Touché par la crise, Daimler supprime 3.500 emplois en Amérique du Nord

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à Auburn Hills (Michigan) le 14 février 2007. (Photo : Bill Pugliano)

[14/10/2008 16:15:16] FRANCFORT (Allemagne), (AFP) Victime de la crise, l’allemand Daimler, numéro un mondial des poids-lourds, va supprimer 3.500 emplois en Amérique du Nord, où ses camions sont touchés de plein fouet par le ralentissement économique.

Après les annonces récentes de Volvo, Nissan, Renault en Europe, les restructurations lancées chez les américains General Motors et Ford, c’est la production de véhicules utilitaires qui est cette fois contaminée par la déprime de l’automobile.

Aux Etats-Unis, le marché s’est dégradé “d’une façon que nous n’avions pas anticipée”, a admis Andreas Renschler, le patron de Daimler Trucks, au cours d’une conférence téléphonique. En cause: la chute de la demande, la flambée “dramatique” des prix du pétrole en début d’année et de ceux des matières premières ainsi que la crise financière.

“Notre industrie change fondamentalement. Et une reprise rapide du marché américain n’est pas à l’horizon”, a précisé M. Renschler.

Selon une présentation du groupe, Daimler a dû revoir de façon spectaculaire son estimation pour le marché nord-américain cette année: elle plafonne désormais à 294.000 véhicules contre 435.000 espérés jusque-là pour les catégories poids-lourds.

Le secteur, traditionnellement très cyclique, a également souffert de la mise en place d’une législation environnementale plus sévère pour les camions, a rappelé une porte-parole de Daimler.

Au total, 3.500 emplois seront supprimés d’ici la mi-2010, soit plus du quart des effectifs de Daimler Trucks en Amérique du Nord, selon des chiffres fournis par le groupe.

Deux usines seront fermées, l’une au Canada en mars 2009 à St. Thomas (1.400 salariés), l’autre aux Etats-Unis en juin 2010 à Portland dans l’Oregon (900 salariés), dont la production sera en partie délocalisée au Mexique. Environ 1.200 emplois supplémentaires disparaîtront dans les postes administratifs.

Daimler va également supprimer une de ses trois marques de camions en Amérique du Nord: Sterling Trucks disparaîtra en mars 2009, et le constructeur se concentrera à l’avenir sur Freightliner et Western Star.

“Sterling et Freightliner sont sur le même segment. Or Freightliner vend davantage”, a expliqué la porte-parole interrogée par l’AFP. Sterling n’a en effet atteint qu’une part de marché de 5% l’an passé avec près de 16.000 unités vendues, contre 50.000 pour Freightliner, soit une part de marché de 16%, selon la même source.

Daimler va en revanche augmenter “sa production dans les pays à bas coûts” pour réduire ses coûts de fabrication, a annoncé Andreas Renschler, dont le groupe comptera d’ici quelques mois deux usines au Mexique.

Au total, cette restructuration va coûter 600 millions de dollars à Daimler et doit lui permettre d’améliorer ses résultats annuels dès 2011 à hauteur de 900 millions de dollars.

“Daimler cherche à limiter ses pertes aux Etats-Unis”, note l’expert automobile Ferdinand Dudenhöffer, convaincu que d’autres constructeurs réduiront eux aussi leur production, en Europe de l’Ouest.

Pas de panique pour autant, le marché des poids-lourds devrait “repartir à la hausse dès 2010”, mais il devrait se redéployer sur les marchés émergents, comme l’Europe de l’Est, l’Inde ou la Chine, estime cet expert interrogé par l’AFP.

“Là, il n’y a quasiment pas d’autres moyens de transport pour les marchandises”, explique M. Dudenhöffer. “La logistique est clairement un axe de croissance qui progresse deux fois plus vite que le marché des voitures personnelles”, selon lui.