Négociation assurance chômage : mieux indemniser ou baisser les cotisations

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çois Veysset (CGPME), Patrick Bernasconi chef de la délégation et Dominique Tellier (medef), le 15 octobre 2008 au siège du Medef à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[15/10/2008 17:23:20] PARIS (AFP) Les syndicats ont marqué mercredi, à l’ouverture de la négociation sur l’assurance chômage, leur volonté de mieux indemniser les chômeurs, notamment les précaires, jugeant que la crise actuelle rendait “irréaliste” la baisse des cotisations souhaitée par patronat et gouvernement.

A son arrivée, le chef de file du patronat, Patrick Bernasconi (Medef), a expliqué que cette première séance visait à “définir une méthode de travail et arrêter un calendrier de réunions”, espérant finir la négociation “d’ici la fin de l’année” et avoir “le plus grand nombre de signataires”.

“C’est bien parce que la crise va impacter lourdement les entreprises qu’on va s’attacher à avoir une baisse des cotisations”, a-t-il poursuivi.

Selon lui, il faut “simplifier le système”, “peut-être faire mieux avec autant ou moins d’argent” et trouver “la meilleure manière” d’accompagner les chômeurs, “en voyant notamment la place de l’Unedic par rapport à la nouvelle institution qui s’appelle Pôle emploi”.

Les finances de l’Unedic, gérée paritairement par les syndicats et le patronat malgré la fusion ANPE-Assedic, ne devraient revenir bénéficiaires que fin 2010, pour cause de remontée du chômage attendue en 2008 et 2009.

Mais le gouvernement fait pression pour baisser les cotisations chômage de 0,3% dès 2009 afin d’augmenter d’autant les cotisations d’assurance vieillesse pour financer les retraites. Il a déjà réduit le périmètre de négociation en légiférant sur l'”offre raisonnable d’emploi” entrée en vigueur mercredi.

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élégués CGT (GàD) Jean Voirin, Eric Aubin, Maurad Rahbi, Jean-François Kieffer et Jacqueline Donnedu, le 15 octobre 2008 à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

Pour les syndicats, une baisse des cotisations chômage est “irréaliste”, “complètement prématurée” (CFTC) et “irresponsable” (CGT) dans le contexte de crise et de hausse du chômage.

“Des milliers de chômeurs vont arriver et la seule chose dont on parle, c’est la baisse des cotisations, c’est impensable”, a expliqué Maurad Rabhi (CGT).

Pour Alain Lecanu (CFE-CGC), “avant de parler de baisse des cotisations, il faut une réflexion globale sur un meilleur accompagnement et une meilleure indemnisation” des demandeurs d’emploi.

Les syndicats souhaitent notamment “plus de lisiblité” et de “transparence”, indemniser plus de chômeurs, notamment les jeunes, les seniors et les précaires, alors qu’actuellement moins d’un demandeur d’emploi sur deux est indemnisé par les Assedics.

Ils veulent une “remise à plat” du système. Certains (CFDT, CFTC) prônent une “filière unique” au lieu de quatre actuellement, selon le principe “une semaine de travail = une semaine indemnisée” déclenchable à partir de quatre, cinq ou six mois de travail et avec un plafond d’indemnisation de 25 à 30 mois, d’après Gaby Bonnand (CFDT).

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ésentant de la délégation patronale Patrick Bernasconi, le 15 octobre 2008 au siège du Medef à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

La CGT souhaite deux filières, une pour les salariés ayant travaillé douze mois d’affilée et une pour les précaires (moins de 12 mois de travail sur les 60 derniers mois).

Sur la précarité, il s’agit également de développer la “responsabilité sociale” des entreprises (CFTC) et d’imposer une “surcotisation” (FO) aux entreprises recourant à des CDD et à l’intérim, ce qui ne permet pas aux salariés concernés de cotiser assez longtemps pour être indemnisés.

“Les entreprises utilisant le plus de contrats précaires financeraient” le nouveau système, a indiqué Gabrielle Simon (CFTC). Selon M. Rabhi (CGT), la précarité coûte 7 milliards d’euros et rapporte un milliard à l’Unedic.

Si tous espèrent que la négociation aboutisse avant le 31 décembre, date d’échéance de la convention 2006-2008, certains syndicats pensent une rallonge possible. “La qualité doit primer sur le temps”, a lancé Mme Simon.