[19/10/2008 06:53:27] PARIS (AFP)
à Paris (Photo : Jean-Pierre Muller) |
La Bourse de Paris, où les interventions gouvernementales et les perspectives de récession ont soufflé le chaud et le froid cette semaine, devrait rester préoccupée par les répercussions de la crise financière sur l’économie et la rentabilité des entreprises.
Malgré une hausse historique lundi (+11,18%), l’indice CAC 40 n’a progressé que de 4,83% sur la semaine écoulée, pour terminer à 3.329,92 points, ce qui porte à 40,69% ses pertes depuis le début de l’année.
Après avoir salué avec enthousiasme le plan européen de sauvetage bancaire, la place parisienne, très instable, a été plombée par une série d’indicateurs macroéconomiques défavorables, enchaînant deux fortes chutes (-6,82% mercredi, -5,92% jeudi) avant de rebondir nettement.
Tirée vers le bas par les ventes massives des “hedge funds” (fonds spéculatifs) en quête désespérée de liquidités, la Bourse pâtit également des inquiétudes de plus en plus vives sur la conjoncture économique.
“Le marché se cherche et manque de visibilité: le système financier semble sauvé mais ne va pas refonctionner normalement tout de suite, et on ne sait toujours pas l’ampleur réelle des répercussions sur l’économie”, souligne Arnaud Riverain, responsable de la recherche chez Arkéon Finance.
Aux Etats-Unis, les indicateurs en berne s’accumulent, et la récession a cessé, des deux côtés de l’Atlantique, d’être un mot tabou.
“Le plus dur reste à venir”, renchérissent les économistes de BNP Paribas, précisant que “l’économie mondiale ne pourra pas éviter une récession, plus ou moins longue, plus ou moins profonde”.
La violente détente des taux interbancaires ne devrait pas suffire à rasséréner immédiatement les investisseurs, bien qu’elle conduise à terme à un assouplissement des conditions de crédit.
“Les dégâts sont faits” et obèrent l’avenir, indique Arnaud Riverain, expliquant que “les entreprises déjà touchées par le durcissement du crédit et le recul de la consommation sont contraintes de reporter leurs investissements”.
En conséquence, alors que de nombreux groupes s’apprêtent à livrer leurs résultats trimestriels, “les estimations de la plupart des analystes apparaissent surévaluées” au regard du marché, et les investisseurs s’attendent à “une vague de révisions à la baisse”, relève M. Riverain.
Effet d’engrenage, les entreprises sont à leur tour “affectées par la chute des cours”, qui “limite (leur) capacité à lever du capital mais aussi à s’endetter”, ajoute la maison de courtage Aurel.
Pour beaucoup d’analystes cependant, le très faible niveau de valorisation de certains titres ne reflète pas la valeur économique réelle des entreprises, et offre des marges importantes à la hausse.
“La moitié des entreprises du CAC 40 a une capitalisation boursière inférieure à leurs fonds propres”, constate Marc Touati, économiste chez Global Equities. Selon lui, les investisseurs qui en ont les moyens “peuvent d’ores et déjà faire leur marché et profiter de soldes défiant toute concurrence”.
Avec un indice parisien “entre 3.000 et 3.300 points”, “les actions sont probablement intéressantes, même si on ne peut assurer que ces niveaux constituent des planchers absolus”, approuve, non sans prudence, Alain Wicker, président de la Française des Placements.
Elément susceptible de stimuler les marchés, les cours du pétrole se sont nettement repliés: “Cela devrait diminuer l’inflation, et donc donner une plus grande marge de manoeuvre aux banques centrales pour baisser leurs taux d’intérêt”, estime M. Riverain.
Toujours dans le brouillard, les marchés resteront suspendus aux moindres indicateurs, attentifs notamment à l’indice composite de l’activité économique américaine attendu lundi, ou à l’indice CBI du moral des investisseurs britanniques, publié mardi.