La Caisse d’Epargne perd 600 millions d’euros dans un “incident” boursier

[18/10/2008 09:24:05] PARIS (AFP)

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à Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

La Caisse d’Epargne, symbole de sécurité pour des millions d’épargnants, a perdu 600 millions d’euros à cause de risques inconsidérés pris par trois de ses traders en plein krach boursier, suscitant des réactions très vives du chef de l’Etat et du gouvernement.

Bien qu’en déplacement au Québec, le président de la République Nicolas Sarkozy s’est prononcé sur cette affaire, jugeant que cette perte n’était “pas acceptable” et demandant que “les responsables en tirent les conséquences”, et ce à tous les niveaux.

Interrogée par France 2, la ministre de l’Economie Christine Lagarde s’est pour sa part déclarée “vraiment, vraiment en colère” alors que “tout le gouvernement actuellement est mobilisé pour prendre des mesures fortes, des mesures lourdes pour essayer de faire tourner l’économie”.

Cet événement “n’arrive pas au meilleur moment”, alors que le gouvernement vient de mettre au point un vaste plan de soutien au secteur bancaire, d’un montant de 360 milliards d’euros, a-t-elle ajouté.

La Caisse d’Epargne, qui héberge le compte ou le livret A de près d’un Français sur deux, a tenté de rassurer ses 27 millions de clients, certifiant que cette perte “n’affectait pas” sa “solidité financière” et n’avait “aucune conséquence sur la clientèle”.

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érence de presse, le 16 octobre 2008 au ministère de l’Economie à Paris (Photo : Martin Bureau)

En effet la banque a risqué son propre argent et pas celui de ses clients, les trois traders opérant pour son propre compte, a-t-elle insisté.

A la demande de la ministre, des enquêteurs de la Commission bancaire, l’organe de contrôle des banques, se sont rendus au siège de la Caisse nationale des Caisses d’Epargne (CNCE), l’organe central de la banque coopérative. Le “gendarme” du secteur bancaire devra notamment déterminer si la banque a “outrepassé les limites de risque autorisées”, a expliqué à l’AFP une source proche du dossier.

Un proche de l’Ecureuil a raconté à l’AFP que cette perte était le fait de trois traders qui ont parié sur un “rebond de la Bourse” juste avant qu’elle ne chute brutalement le 6 octobre et qui ne sont pas arrivés à se “refaire”.

Ces trois traders ainsi que leur responsable avaient pourtant reçu des “instructions” leur enjoignant de ne pas faire prendre trop de risques à la banque compte tenu de l’aggravation de la crise financière.

L’activité bancaire est très réglementée, une banque n’ayant pas le droit de mettre en danger l’argent que lui ont confié ses clients.

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Fiche de la Caisse d’Epargne

S’il s’avère qu’il a outrepassé le cadre autorisé, l’Ecureuil est ainsi passible d’une amende maximale de 5 millions d’euros de la Commission bancaire.

En juillet, cette dernière avait infligé une amende de 4 millions à la Société Générale, estimant que des “carences graves” dans son système de contrôle interne avaient rendu possible la “fraude” imputée par la banque à son trader Jérôme Kerviel.

Les deux affaires présentent certaines similitudes.

Ainsi M. Kerviel et les trois traders de l’Ecureuil opéraient dans le département “dérivés actions”, dans le cadre des “activités pour compte propre” de leur établissement. En outre, les conditions dans lesquelles les deux banques ont dû se défaire de leur position sont similaires: dans les deux cas, les Bourses ont décroché violemment, aggravant la perte initiale, qui a atteint 4,9 milliards d’euros pour la Générale.

Toutefois, M. Kerviel a été mis en examen pour “falsification”, alors que la Caisse d’Epargne a assuré n’avoir déposé aucune plainte.

Le directeur financier de la CNCE devrait toutefois être limogé tandis que les trois traders et leur responsable ont d’ores et déjà été mis à pied.