Crise : les candidats à la création d’entreprise inquiets de leur financement

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ée d’une PME s’apprête à livrer un repas, le 30 janvier 2007 à Saint-Aubin-sur- Mer (Photo : Mychèle Daniau)

[15/10/2008 06:28:59] PARIS (AFP) Après avoir peaufiné de longs mois leur projet, les candidats à la création d’entreprise, chômeurs ou jeunes actifs, craignent aujourd’hui que les banques malmenées par la crise financière leur délivrent le sésame du financement avec beaucoup moins d’enthousiasme.

“On se demande si la crise va freiner notre projet et même si on va pouvoir aller jusqu’au bout parce qu’on ne sait pas si les banques vont suivre”, confie Frédéric Leroy, 30 ans, un ancien éducateur sportif qui espère monter sa boutique d’assistance et dépannage informatique dans la banlieue parisienne.

Au lendemain de l’annonce du plan français de soutien aux banques de 360 milliards d’euros, le forum intitulé “Tout ce qu’il faut savoir pour que votre banquier dise “oui” à votre dossier de financement” affiche complet au Salon des micro-entreprises (moins de 20 salariés) ouvert depuis mardi à Paris.

Les apprentis entrepreneurs, parfois dans la dernière ligne droite de leur projet, sont venus y chercher l’assurance que celui-ci est encore viable.

Clotilde Godinot, 42 ans, au chômage depuis son licenciement dans le secteur de l’industrie, a presque bouclé son dossier pour ouvrir un magasin d’objets de décoration issus du commerce équitable, mais elle envisage aujourd’hui de “tout arrêter”, dit-elle, découragée.

“J’ai réduit ma prévision de chiffre d’affaires parce que j’anticipe une baisse du pouvoir d’achat en 2009. Du coup, ça réduit le montant auquel je peux acquérir mon bail”, explique-t-elle. Avant même la crise, elle avait déjà calculé que son salaire serait “deux fois inférieur” à son salaire précédent.

Mathieu et Omid, jeunes ingénieurs en informatique électronique, pensent, eux, que les banquiers “vont continuer à investir mais seront plus sélectifs. C’est à nous d’assurer pour avoir un super ‘business plan'”, lancent-ils, en évoquant leur projet sur la musique sur lequel ils planchent depuis 9 mois.

Présent sur le Salon, le réseau CER (Centre d’économie rurale), qui accompagne les candidats dans le montage de leur dossier, juge que “la crise a resserré l’étau sur le financement. Les banques vont demander plus d’apport personnel qu’avant, or beaucoup d’entrepreneurs ont peu d’argent à mettre sur la table”.

Mais c’est surtout le profil de l’apprenti entrepreneur qui va être passé au peigne fin alors que jusqu’ici les banques se fondaient essentiellement sur le volet financier du dossier pour accorder un prêt, souligne Mickaël Gillé, conseiller chez CER.

Le cursus, le CV, la motivation et l’expérience dans le management seront autant de filtres de sélection supplémentaires, selon lui.

André Camus, spécialiste de la création d’entreprises à la Société Générale, reconnaît que si sa “grille d’analyse est la même, les dossiers basés sur des crédits-relais par exemple sont aujourd’hui plus risqués”, assurant cependant continuer à accorder “des centaines de prêts par jour”.

Certains secteurs sont aussi plus exposés que d’autres, comme l’immobilier, tandis que la création d’entreprise dans la distribution pourrait profiter de la chute des prix des fonds de commerce, analyse-t-il.

Depuis le début de la crise financière, l’Agence française pour la création d’entreprises (Apce) a constaté “un fléchissement” du nombre de créations d’entreprises, après une hausse de 7% depuis janvier contre 13% l’an dernier.

Pour son directeur, Jean-Claude Volot, la création d’entreprises a cependant encore de beaux jours devant elle avec “la transformation profonde de la société et la baisse du salariat”, assure-t-il.