Assurance chômage : début d’une négociation aux résultats incertains

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ût 2005 de l’intérieur d’une agence parisienne de l’ANPE (Photo : Pierre Verdy)

[15/10/2008 07:46:50] PARIS (AFP) L’impact attendu de la crise sur l’emploi, mais aussi plusieurs décisions gouvernementales, vont peser sur des négociations qui commencent mercredi entre syndicats et patronat, afin de conclure une nouvelle convention d’assurance-chômage pour les trois prochaines années.

Alors que le chômage est redevenu la première préoccupation des Français, selon un récent sondage, les partenaires sociaux, gestionnaires de l’Unedic, entament leurs discussions mercredi au siège du Medef.

Des niveaux de cotisation et d’allocation à l’accompagnement des chômeurs, en passant par le cas des saisonniers ou des intermittents, syndicats et patronat ont jusqu’à fin décembre pour parvenir à un accord, l’actuelle convention conclue fin 2005 arrivant à échéance à cette date.

Il n’est pas exclu que la négociation déborde début 2009, d’autant que les élections prud’homales risquent de reporter après le 3 décembre les choix délicats.

Actuellement, moins d’un demandeur d’emploi sur deux est indemnisé par les Assedic.

“Le régime reste calqué sur une vision un peu industrielle du marché du travail, où on protège mieux les hommes, les carrières longues et les licenciés économiques que les jeunes, les femmes ou les précaires”, a noté lundi Carole Tuchszirer, chercheuse au Centre d’Etudes de l’Emploi, lors d’une table-ronde de l’Association des journalistes d’information sociale (Ajis).

Or, “l’indemnisation est l’une des conditions du retour à l’emploi comme le prouve le modèle scandinave”, a rappelé Mme Tuchszirer, espérant “une remise à plat du régime d’assurance chômage” et trouvant que “la conjoncture et le contexte ont bon dos” pour justifier un probable statu quo.

Cette négociation se tiendra sur fond de remontée prévue du chômage due à la crise, c’est à dire avec moins de rentrées de cotisations dans les caisses de l’Unedic et davantage d’allocations à verser.

Fin juin, l’Unedic avait prévu un excédent courant de 4,69 milliards d’euros fin 2008, ce qui aurait réduit son déficit cumulé à 4,89 milliards d’euros. Mais le régime va ajuster mardi ces prévisions à une conjoncture économique dégradée. L’Unedic a déjà accordé un délai supplémentaire aux PME pour verser leurs cotisations, pour les aider à affronter la crise.

“Malgré la conjoncture, l’assurance chômage restera excédentaire cette année et courant 2009, mais il faudra 2-3 ans de plus qu’espéré pour ramener ses finances à l’équilibre”, a jugé lundi l’ex-directeur général de l’Unedic, Jean-Pierre Revoil, lors de la table-ronde.

L’assurance chômage prévoyait jusqu’alors d’avoir épongé son déficit début 2010, aidée par la reprise des créations d’emploi et la baisse du chômage en 2006 et 2007, conjuguées au durcissement des règles d’indemnisation.

Syndicats et patronat divergent sur la nécessité de faire évoluer le niveau des cotisations, alors que le gouvernement plaide pour une baisse, en vue d’augmenter progressivement les cotisations retraite (+0,3% en 2009, +0,4% en 2010, +0,3% en 2011).

Non seulement ce n’est pas au gouvernement de décider, mais le moment est mal venu pour baisser les cotisations vu la remontée du chômage, jugent les syndicats, soucieux de préserver une autonomie réduite par plusieurs choix gouvernementaux.

“L’Etat entend peser plus que par le passé sur la négociation par le biais de la fusion ANPE-Assedic, de l'”offre raisonnable d’emploi” et par la décision sur le taux de cotisation vieillesse”, s’est inquiété devant l’Ajis Jean-Claude Quentin, de FO.