Ils sont porteurs d’un projet citoyen. A l’opposé des moines
soldats, ils sont leaders aujourd’hui et dirigeants demain. Ils entendent
butiner autour du littoral méditerranéen et faire du nearshoring à tout va. Ce
sont des explorateurs de grand fond et des navigateurs d’un genre nouveau. Leur
pari sur la Méditerranée, une simple bouteille à la mer ? Prémices de réponse.
Ils
sont là et ils existent les YMListes. Comment se définissent-ils ? «Ils
pensent de la même manière malgré leur différence identitaire» et cogitent
sur un sujet phare. C’était le portrait-robot esquissé par Hassan Zargouni.
C’était lors du point de presse qu’il avait conjointement organisé avec
Jérôme Cohen, tous deux membres du Conseil de l’Association, ce mardi 14
octobre à Tunis. Et, c’était à l’occasion du Forum de Young Mediterranean
Leaders qui se tient à Tunis les 17 et 18 courant.
Une loge de l’éminence aristocratique
Ils sont 240 à l’heure actuelle, issus des meilleures filières
universitaires, tous sont aux «affaires». Ce «cénacle» d’élite préfigure un
futur ‘’parlement méditerranéen’’. Et ils entendent donner corps à la
Méditerranée. Pas moins. Vaste programme. Young today, Senior tomorrow, ils
pensent consacrer leur trajectoire dans la vie à ce projet qui leur tient à
cœur. Chez eux tout est sémillant rien n’est banal, ordinaire ou déjà vu. Il
y a d’abord leur credo : la Méditerranée, ne pèse pas. Il faut lui conférer
une masse critique et la fédérer. Leur profil, aussi. Là où l’on s’attend à
voir des «partisans» de la Méditerranée, on tombe sur ces wonder boys, avec
leur côté sémillant plutôt «Avenue Passy» que maquisards, Khâgneux plutôt
que militants de base, colleurs d’affiche. Ils ont une touche d’éminence qui
séduit mais en même temps qui conforte leur crédit. On ne jouerait pas au
Quiz avec eux !
La priorité pour le dialogue
Ils savent que jusque-là personne n’a pu faire avancer la cause de la
Méditerranée. Cet espace est plus générateur de conflits que de
rapprochement. C’est une mer déchaînée à travers les âges et ensanglantée
par les antagonismes. Leur innovation a été de ne pas parler des deux rives
mais d’un pourtour et donc de mettre tout le monde en ligne ce qui est
favorable au contact permanent. Eux ne sont pas stratèges, ils sont
tacticiens. Ils privilégient le dialogue. Ils partent sur un schéma ouvert
non contraignant. Ils ne souhaitent pas commencer par faire émerger un «Demos»
méditerranéen mais un parterre d’affaires où proliféreront des partenariats
croisés. Oui le business par le nearshoring. Il pourrait nous rapprocher
jusqu’à un point fusionnel.
Cette mer a fécondé isolément sur ses rivages quelques poches de
prospérité mais jamais une abondance généralisée. Il nous reste donc à
organiser un maillage volontariste. C’est une opportunité qui peut aboutir à
une intégration économique avancée. Le moment est propice et l’exemple de l’UPM
donne du relief à leur initiative. Ils ne font pas fausse route parce qu’ils
versent dans le pragmatisme. Ils sont visionnaires mais en même temps
réalistes. Ils considèrent que demain ils seront aux affaires et aux
commandes et en étant imprégnés de cette culture de la proximité ils
pourront accélérer le processus. Ils ont bon crédit car ils ne sont pas
porteurs d’un projet politique mais d’une ambition. Si leur forum est
itinérant, c’est peut-être à dessein de rallier tous les riverains. Cela
nous renvoie à cet heureux précédent du Mayflower, souvenons-nous de la
suite. Il y a autant du Benjamin Franklin que du Jean Monnet dans
l’initiative de YML. C’est un essaim, une ruche, un collectif «ouvrier» qui
agit et se démène. Bien sûr, on leur objecte les échecs des projets d’union
qui les ont précédés. Ils reconnaissent que les initiatives identitaires
sont sinueuses et longues à murir. Mais le réseautage d’affaires est
question de bonne volonté et c’est leur trésor commun. Ils semblent avoir
bien pris la vague pour aller à bon port. Bon vent.