Le président de la Fed en faveur d’un second plan de relance

[20/10/2008 20:19:39] WASHINGTON (AFP)

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ésident de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, le 20 octobre 2008 à Washington (Photo : Win Mcnamee)

Le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, s’est prononcé lundi en faveur de l’adoption d’un second plan de relance aux Etats-Unis, alors que la première économie mondiale semble être entrée en récession.

“Avec une économie qui sera probablement faible pendant plusieurs trimestres, et un certain risque d’un ralentissement prolongé, l’examen d’un plan budgétaire (de relance, ndlr) par le Congrès dans le contexte actuel semble approprié”, a affirmé M. Bernanke lors d’une audition par la commission du Budget de la Chambre des représentants.

La Fed a considérablement abaissé son taux directeur depuis l’été 2007 et l’éclatement de la crise des prêts hypothécaires à risques (“subprime”), le faisant passer de 4,75% à 1,50%.

Mais, selon M. Bernanke, “le rythme de l’activité économique va probablement être inférieur à son potentiel pendant plusieurs trimestres”, ce qui fait que les mesures monétaires ne seront pas suffisantes à elles seules.

Un premier plan de relance de l’économie avait été adopté par le Congrès en janvier et mis en place au printemps. D’un montant de 168 milliards de dollars, essentiellement sous forme de remboursement d’impôts, il avait eu un effet jugé positif par les économistes, mais très provisoire.

“Avec ces perspectives inhabituellement incertaines, le timing, l’échelle et la composition optimaux de tout plan budgétaire ne sont pas évidents”, a reconnu M. Bernanke. Mais il a plaidé pour certains “principes” devant guider les réflexions du législateur.

“Dans l’idéal, un plan budgétaire ne stimulerait pas seulement la dépense globale et l’activité économique mais devrait aussi avoir pour objectif de régler certains facteurs qui ont le potentiel de prolonger ou d’accroître le ralentissement économique”, selon M. Bernanke.

“Si le Congrès met en place un plan budgétaire, il devrait examiner la possibilité d’y inclure des mesures pour améliorer l’accès au crédit pour les consommateurs, les candidats à la propriété, les entreprises, et d’autres emprunteurs”, a indiqué le président de la Fed.

“Le Congrès a une multitude d’outils qui pourraient s’attaquer à certains des problèmes du crédit qui sont, comme je l’ai dit, centraux dans le ralentissement économique. Selon les cas, il peut envisager des garanties, ou des garanties partielles, il peut examiner des prêts directs, il peut examiner des crédits d’impôts”, a précisé M. Bernanke.

Les démocrates, qui contrôlent le Congrès, se sont déjà prononcés en faveur d’un plan de relance de 150 milliards de dollars.

“J’appelle le président Bush et les Républicains du Congrès à une fois encore suivre le conseil du président Bernanke et, comme ils l’avaient fait en janvier, à travailler avec les Démocrates pour adopter un plan de rétablissement économique et de création d’emplois ciblé, au bon moment, et responsable” sur le plan budgétaire, a affirmé la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

“Si le Congrès doit prendre des mesures, cela devrait être à travers une politique de réduction d’impôts agissant rapidement qui stimule les incitations à investir et crée des emplois”, lui a rétorqué le républicain Paul Ryan.

Le président de la Fed a distingué plusieurs raisons justifiant ce plan.

“Le temps qui sera nécessaire pour une normalisation financière et les effets des problèmes actuels de crédit sur l’économie au sens large sont difficiles à juger”, a-t-il prévenu.

Il a ajouté que “la construction résidentielle devrait continuer à se contracter l’année prochaine” et que la contribution du commerce extérieure “devrait être moins importante au moment où la croissance mondiale ralentit”.

Dans son livre beige, publié la semaine dernière, la Fed avait accrédité le scénario d’une récession, relevant qu’en septembre, “les dépenses de consommation (avaient) baissé dans la plupart des régions”, alors que celles-ci contribuent traditionnellement pour les deux tiers à la croissance du pays.