Hier déboussolés, les marchés requinqués aujourd’hui par les
capitaux publics, retrouvent le cap. La confiance étant de mise, les cours
repartent à la hausse. Business as usual !
Greffé dans l’urgence, le plan de sauvetage de l’Eurogroupe,
une bagatelle de 1240 milliards d’euros tout de même, n’a pas subi d’effet de
rejet. Calqué sur le plan britannique, lui-même inspiré du plan Paulson, il est
le mieux ficelé. Et, il a été efficace et efficient. Il est parvenu à stopper
tout net la correction des cours et d’amorcer une remontée spectaculaire des
valeurs. La planète financière est soulagée. Et nous, avec.
Des records inédits, des taux à deux chiffres
Les marchés ne s’y sont pas trompés. Les Etats de l’Eurogroupe ont fait ce
qu’il faut, avec la célérité requise. Ils ont «soufflé» l’incendie, éteignant la
flamme de la panique. Lundi (13 octobre) toutes les places financières
renouaient avec la hausse. Paris ouvrait le bal. Le CAC réalise une performance
exceptionnelle, il bondit en une séance de 11,18% jamais réalisé auparavant
depuis qu’il a été lancé en 1998. Paris reprend en une journée la moitié environ
de ses pertes hebdomadaires cumulées. New York, qui redémarrait avec un différé
de six heures, a suivi en engrangeant 11,08%. Par un heureux caprice du
calendrier, Tokyo, était fermée le lundi 13 octobre. En rouvrant le mardi, elle
a rallié le mouvement sans résistance en enregistrant +14%. Etant la plus
affectée, elle était la plus vulnérable, et qui sait elle aurait hésité et
peut-être compromis l’effet de reprise. Ce jour, de repos est un cadeau
inespéré. On l’a échappé belle.
Des Etats aux reflexes marchands, bon signe de vitalité
Au creux de la vague, les Etats restent près de leur sous. Ils donneront
l’obole aux banques sur le marché interbancaire mais ce sera à titre onéreux. On
ne fait pas la charité quand on parle affaires ! Les concours des Etats seront
payants. Et ce sera au taux du marché, indiquera Nicolas Sarkozy. Pas de cadeau,
c’est la loi du système.
Au secours, le marché détruit de la valeur !
Amusons-nous à faire les comptes à présent que l’alerte est passée. Les USA
engagent 700 milliards de dollars, l’Eurogroupe réunit 480 milliards d’euros
pour la RFA, 360 pour la France et presque autant pour l’Angleterre, 200 pour
les Pays-Bas, 100 pour l’Espagne, 100 pour l’Autriche, 20 pour le Portugal, et
c’est encore indéterminé pour l’Italie. Tout ce montant -et c’est une somme !-
afin de combler une contre performance boursière. A contresens de sa fonction,
le marché détruit de la valeur. De manière autant narcissique qu’égoïste, les
pays avancés en sont à soutenir que le marché n’a pas son équivalent pour servir
l’économie. Soit. Mais a-t-on jamais chiffré les dégâts collatéraux subis par le
reste du monde, pays émergents et en voie de développement compris ? C’est
peut-être le moment de s’y résoudre. En tout cas, la revendication d’un nouvel
ordre financier mondial a été exprimé par le président du Conseil de l’Europe
alors qu’elle émanait en général de la zone périphérique. Vivement un monde
équitable !