Rapport 2007 de la Cour des Comptes (3) : pourquoi les résultats de la politique de maîtrise de l’énergie sont-ils en deçà des objectifs ?

En Tunisie, la politique de la maîtrise de l’énergie ne date
pas de la hausse spectaculaire des prix du pétrole depuis 2007. Les premières
mesures entrant dans ce cadre sont vieilles de près de 25 ans. Toutefois, le
dernier rapport de la Cour des Comptes, qui le rappellent, souligne en même
temps que les programmes et dispositifs mis en place depuis 1985 n’ont pas
permis d’atteindre tous les objectifs fixés. Ces insuffisances concernent aussi
bien la rationalisation de l’utilisation de l’énergie que la promotion des
énergies de substitution.

En matière de rationalisation de l’utilisation de l’énergie, la Cour des
Comptes a relevé des faiblesses dans les secteurs du transport, de l’industrie,
des services et de l’administration. Outre le retard dans la réalisation de
certains projets et la non-programmation d’autres, il apparaît que le transport
n’a que partiellement mis en œuvre le programme de diagnostic des moteurs des
véhicules privés (55% d’entre eux n’ont pas été soumis à cet examen), et qu’il
n’a pas de système d’information exhaustif permettant de «collecter les données
relatives à la consommation d’énergie» des sociétés, et nécessaires pour leur
audit énergétique.

Tout en déclarant, en réaction à ces constats, que «le rapport de la Cour ne
soulève pas d’observations de notre part», le ministère du Transport a fait
remarquer qu’il a mis en place «un plan qui compte, parmi ses objectifs, la
rationalisation de la consommation d’énergie dans le secteur du transport
terrestre».

De son côté, le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Petites et
Moyennes Entreprises indique qu’il a «porté, dès les années 1980, une attention
particulière au volet de la maîtrise de l’énergie et a, depuis, mis en place un
cadre juridique, des plans et des programmes qui n’ont cessé, deux décennies
durant, de connaître des améliorations». Le ministère précise, également, que
«les opérations d’audit énergétique ont démarré dès 1987 »et que ce programme a
contribué, avec d’autres, à faire entrer cette pratique dans le secteur de
l’industrie. De même, mentionne ce département, «son attention a porté sur le
volet de la cogénération de l’énergie» et que 11 entreprises bénéficient d’une
assistance en vue de la création d’une capacité de 24 MGW. La Cour des Comptes
avait indiqué à ce sujet que, jusqu’à fin 2005, «un seul projet avait été
entrepris dans ce domaine», en raison du «coût élevé des investissements», du
«retard dans la fixation des conditions de vente à la STEG de l’électricité
produite par les industriels» et de la non-publication du cahier des charges s’y
rapportant.

Sur les difficultés de la mise en œuvre de la politique de substitution du
gaz aux énergies pétrolières (en raison de la prise en charge du coût de
branchement, pour ce qui est du secteur industriel), de la promotion de
l’utilisation du gaz dans les foyers (du fait, notamment, de la faible adhésion
des consommateurs) et du développement de l’énergie éolienne (imputable
principalement aux hésitations, quant au choix à faire, entre le secteur public
ou le secteur privé, pour la réalisation de ce projet, et quant à la
détermination de la capacité à mettre en place), le ministère de l’Industrie
souligne, au sujet des énergies renouvelables, qu’«outre les problèmes d’ordre
technique, leur intérêt économique demeure tributaire de l’augmentation du prix
du pétrole à des niveaux record».