énéral du FMI, Dominique Strauss-Kahn, le 9 octobre 2008 au siège du FMI, à Washington (Photo : Alex Wong) |
[20/10/2008 17:35:39] WASHINGTON (AFP) L’ouverture d’une enquête pour favoritisme à l’encontre du directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn tombe mal alors que cet économiste respecté ambitionnait un nouveau rôle pour le FMI à la faveur de la crise du système financier.
Le FMI a confirmé samedi avoir lancé cette procédure pour déterminer si M. Strauss-Kahn aurait favorisé une subordonnée avec lequel il aurait entretenu des relations intimes. “L’enquête vise à savoir dans quelles conditions elle a quitté le FMI puisqu’elle a adhéré au processus de guichets-départ de l’été passé”, a précisé à l’AFP une source proche de M. Strauss-Kahn.
591 personnes, sur un total de 2.900, avaient alors quitté l’institution multilatérale, qui est actuellement très déficitaire et lutte pour regagner son lustre perdu.
Les investigations sont menées par un cabinet d’avocats extérieur au FMI à l’initiative du doyen de l’institution, Shakour Shaalan, qui représente l’Egypte et d’autres pays arabes au conseil d’administration. Les conclusions seront rendues “d’ici la fin du mois”, selon un porte-parole du FMI.
M. Strauss-Kahn a indiqué samedi dans un communiqué apporter “son plein soutien” et “coopérer” à l’enquête portant “sur un incident survenu dans (sa) vie privée en janvier 2008”. Il a assuré “n’avoir jamais abusé de (sa) position de directeur du Fonds”.
Pour cet ancien ministre français des Finances, penseur économique keynésien, l’affaire tombe mal. Début octobre, au beau milieu de la tempête financière, il avait jugé nécessaire une réforme des instances régulant le système financier. La France par la voix de son président Nicolas Sarkozy et la Grande-Bretagne via son Premier ministre Gordon Brown ont défendu ces dernières semaines l’idée d’un rôle prééminent pour le FMI dans la refonte du système.
“Il faut qu’on change les choses sur les pratiques de régulation, d’organisation du système financier, de contrôle du système financier. Il faut qu’on change les choses sur l’organisation de la gouvernance mondiale”, avait déclaré M. Strauss-Kahn, le 9 octobre lors de l’assemblée générale du FMI.
“Cette idée qu’on a besoin d’une régulation nouvelle, il faut commencer à la mettre en oeuvre dès maintenant et il y a des institutions qui sont disposées à y participer”, avait ajouté l’ancien ministre socialiste, sans faire mystère de l’intérêt du FMI.
L’enquête en cours pourrait fragiliser la position de M. Strauss-Kahn même si son entourage a indiqué “ne pas disposer d’éléments” laissant supposer que l’enquête soit motivée par une volonté de le déstabiliser ou d’affaiblir le rôle du FMI.
Pour Mark Weisbrot, co-directeur du Center for Economic and Policy Research (centre de recherche classé à gauche), l’important c’est que l’enquête “n’aboutisse pas à distraire les gens des vrais problèmes, à savoir que le FMI n’est pas compétent pour jouer un tel rôle”.
Le FMI vient de recevoir mandat d’analyser la crise financière qui a éclaté d’abord à l’été 2007 sur le marché américain des crédits immobiliers à haut risques et de proposer des solutions pour prévenir les tempêtes financières.
à New York, le 8 mai 20 (Photo : Stan Honda) |
“Je ne pense pas qu’ils soient qualifiés pour ça. Pendant la dernière grande crise, en Asie, ils ont provoqué d’énormes dégâts. Ils ont un historique de prescription des mauvaises politiques quand l’économie va mal”, a expliqué à l’AFP M. Weisbrot. “Ils ont été l’un des principaux promoteurs de la dérégulation des flux de capitaux”, a encore fustigé l’économiste.
Le FMI a vu son rôle très critiqué ces dernières années pour avoir mené dans les années 90 une politique consistant à prêter dans l’urgence des fonds à des pays en crise, en contrepartie de conseils d’austérité budgétaire aux conséquences sociales souvent tragiques.
Pour M. Weisbrot, DSK est dans une meilleure posture que Paul Wolfowitz, l’ex-patron de la Banque mondiale contraint de démissionner en mai 2007 après avoir été accusé d’avoir indûment assuré l’avancement de sa compagne, employée de la BM. “Wolfowitz avait dégoûté tout son staff. Je n’ai pas l’impression que les employés du FMI aient des griefs contre DSK”, a-t-il ajouté.