à Washington (Photo : Karen Bleier) |
[15/10/2008 06:09:57] NEW YORK (AFP) Une responsable de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, a affirmé mardi soir que les Etats-Unis étaient d’ores et déjà entrés en récession, estimant toutefois que la réactivité des pouvoirs publics devraient en atténuer la gravité.
Mme Yellen, présidente de la banque centrale régionale de San Francisco, est la première responsable de l’isntitut d’émission à reprendre à son compte un diagnostic que de plus en plus d’économistes avaient déjà avancé, au vu du ralentissement économique entraîné par une crise financière qui a peu à peu gagné l’ensemble de l’économie.
“Les données économiques récentes suggèrent que l’économie a été plus faible qu’on ne s’y attendait au troisième trimestre, révélant probablement aucune croissance du tout”, a déclaré Mme Yellen lors d’un discours à Palo Alto (Californie, ouest).
“La croissance du quatrième trimestre semble encore plus faible avec une contraction (de l’activité) très probable”, a ajouté Mme Yellen, selon qui “en fait l’économie américaine semble en récession”.
Mme Yellen, qui ne s’est pas prononcée sur la durée vraisemblable de cette récession, a souligné par ailleurs que la baisse des prix des matière premières avait un effet positif sur l’inflation, longtemps un casse-tête pour la banque centrale.
à louer, le 9 octobre 2008 à New York (Photo : Spencer Platt) |
“Les prix des matières premières, y compris le prix du pétrole, ont plongé”, a souligné Mme Yellen. “Je m’attends à ce que cette évolution, combinée à la poursuite de l’affaiblissements des marchés du travail et des marchés, poussent l’inflation jusqu’à des taux que je considère conformes à la stabilité des prix, voire peut-être au-dessous”, a-t-elle dit.
Intervenant le même soir à Memphis (Tennessee, sud-est), le président de la banque de Réserve fédérale de Saint-Louis James Bullard avait évité le terme de récession.
“Si les perturbations du marché financier peuvent être contenues, peut-être à travers une intervention déterminée du gouvernement, alors une issue relativement bénigne est possible, dans laquelle la performance économique américaine serait ralentie mais sans baisse durable”, avait-il dit.
M. Bullard avait par ailleurs averti qu’une baisse des taux par la Fed à elle seule ne suffirait pas à enrayer la crise.
“S’en remettre trop à une politique de taux d’intérêt dans ce climat ne sert pas beaucoup à résoudre les problèmes en cours, et en plus cela pourrait provoquer un problème d’inflation nouveau et difficile à résoudre à la suite des turbulences actuelles”, a-t-il dit.
Ni M. Bullard ni Mme Yellen, dont le texte des discours a été communiqué à la presse, ne prennent part au vote du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) sur les taux.
La semaine dernière le Fonds monétaire international avait déjà tablé sur une contraction de l’activité au cours des trois derniers mois de l’année 2008 et du trimestre suivant, avec un retour à la normale en 2010 seulement.
à New York, le 9 octobre 2008 (Photo : Spencer Platt) |
De leur côté 52 économistes interrogés par le Wall Street Journal avaient estimé que l’économie américaine était entrée en récession dès le troisième trimestre, et qu’elle devrait y rester au quatrième trimestre ainsi qu’au premier trimestre de 2009.
Si le PIB reculait pendant trois trimestres consécutifs, ce serait la première fois depuis plus d’un demi-siècle, soulignait le Wall Street Journal.
Pour autant Mme Yellen, à la Fed, a souligné que la situation était bien loin d’avoir le même niveau de gravité que la Grande Dépression des années 1930, tant en raison des capacités de résistance accrues de l’économie que des leçons apprises.
“Nous avons appris l’importance d’agir rapidement dans une crise financière”, a dit Mme Yellen.