Face à la crise, Europe et Etats-Unis prévoient une série de sommets

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ésidents Sarkozy et Bush et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, à Camp David le 18 octobre 2008 (Photo : Mike Theiler)

[19/10/2008 07:46:26] PARIS (AFP) Face à la tempête boursière et à la crise financière qui gangrènent l’économie mondiale, Européens et Américains ont décidé de réunir non pas un mais plusieurs sommets, dont le premier pourrait avoir lieu à New-York dès novembre.

Lors d’entretiens dans la retraite présidentielle américaine de Camp David samedi, George W. Bush, son homologue français Nicolas Sarkozy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso sont convenus de consulter les autres dirigeants internationaux cette semaine “avec l’idée de commencer une série de sommets pour répondre aux difficultés auxquelles est confrontée l’économie mondiale”.

Le premier de ces sommets, au niveau des chefs de gouvernement, aurait pour objet de “discuter de la crise financière actuelle et de formuler des principes qui guideraient les suivants”, a précisé Tony Fratto, un porte-parole de la Maison Blanche.

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à Camp David (Photo : Ludovic)

Cette rencontre aurait lieu aux Etats-Unis, “peu après les élections américaines” du 4 novembre, selon le communiqué final de la réunion de Camp David. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a offert d’accueillir ce premier sommet au siège de l’ONU, à New-York.

Pour Nicolas Sarkozy, cette réunion devrait réunir les pays du G8 élargi au G5, c’est-à-dire les cinq pays émergents que sont la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud, ainsi qu’à “un pays arabe”.

Si le président américain a cédé à la pression des Européens, venus à Camp David lui arracher un sommet, le nouvel ordre financier mondial qui pourrait émerger reste flou.

Les Européens veulent une réforme profonde du système actuel, une sorte de Bretton Woods bis, du nom des accords qui gouvernent depuis 1944 la finance internationale. De même les Européens proposent une supervision mondiale des marchés, qui pourrait échoir au Fonds monétaire international (FMI).

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économiste John Maynard Keynes en juillet 1944 à la conférence de Bretton Woods (Photo : HO)

Mais si le président français veut construire “le capitalisme de l’avenir”, M. Bush a lui répété qu’il était “essentiel que nous préservions les fondements du capitalisme démocratique”, soit le capitalisme actuel.

Le Canada a également plaidé samedi en faveur de la prudence, afin de ne pas causer des “dommages permanents au système financier international”, selon un porte-parole du Premier ministre Stephen Harper. En attendant ces futurs sommets, la crise financière a remis au goût du jour la lutte contre les paradis fiscaux, qui sera au menu d’une réunion internationale mardi à Paris, à l’initiative de la France et de l’Allemagne.

Selon l’ONG Transparence International France, il y aurait une “cinquantaine” de paradis fiscaux dans le monde, dans lesquels “plus de 400 banques, deux tiers des 2.000 +hedge funds+ (fonds spéculatifs) et deux millions environ de sociétés écran” géreraient quelque “10.000 milliards de dollars d’actifs financiers”. Soit quatre fois le PIB de la France.

La réunion de Camp David est intervenue après une semaine de yo-yo sur des marchés financiers totalement “maniaco-dépressifs”, selon les termes du prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman.

Malgré ces montagnes russes, Paris a regagné 4,8% sur la semaine, comme Londres (+3,3%), Francfort (+5,2%) et New-York (+4,7%). Le Dow Jones a cependant terminé dans le rouge sur la seule séance de vendredi, avec une baisse de 1,4% à Wall Street.

Partout, les marchés restent nerveux. La Bourse saoudienne, la plus importante du monde arabe, a mal débuté sa semaine samedi, en baisse de 5,2%. Les autres Bourses du Golfe, qui ouvraient dimanche, ont également entamé leur semaine en baisse, de 2% à Dubaï, 0,3% à Abou Dhabi, 0,8% au Koweït et 1% à Mascate.

En pleine tourmente financière, le directeur du FMI, le Français Dominique Strauss-Kahn, a été rattrapé par une possible affaire de népotisme : il fait l’objet d’une enquête interne sur un cas de favoritisme présumé lié à des relations intimes avec une subordonnée. En 2007, le président de la Banque mondiale, l’Américain Paul Wolfowitz, avait dû quitter ses fonctions après une affaire similaire.

Premières touchées par la crise financière, les banques sont de plus en plus à la merci des aides publiques.

Imitant le schéma unanimement adopté en Europe, la Corée du Sud, quatrième économie asiatique, a décidé dimanche de garantir les prêts interbancaires, pour trois ans, à hauteur de 100 milliards de dollars. De même, la Banque centrale de Corée va puiser 30 milliards de dollars dans ses réserves pour injecter directement des liquidités dans le secteur bancaire. Dans le sillage de la crise bancaire, les craintes d’une récession économique durable s’amplifient à travers le monde.

Côté européens, les dirigeants ont cependant exclu pour l’instant un grand plan coordonné de relance économique, comme celui adopté pour le secteur bancaire. Et chaque pays agit séparément.

Aux Etats-Unis, par contre, les Démocrates à la chambre des représentants envisagent déjà un plan de relance économique pour “reconstruire l’Amérique”, d’un montant de 150 milliards de dollars, qui pourrait être adopté avant même l’entrée en fonction du prochain président en janvier.

Parmi les pays émergents, la crise se fait également sentir.

Le real brésilien et le peso mexicain ont dégringolé, victimes des pressions spéculatives, forçant les Banques centrales de ces deux pays à puiser au total quelque 18 milliards de dollars dans leurs réserves pour enrayer la chute de leur devise nationale face au billet vert.

Au Brésil, le dollar cotait vendredi 2,15 reals, soit près de 40% au-dessus de sa valeur du 1er août. Au Mexique, où on a encore à l’esprit la crise de décembre 1994 connue sous le nom d'”effet Tequila”, le peso est toujours proche de son plus bas historique, à 13,29 pesos pour un dollar, atteint le 9 octobre.

Autre signe du ralentissement de la conjoncture mondiale, la chute des cours du pétrole, divisés par deux depuis l’été à environ 70 dollars. Un plongeon qui a poussé l’Opep à avancer sa prochaine réunion de trois semaines, au 24 octobre.

Le président en exercice de l’Opep, l’Algérien Chakib Khelil, a demandé samedi une réduction de production “importante”, qui pourrait aller jusqu’à 1,5 voire 2 millions de barils par jour. Afin d’atteindre “un prix du baril stable, ni trop élevé ni trop bas, entre 70 et 90 dollars”.