Une série de sommets pour juguler la crise, sur fond de remous bancaires

[19/10/2008 21:39:48] PARIS (AFP)

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ésident américain George W. Bush et son homologue français Nicolas Sarkozy le 18 octobre 208 à Camp David (Photo : Ludovic)

Face à la pire crise depuis 1929, Européens et Américains sont tombés d’accord pour réunir une série de sommets internationaux, alors que l’Etat néerlandais a volé dimanche au secours d’ING, l’une des vingt plus grandes banques du monde.

Pressé par son homologue français Nicolas Sarkozy, qui s’est déplacé aux Etats-Unis pour plaider en faveur d’une vaste refonte du système financier mondial, le président George W. Bush s’est dit samedi “impatient d’accueillir” sur le sol américain un premier sommet.

Ce sommet pourrait avoir lieu dès le mois prochain à New York, capitale de la finance mondiale où est née la crise, peu après les élections américaines du 4 novembre.

L’accord de principe a été conclu au cours d’une réunion tripartite à Camp David, la résidence présidentielle américaine, à laquelle assistaient M. Bush, M. Sarkozy, qui exerce la présidence tournante de l’Union européenne, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a tenté dimanche de rassurer le monde financier, en estimant que la situation des banques en Europe était “en voie de normalisation”.

“La confiance, cela ne se décrète pas, cela s’inspire”, a-t-il souligné avant d’assurer : “nous sommes un inspirateur de confiance”.

Signe des difficultés persistantes dans le secteur bancaire, l’Etat néerlandais a annoncé dimanche son intention de renforcer le capital du bancassureur ING à hauteur de 10 milliards d’euros.

Deux semaines auparavant, La Haye avait nationalisé les activités aux Pays-Bas du groupe bancaire belgo-néerlandais Fortis, pour un montant de 16,8 milliards d’euros.

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ésidents Sarkozy et Bush et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, à Camp David le 18 octobre 2008 (Photo : Mike Theiler)

En France, les trois principaux dirigeants de la Caisse d’Epargne, dont le président Charles Milhaud, ont démissionné dimanche, selon une source proche du dossier, alors que la banque française a perdu 600 millions d’euros à cause de risques pris en plein krach boursier. Très remontée, la classe politique française avait réclamé des “sanctions”.

En Allemagne, les banques pourront demander à partir de lundi de bénéficier d’un plan de sauvetage qui porte sur un total de 480 milliards d’euros.

Alors que les banques continuent à faire des remous, les dirigeants américains et européens réfléchissent à une refonte du système financier.

Si le président américain a fini par céder à la pression des Européens, à l’avant-garde du combat contre la crise, le nouvel ordre financier mondial qui pourrait émerger reste toutefois flou.

L’UE veut une réforme profonde du système actuel, une sorte de bis, du nom des accords de 1944 qui avaient jeté les bases du système financier actuel. Les Européens proposent une supervision mondiale des marchés, qui serait confiée au Fonds monétaire international (FMI).

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à Bruxelles, le 8 octobre 2008 (Photo : Dominique Faget)

Réticent à l’idée d’une refonte du système, M. Bush a répété qu’il était “essentiel que nous préservions les fondements du capitalisme démocratique”, et a rappelé croire “fermement en la liberté des marchés”.

Toujours extrêmement volatiles, les marchés resteront suspendus cette semaine aux moindres indicateurs économiques et à la salve de résultats d’entreprises américaines.

Et ils tenteront de confirmer leur rebond : Paris a regagné 4,8% la semaine dernière, comme Londres (+3,3%), Francfort (+5,2%) et New York (+4,7%).

La nervosité était toutefois toujours perceptible sur les rares marchés ouverts dimanche. La Bourse saoudienne, la plus importante du monde arabe, a clôturé en baisse de 3,8%, tout comme celle du Koweït (-2,7%).

En pleine tourmente financière, le directeur du FMI, le Français Dominique Strauss-Kahn, a été rattrapé par une possible affaire d’abus de pouvoir : il fait l’objet d’une enquête interne sur un cas de favoritisme présumé lié à des relations intimes avec une subordonnée.

Une affaire particulièrement malvenue au moment où le FMI est au centre des tentatives d’assainir le système financier.

Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a appelé dimanche à une “réforme en profondeur du système financier”, estimant que le FMI pourrait y jouer un rôle.

Le premier sommet de crise devrait énoncer les principes des réformes du système financier mondial jugées nécessaires pour éviter que la crise actuelle ne se reproduise. Les suivants serviraient à appliquer les mesures décidées.

Pour Nicolas Sarkozy, ce sommet devrait réunir les pays du G8 élargi au G5, les cinq pays émergents que sont la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud, ainsi qu'”un pays arabe”.

Inquiets des effets de la crise sur leurs économies, les pays en développement veulent avoir leur mot à dire sur la refonte du capitalisme, ont averti des dirigeants africains au Sommet de la Francophonie de Québec.

Dans le sillage de la crise bancaire, les craintes d’un ralentissement économique durable s’amplifient à travers le monde.

“Le plus dur reste à venir”, redoutent les économistes de BNP Paribas, estimant que “l’économie mondiale ne pourra pas éviter une récession, plus ou moins longue, plus ou moins grave”.

Le secteur automobile est touché de plein fouet : les ventes des principales marques de General Motors en Europe sont en baisse de 30%, selon le patron de GM Europe, Carl-Peter Forster.

Le Royaume-Uni devrait annoncer cette semaine un recul du produit intérieur brut de 0,2% pour le troisième trimestre, après une croissance zéro au deuxième.

Pour l’heure, les dirigeants européens ont exclu un grand plan coordonné de relance économique, à l’instar de celui adopté pour le secteur bancaire.

Et chaque pays agit de façon indépendante. Le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, s’est ainsi engagé à augmenter les dépenses publiques pour échapper à la récession.

Aux Etats-Unis, les démocrates envisagent un plan de relance pour “reconstruire l’Amérique”, d’un montant de 150 milliards de dollars, avant même l’entrée en fonction du prochain président en janvier.

Signe du ralentissement économique, la chute des cours du pétrole, divisés par deux depuis l’été à environ 70 dollars. Un plongeon qui a poussé l’Opep à avancer sa prochaine réunion au 24 octobre.