[13/10/2008 21:42:03] WASHINGTON (AFP)
à la Bourse de Francfort (Photo : Martin Oeser) |
L’union sacrée des gouvernements des principales puissances économiques mondiales pour faire face à la crise financière a revigoré lundi les places boursières, qui ont terminé la séance sur des gains records.
Après des hausses de plus de 10% des indices boursiers en Asie et en Europe, Wall Street, première place mondiale, a fini sur un feu d’artifice de 11,08%, soit une hausse jamais vue de plus de 900 points en une séance.
“Le marché réagit aux annonces du week-end”, a commenté l’analyste Peter Cardillo, d’Avalon Partners, dans une allusion aux réunions à Washington des grands argentiers des principales puissances économiques qui se sont engagés à soutenir le secteur financier contre vents et marées.
“Ces initiatives ont aidé à endiguer la vague de pessimisme qui persistait la semaine dernière et à encourager un mouvement de chasses aux bonnes affaires”, a ajouté son confrère Patrick O’Hare, de Briefing.com. “Les gouvernements du monde entier semblent avoir pris la mesure de la gravité de la crise financière”.
En Europe, la coopération des gouvernements, qui ont promis près de 1.700 milliards d’euros pour dégripper la machine bancaire, a fait oublier la panique de la semaine dernière.
Ces actions concertées au niveau européen, réclamées de longue date, ont redonné espoir aux investisseurs qui étaient restés de marbre face au plan du secrétaire au Trésor américain Henri Paulson et à la baisse des taux directeurs des banques centrales.
“C’est mot pour mot ce qu’on voulait”, exultait Maurice Gravier, directeur de Natixis Asset Management à Paris, pour qui il s’agit d’un “catalogue idéal” de mesures afin d'”éviter une contagion de la crise à toute l’économie et rétablir la confiance”.
La quasi-totalité des Bourses européennes ont fini sur des hausses historiques: Paris a pris 11,18%, Francfort 11,40%, Madrid 10,65%, Milan 11,49%. Un ton en dessous, Londres a gagné 8,26%.
Autre signe de détente, les taux à trois mois sur le marché interbancaire, dont le blocage est au coeur de la crise, se sont repliés. Confortés par les promesses gouvernementales, les établissements financiers étaient moins réticents à se prêter de l’argent.
Longtemps accusés d’inaction ou d’improvisation face à la déroute bancaire, les Européens ont serré les rangs.
és boursiers |
Au lendemain d’un sommet de crise des pays de la zone euro, les dirigeants européens ont mis leurs chiffres sur la table, de quoi donner le tournis aux citoyens européens. Mais de quoi rassurer, du moins temporairement, les marchés.
Berlin a annoncé 480 milliards d’euros, Paris 360 milliards, Madrid et Vienne 100 milliards chacun, Lisbonne 20 milliards, La Haye 200 milliards.
L’Italie a annoncé qu’elle dépenserait autant qu’il le faudrait pour ses banques.
Ces mesures de la zone euro s’ajoutent au plan britannique qui avait montré la voie la semaine dernière avec 380 milliards d’euros. Londres va investir jusqu’à près de 50 milliards d’euros dans trois des plus grandes banques du pays, RBS, HBOS et Lloyds TSB, provoquant leur nationalisation de fait.
L’économiste Américain Paul Krugman, qui s’est vu décerner lundi le prix Nobel d’économie en pleine bourrasque financière, a d’ailleurs rendu hommage à l’action du Premier ministre britannique Gordon Brown, se demandant s’il “n’avait pas sauvé le système financier mondial”.
Garanties aux crédits interbancaires jusqu’au 31 décembre 2009, recapitalisation des banques menacées de faillite: déclinable dans chaque pays en fonction des besoins, le plan européen vise à réamorcer la pompe du crédit, qui est pratiquement tombée à l’arrêt, menaçant de paralyser l’économie.
Les mesures européennes font écho au plan Paulson de 700 milliards de dollars adopté début octobre par les Etats-Unis et concrétisent les engagements pris vendredi par les sept grands pays riches (G7) à Washington.
Le dos au mur, les gouvernements n’ont pas hésité à briser des tabous comme la nationalisation des banques et n’ont pas lésiné sur les moyens, quitte à laisser filer les déficits publics et mettre entre parenthèses les critères de Maastricht.
à la Bourse de New York le 13 octobre 2008 (Photo : Spencer Platt) |
Les Etats-Unis envisagent désormais d’entrer dans le capital d’une “large gamme” d’établissements financiers.
Soucieux de rassurer les contribuables, les gouvernements ont toutefois affiché leur intention de récupérer un jour leur mise auprès des banques.
“Il ne s’agit pas de faire des cadeaux aux banquiers”, a souligné le président de l’Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker avant d’ajouter que “les banques qu’on assistera devront payer”.
“Ceux qui ont fauté seront sanctionnés” une fois la crise financière surmontée, a prévenu le président français Nicolas Sarkozy.
Selon certains analystes, l’euphorie boursière risquait toutefois d’être freinée par la prochaine publication de mauvais indicateurs économiques aux Etats-Unis et en Europe.
Le FMI, à l’instar des dirigeants européens, compte tirer les leçons de la crise en vue de réformer un système financier qui a démontré ses faiblesses.
Gordon Brown a réclamé une vaste réforme du système financier international dans le cadre d’un “nouveau Bretton Woods”, la conférence sur la régulation financière tenue aux Etats-Unis en 1944.
à Washington (Photo : Stephen Jaffe) |
Premiers à ouvrir le bal, les marchés asiatiques avaient rebondi nettement lundi matin: Hong-Kong a gagné 10,2%, Shanghai 3,65%, Sydney 5,55% et Séoul 3,79%. La première place d’Asie, Tokyo, qui a subi la semaine dernière un krach historique (-24,33%), rouvrira mardi après une journée fériée.
Au Moyen-Orient, la Bourse saoudienne a terminé en hausse de 9,5% et Le Caire de 4,9%.
La Bourse de Sao Paulo, première place financière d’Amérique latine, a terminé sur une hausse historique de 14,66%. A Mexico, la progression a été de 11,01%, un record depuis 1998.
A contre-courant des marchés mondiaux, les deux places boursières de Moscou, le RTS et le Micex, ont achevé la séance de lundi sur de fortes chutes de respectivement 6,34% et 4,85%.
L’euro a regagné du terrain face au dollar, cotant 1,3595 dollar vers 20H30 GMT lundi contre 1,3394 vendredi soir.
Les prix du pétrole se sont repris à New York où le baril a fini à 81,19 dollars, en hausse de 3,49 dollars par rapport à vendredi.