Crise : la récession se confirme aux Etats-Unis, retour de la nervosité boursière

[15/10/2008 22:15:19] WASHINGTON (AFP)

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éen sur la crise financière, le 15 octobre 2008 à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

Les places financières ont brutalement replongé mercredi, passant de l’euphorie à la déprime devant les nombreux signes avant-coureurs de récession, obligeant les dirigeants de la planète à annoncer un prochain sommet du G8.

La liesse boursière engendrée par les sommes colossales débloquées par les Européens et les Américains pour soutenir leur secteur bancaire n’aura duré que deux jours. Les craintes de récession ont pris le relais de la panique déclenchée par la crise financière.

La Bourse de New York a essuyé sa plus forte baisse en pourcentage depuis le krach d’octobre 1987. L’indice Dow Jones a perdu 733,08 points (-7,87%) pour terminer à 8.577,91 points.

“Le marché est submergé par les craintes de récession” aux Etats-Unis, a expliqué l’analyste Al Goldman, de la banque Wachovia Securities.

Les Bourses européennes se sont enfoncées dans le rouge: Londres a perdu 7,16% en clôture, Francfort 6,49% et Paris 6,82%.

“On a un déplacement de la crise financière vers l’économie réelle. Il y a un mouvement de balancier: quand on semble avoir réglé un problème bancaire, le marché se reporte sur l’impact sur les entreprises et les ménages”, a relevé un vendeur d’actions à Paris.

Sous pression, les dirigeants du G8 se sont prononcés pour la tenue dans “un avenir proche” d’un sommet consacré à une réforme du système financier international, associant des pays émergents, une idée chère au président français Nicolas Sarkozy.

Un communiqué commun en ce sens a été rendu public par la Maison Blanche. Le G8 comprend l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Japon et la Russie.

Les appels à réformer la finance mondiale se multiplient et les Etats-Unis, jugés responsables de la crise, sont plus que jamais montrés du doigt.

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ésident français Nicolas Sarkozy, le 15 octobre 2008 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

Les 27 pays de l’Union européenne “approuvent” le plan d’aide au secteur financier annoncé dimanche par les dirigeants de la zone euro, a déclaré mercredi soir le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays préside l’UE.

Tous les pays européens demandent la tenue d’un sommet mondial d’ici la fin de l’année pour réformer le système financier, a indiqué par ailleurs le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy, dont le pays préside l’UE.

“L’Europe toute entière sans exception approuve les mesures du plan d’action adopté dimanche par l’Eurogroupe”, a indiqué le chef de l’Etat français.

“Je le dis avec prudence”, a néanmoins précisé le président français, les Européens n’ayant pas encore atteint un accord définitif sur le texte qui avalisera ces mesures, en raison de quelques réserves tchèques.

Des dernières modifications à ce texte, préparé par la présidence française de l’UE sur la réponse à apporter à la crise financière, devraient être avalisés jeudi matin.

“Tout le monde est d’accord sur la nécessité à bref délai d’un sommet mondial” pour réformer le système financier, a indiqué M. Sarkozy lors d’une conférence de presse à l’issue du premier jour du sommet européen à Bruxelles.

“Avec (le président de la Commission européenne José Manuel) Barroso, nous porterons ce message aux Etats-Unis samedi”, a-t-il dit. Les deux hommes doivent rencontrer le président américain George W. Bush à Camp David pour parler de la crise financière.

Ce sommet des principales puissances “doit se faire avant la fin de l’année, nous pensons que le mieux c’est novembre”, a déclaré M. Sarkozy.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le Premier ministre britannique Gordon Brown ont exhorté Washington à s’impliquer davantage pour améliorer la surveillance du système financier.

M. Sarkozy a appelé l’UE à soutenir sa proposition d’un sommet international, avant la fin 2008, pour une “refondation” du système financier mondial. “De préférence à New York là où tout a commencé”, a-t-il ajouté.

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à la Bourse de New York, le 15 octobre 2008 (Photo : Chris Hondros)

Des deux côtés de l’Atlantique, le spectre de la récession cristallise désormais toutes les craintes: la reprise de l’économie américaine n’est pas pour “tout de suite”, a averti le président de la Banque centrale des Etats-Unis (Fed), Ben Bernanke.

Les signes de détérioration de la conjoncture qui se multiplient en Europe étaient aussi au menu du sommet de crise des dirigeants européens qui s’est ouvert mercredi pour deux jours à Bruxelles.

L’économie allemande, la première d’Europe, est “au bord de la récession”, selon les instituts allemands de conjoncture, et l’Irlande y est déjà.

La Commission européenne a proposé de relever de 20.000 à au moins 100.000 euros, d’ici un an, le montant minimum de garantie bancaire des particuliers dans l’UE. Cette proposition va au-delà de la garantie de 50.000 euros décidée la semaine dernière.

Une avalanche de mauvais indicateurs a avivé les craintes sur la santé de l’économie mondiale.

L’activité économique américaine “a faibli en septembre” et “les conditions d’obtention de crédits se sont durcies”, a constaté le Livre Beige de la Fed.

Les ventes de détail aux Etats-Unis ont reculé en septembre de 1,2% par rapport à août, une baisse nettement plus importante que prévu.

“L’économie américaine semble en récession”, a jugé une responsable de la Fed, Janet Yellen.

Les ventes de voitures neuves ont plongé en Europe de 8,2% sur un an en septembre, atteignant leur niveau le plus bas depuis 10 ans.

Le Royaume-Uni se rapproche à grande vitesse de la barre des deux millions de chômeurs et son taux de chômage a atteint 5,7%, un sommet depuis mars 2000.

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ôture des principales places financières le 15 octobre

Le Premier ministre français François Fillon, évoquant une crise “profonde” et “exceptionnelle”, craint “une panne de croissance” pour la France l’an prochain, avec des “conséquences” sur l’emploi.

Au Canada, le Premier ministre conservateur Stephen Harper a annoncé qu’il allait présenter un plan pour faire face à la crise financière, au lendemain de la victoire de son parti aux élections législatives, les premières organisées dans un pays du G7 depuis l’accélération de la crise mi-septembre.

En Asie, le Japon a vu son excédent courant chuter de moitié en août, et sa production industrielle a baissé de 6,9%.

Les prix du baril de pétrole s’approchaient à grande vitesse des 70 dollars, la dégradation de l’économie mondiale attisant les craintes de déclin de la demande.

A New Delhi, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, réunis mercredi en sommet, ont fustigé les pays riches pour avoir provoqué la crise financière mondiale.

En dix jours, les autorités monétaires indiennes ont dû injecter 30 milliards de dollars dans leur système financier pour éviter une crise des liquidités dans la dixième puissance économique mondiale.

Il est particulièrement injuste, s’est emporté le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, que les pays pauvres aient “à payer pour l’irresponsabilité de spéculateurs qui ont transformé le monde en un gigantesque casino”.

La Bourse de Buenos Aires a chuté de 12,14% et la Bourse de Sao Paulo, première place d’Amérique du Sud, de 11,4%.

Plus tôt dans la journée, en Asie, Tokyo avait clôturé sur un gain de 1,06%, mais Hong Kong avait terminé en recul de 4,96% et Shanghai de 1,12%.