Sommet de Bruxelles : l’UE définit ses priorités face à la crise

[16/10/2008 21:05:58] PARIS (AFP)

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à la Bourse de New York, le 15 octobre 2008 (Photo : Timothy A. Clary)

Les marchés boursiers sont restés jeudi extrêmement volatiles, tétanisés par l’accumulation d’indicateurs économiques désastreux laissant présager une récession aux Etats-Unis.

Les places européennes ont continué à sombrer, effaçant pratiquement les rebonds enregistrés lundi et mardi.

Au sommet de Bruxelles, les 27 pays de l’Union européenne sont tombés d’accord pour prendre toutes les “mesures nécessaires pour soutenir la croissance et l’emploi”. Mais ils ont écarté tout plan de relance européen.

Paris a perdu 5,92,%, Londres 5,35% et Francfort 4,91%. Milan cédait 6,78%, Madrid 4,11%, Amsterdam 5,69% et Zurich 3,26%, tandis que les deux places moscovites, le RTS et Micex, s’effondraient de près de 10%.

Après une modeste hausse en ouverture, la Bourse de New York, qui avait connu la veille sa pire dégringolade en 20 ans, connaissait une évolution hésitante. Vers 18H10 GMT, le Dow Jones perdait 0,28% mais le Nasdaq gagnait 0,86%.

Les valeurs bancaires étaient particulièrement attaquées, après les lourdes pertes des banques américaines.

Auparavant, la baisse avait été généralisée en Asie, avec une nouvelle dégringolade historique à Tokyo (-11,41%).

Les indices de retournement de la conjoncture sont chaque jour plus évidents.

Aux Etats-Unis, la production industrielle, en recul de 2,8% en septembre, a enregistré sa plus forte baisse depuis décembre 1974, enfonçant les prévisions des analystes. Mardi, une responsable de la Fed avait évoqué le spectre de la récession aux Etats-Unis.

Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a cependant assuré que le plan de 700 milliards de dollars adopté pour sauver les banques permettait de s’attaquer au coeur de la crise financière, y compris l’immobilier.

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çais François Fillon (g), la chancelière allemande Angela Merkel (c) et le président en exercice de l’UE Nicolas Sarkozy, le 16 octobre 2008 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

“Si nous n’avons pas de financement disponible pour l’immobilier, ça ne va pas marcher”, a déclaré M. Paulson.

L’Allemagne a drastiquement révisé en baisse sa prévision de croissance pour 2009 à 0,2% au lieu de 1,2%. La croissance du premier exportateur mondial s’établirait ainsi à son plus bas niveau depuis 2003. L’Irlande, elle, est déjà en récession

“Les craintes concernant les menaces de récession ont pris le pas sur l’optimisme retrouvé suite aux plans de sauvetage du secteur financier”, ont estimé à Paris les analystes de CM-CIC Securities.

Cependant, les fonds spéculatifs amplifient les mouvements.

Selon Yves Marçais, vendeur d’actions chez Global Equities, la chute est nourrie par “les ventes massives des +hedge funds+ (fonds spéculatifs, ndlr) qui se débarrassent de leurs titres” afin de trouver des liquidités.

“Nous sommes désormais dans la seconde phase de recul des marchés où la liquidation des positions va saper toute remontée durable”, selon Simon Denham, directeur de Capital Spreads.

D’autres analystes pensent en revanche que le bout du tunnel est proche.

“Je pense que nous avons touché le fond vendredi”, estime Peter Cardillo, d’Avalon Partners.

Pour Gregori Volokhine, de Meeschaert New York, “beaucoup de mesures ont été prises par les banques centrales ici et en Europe” pour débloquer le marché du crédit. “Il faut leur laisser le temps de faire effet”, affirme-t-il.

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és boursiers

Les 27 pays de l’UE ont invité jeudi la Commission européenne à leur soumettre des propositions d’ici la fin de l’année “pour préserver la compétitivité internationale de l’industrie européenne”.

Mais ils ne sont pas convaincus de l’opportunité d’un véritable plan de relance européen, même si le président en exercice de l’UE, le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy, a appelé de ses voeux “la même coordination pour la politique économique que pour la crise financière”.

“Il n’y aura pas de programme de relance généralisé en Europe”, a assuré le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, faisant valoir qu’un tel plan creuserait davantage les déficits publics.

Les Européens veulent en outre obtenir une “réforme réelle et complète” du système financier international et entendent s’attaquer aux paradis fiscaux, aux agences de notation et aux fonds spéculatifs.

Londres, Paris et Berlin veulent aussi donner un rôle de supervision mondiale au Fonds monétaire international (FMI).

L’UE tente d’obtenir de Washington la tenue dès novembre d’un sommet associant les huit grandes puissances du G8 (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, France et Russie) et les principales économies émergentes.

Washington en a accepté le principe “dans un avenir proche”. Mais la Maison Blanche s’est gardée jeudi de s’engager sur une date. La question sera abordée samedi lors d’une rencontre à Camp David entre le président George W. Bush, Nicolas Sarkozy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

“L’Europe veut le sommet avant la fin de l’année. L’Europe le veut, l’Europe le demande et l’Europe l’obtiendra”, a martelé jeudi le président français.

“Nous ne voulons pas que cela recommence, nous voulons que des conséquences soient tirées” de la crise, a souligné M. Sarkozy.

Les Européens évoquent carrément un “nouveau Bretton Woods” –le sommet qui avait défini en 1944 un nouvel ordre financier mondial– associant le G8 aux grandes économies émergentes.

Fin octobre, 43 pays d’Europe et d’Asie se réuniront déjà à Pékin à l’occasion du sommet de l’ASEM, qui devrait donner lieu à des “discussions très intenses” sur la crise financière, selon l’UE.

Signe que la santé du système bancaire européen reste chancelante, la Suisse a entrepris à son tour de recapitaliser ses banques.

Le gouvernement et la banque centrale vont entrer au capital d’UBS, première banque suisse, à hauteur de 6 milliards de francs suisses (3,9 milliards d’euros) et reprendre dans un fonds spécial jusqu’à 60 milliards de dollars d’actifs. Privilégiant les capitaux privés, Credit Suisse a annoncé une augmentation de capital d’environ 6,5 milliards d’euros.

De son côté, le pétrole subit les effets du ralentissement attendu de la consommation, le prix du baril tombant sous les 70 dollars à New York et sous les 66 dollars à Londres, après un sommet à 147 dollars en juillet.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a d’ailleurs avancé sa réunion extraordinaire du 18 novembre au 24 octobre, afin de se pencher sur les conséquences de la crise.

En revanche, sur le marché interbancaire, dont la quasi-paralysie était au coeur de la crise financière, l’Euribor à trois mois, l’un des principaux taux de référence de la zone euro, baissait à 5,090 contre 5,168 mercredi, après un record à 5,393% les 8 et 9 octobre.