[16/10/2008 19:12:49] BERLIN (AFP)
à Berlin (Photo : Michael Gottschalk) |
Les signes de ralentissement marqué de l’économie mondiale se multiplient et l’Allemagne, première économie européenne et fortement exportatrice, en a tiré les conséquences en abaissant jeudi drastiquement sa prévision de croissance pour l’an prochain.
A 0,2%, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) s’établirait ainsi à son niveau le plus bas depuis 2003. Il y a quelques mois encore Berlin tablait sur 1,2%.
Fatalement, le premier exportateur mondial “est touché quand les évolutions dans le monde son négatives”, a expliqué le ministre de l’Economie Michael Glos. Depuis plusieurs mois, carnets de commandes des entreprises et production industrielle en baisse annonçaient la couleur.
Les chiffres présentés jeudi sont entachés, le ministre l’a reconnu, d’un “degré d’incertitude élevé”, alors que la crise financière fait rage et que ses conséquences sur l’économie mondiale sont encore impossibles à évaluer.
Mais M. Glos s’est refusé à envisager “des scénarios catastrophes” où les Etats-Unis et d’autres glisseraient dans la récession et où en Allemagne-même la crise bancaire se propagerait à d’autres secteurs de l’économie. “Cela n’aurait pas de sens”, selon lui.
D’autres l’ont fait pourtant, notamment les grands instituts de conjoncture, dont le rapport d’automne sur “une économie au bord de la récession” a été présenté mardi. Il tablait lui aussi sur une croissance de 0,2% l’an prochain au mieux, et élaborait un autre scénario “de crise”, qui résulterait, lui, en une contraction du PIB de 0,8%.
Selon le quotidien Financial Times Deutschland, la chancelière Angela Merkel aurait insisté pour que le gouvernement endosse le chiffre de 0,2%, alors que M. Glos lui-même et le ministère des Finances plaidaient pour une prévision plus pessimiste.
Fidèle à sa ligne de conduite, restaurer la confiance à tout prix, Mme Merkel s’est efforcée de rassurer mercredi, dans un discours aux députés. “Je suis convaincue qu’il n’y aura pas de dégradation durable de la conjoncture”, a-t-elle dit, ajoutant: “l’Allemagne est forte”.
“Les effets (de la crise) sur les autres secteurs de l’économie sont limités”, a assuré pour sa part M. Glos jeudi, et “une contraction du crédit” aux entreprises “n’est pas visible”.
L’Allemagne, comme nombre de ses partenaires européens et les Etats-Unis, a lancé un vaste programme de soutien au secteur bancaire, d’un volume de 480 milliards d’euros, grâce auquel elle espère restaurer la confiance sur les marchés et contenir la propagation de la crise financière aux autres secteurs de l’économie.
Mais après deux séances d’euphorie la Bourse de Francfort, comme ses consoeurs, est repartie à la baisse. Les banques du pays se regardent en chien de faïence en attendant de voir lesquelles d’entre elles demanderont l’aide de l’Etat, tandis que le plan de soutien, accueilli en début de semaine avec enthousiasme, commence à faire l’objet de critiques.
Et M. Glos a beau se déclarer “convaincu que les problèmes trouveront leur solution”, il semble illusoire pour l’économie allemande d’échapper à la tourmente. Déjà certains secteurs, comme l’automobile, pâtissent directement des effets de la crise: plusieurs sites de production, d’Opel (General Motors) et BMW notamment, ont réduit ou suspendu la production.
Berlin table sur un rebond de la consommation des ménages l’an prochain à la faveur d’un recul des prix, mais le climat d’incertitude qui règne à l’heure actuelle n’est pas à même d’inciter les Allemands à la dépense.