[16/10/2008 12:33:51] ZURICH (AFP)
çade de La banque UBS le 30 septembre 2008 à Berne (Photo : Fabrice Coffrini) |
Les autorités suisses, après avoir longtemps tergiversé, ont finalement lancé jeudi un plan de “stabilisation financière” dont UBS, première banque du pays, est la principale bénéficiaire avec une aide de plus de 60 milliards de dollars.
L’objectif de ce plan “nécessaire et extraordinaire” est de “renforcer la confiance dans le centre financier suisse sur le long terme”, a expliqué la ministre des Finances Eveline Widmer-Schlumpf lors d’une conférence de presse.
Les mesures principales mises en place conjointement par le Conseil Fédéral (gouvernement), la Banque nationale suisse (BNS) et la Commission fédérale des Banques (CFB) concernent UBS, une des banques les plus touchée au monde par son exposition aux crédits hypothécaires à risque américains avec 42 milliards de dollars de dépréciations d’actifs. Le gouvernement s’est engagé à financer une augmentation de capital de 6 milliards de francs suisses (3,9 milliards d’euros) sous forme d’achat de titres convertibles d’UBS afin de lui permettre de renforcer son bilan.
De son côté, la BNS va ouvrir un fonds où seront transférés des “actifs illiquides” de la banque pour un montant pouvant aller jusqu’à 60 milliards de dollars.
L’accord prévoit qu’UBS participe à hauteur de six milliards de dollars à cette “société à but spécial” qui lui prêtera en retour 54 milliards de dollars afin en premier lieu “de couvrir ses pertes”, a précisé la Banque centrale. L’idée est de mettre les “titres pourris” au frais en attendant que la tourmente financière mondiale se calme, a expliqué un analyste de la banque Pictet, Bernard Lambert.
çade du Credit Suissse à Berne en avril 2008 (Photo : Fabrice Coffrini) |
Le plan prévoit également une augmentation de la garantie des dépôts (aujourd’hui de 30.000 francs suisses ou 19.650 euros) au cours de l’hiver puis une “révision en profondeur” de ce système de garantie pour lequel un projet devra être proposé d’ici mars 2009.
Alors qu’elles ont longtemps assuré que les deux principales banques du pays étaient suffisamment bien capitalisées, les autorités suisses ont fini par reconnaître que leur flambeau national souffrait “d’un manque de confiance”, selon les termes du gouverneur de la BNS, Jean-Pierre Roth.
“UBS est forte en terme de capital mais souffre d’un problème de confiance”, a-t-il expliqué lors d’un point de presse commun avec Mme Widmer-Schlumpf. Mais il ne s’agit “pas d’un cadeau”, a insisté M. Roth assurant que la BNS pourrait tirer profit de cette opération.
L’intervention suisse suit de quelques jours un gigantesque plan européen de sauvetage du secteur financier. “Elle s’inscrit dans le même mouvement et il est regrettable que les autorités suisses n’aient pas suivi le mouvement le week-end dernier”, remarque M. Lambert.
“Ils ont cherché par cela à minimiser l’impact de la tourmente mondiale sur leur économie”, a-t-il estimé en soulignant toutefois que la situation en Suisse diffère des autres places mondiales, avec un marché interbancaire qui n’a jamais été paralysé.
Tandis que les petites banques profitent plutôt de l’arrivée de nouveaux épargnants, les principales victimes restent UBS et dans une moindre mesure Credit Suisse. Cette dernière a refusé la proposition d’aide de la BNS et a préféré jeudi recourir à 10 milliards de francs suisses (6,5 milliards d’euros) d’argent frais auprès d’un fonds qatari.
“N’exagérons pas cette intervention, la situation en Suisse est beaucoup plus stable qu’ailleurs”, assure Janwillem Ackett de chez Julius Baer, selon lequel le secteur bancaire de la première place financière mondiale en terme de gestion de fortune privée devrait même ressortir grandi de la crise.