarté et de détermination” dans la tourmente.

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à New York (Photo : Brad Barket)

Paul Krugman a été primé pour avoir développé des analyses économiques ayant permis de mieux comprendre la mondialisation de l’économie, la mobilité de la production, de la main d’oeuvre et des capitaux.

Pourquoi sommes-nous affectés par la mondialisation? Quels sont les effets du libre-échange? Pourquoi de plus en plus de gens affluent dans les grands centres urbains tandis que les campagnes se vident?

Autant d’enjeux que cet universitaire à la double formation d’historien et d’économiste, souvent à contre-courant des écoles libérales, n’a eu de cesse d’examiner.

Il a remis en cause les théories expliquant les différences de production entre pays (agriculture ou industrie par exemple) et leurs développements très disparates par des inégalités naturelles (géographie) ou structurelles (démographie).

Ces théories, défendues par les économistes libéraux, affirment que le développement socio-économique de tous les pays est assuré, à terme, par la complémentarité des productions et la diversité des conditions d’échange.

Or selon M. Krugman, en réalité “la majorité des échanges commerciaux s’effectue entre des pays qui non seulement ont des caractéristiques similaires mais échangent les mêmes produits”, relève l’académie suédoise.

M. Krugman a publié sa thèse de doctorat sous la direction de l’économiste indien Jagdish Bhagwati, notamment réputé pour ses analyses des déséquilibres économiques Nord-Sud.

Né le 28 février 1953 à Long Island dans l’Etat de New York, il enseigne actuellement à l’Université de Princeton.

Depuis sa première édition en 1969, le prix Nobel d’économie a récompensé 41 citoyens américains sur un total de 59 lauréats.

Krugman recevra son prix des mains du roi de Suède le 10 décembre avec un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,02 million d’euros).

Le site officiel de l’académie Nobel