[14/10/2008 16:39:16] PARIS (AFP)
ésident de l’UFC-Que Choisir, Alain Bazot lors d’une conférence de presse, le 13 octobre 2006 à Paris (Photo : Fred Dufour) |
Les groupes pétroliers sont de nouveau sur la sellette: les associations de consommateurs leur reprochent de ne pas répercuter complètement les baisses des prix du brut à la pompe et d’avoir sous-investi dans leur capacité de raffinage, des accusations qu’ils réfutent.
Ces critiques ne sont pas nouvelles, mais la baisse récente des prix du brut, autour de 80 dollars le baril, alors qu’ils avaient dépassé les 147 dollars en juillet, a relancé le débat.
Pour l’Union française des industries pétrolières (Ufip), qui représente les professionnels du secteur, les hausses comme les baisses sont répercutées à la pompe. “Ca va aussi vite à la hausse qu’à la baisse”, a assuré son président Jean-Louis Schilansky à AFPTV.
Mais, 50% du tarif du carburant est à mettre sur le compte des taxes et du coup, en cas de repli des cours du brut, les prix à la pompe “ne baissent que de moitié en proportion”, explique-t-il.
Pour autant, le recul affiché par les pétroliers doit être répercuté “à sa juste proportion”, réclame l’association de consommateurs CLCV. “Alors que le cours du baril affichait 68 euros (93 dollars environ) en moyenne au mois de septembre, soit un niveau équivalent à celui de mars 2008 (…), les prix des carburants mais aussi du fioul domestique étaient de 3 à 4 centimes plus élevés en septembre qu’à fin mars”, note l’association.
La CLCV n’est pas seule à faire ce constat: l’UFC-Que Choisir estime que les groupes pétroliers ont un effort à faire. Et pointe du doigt en particulier le manque d’investissement dans les capacités de raffinage, qui alimente selon elle la flambée des prix du diesel, le carburant utilisé en France. En effet, la moitié des véhicules et la totalité des camions y roulent au gazole.
“Les consommateurs de diesel ont du souci à se faire”, a averti mardi François Carlier, auteur d’une étude sur le sujet chez UFC-Que Choisir, lors d’une conférence de presse.
“Les compagnies pétrolières n’ont pas investi assez dans leurs capacités de raffinage” et alors que la demande en gazole augmente, il y a “tension sur les prix”, explique Alain Bazot, président d’UFC-Que Choisir. “Du coup, elles augmentent les prix et le consommateur paye 16 centimes de plus d’un seul coup à la pompe du diesel”, reproche-t-il.
La situation devrait encore s’aggraver dans les années à venir, selon eux. L’UFC-Que Choisir a déjà alerté par courrier la ministre de l’Economie Christine Lagarde et elle espère que la France, qui préside actuellement l’Union européenne, va “mettre cette question à l’ordre du jour”, a fait savoir M. Bazot.
De son côté, M. Schilansky réfute que les entreprises pétrolières n’aient pas assez investi dans les capacités de raffinage pour répondre au besoin croissant en diesel. “C’est vrai qu’il y a des tensions sur le gazole”, reconnaît-il, mais pour lui, c’est lié à “l’explosion de la demande”. “Il n’y a pas de rationnement de la capacité de raffinage”, affirme-t-il.
Pour Jean-François Gruzon, chef du département économie de l’institut de recherche de l’Institut français du pétrole (IFP), “il y a une réflexion à avoir au niveau de la demande”, déséquilibrée en France au profit du diesel. En attendant, la situation ne devrait pas changer, selon lui.
Selon l’Ufip, le litre de gazole s’est vendu en moyenne 1,2496 euro la semaine dernière contre 1,2954 euro la semaine précédente, soit une baisse de 3,5%. Le litre de super sans plomb 95 a lui reculé de 2,9% à 1,3424 euro contre 1,3821 euro. Des prix qui correspondent à des moyennes hebdomadaires, mais peuvent varier d’un jour à l’autre ou d’une station-service à l’autre.