Le piratage du compte de M. Sarkozy, “classique et facile à réaliser”

photo_1224522294260-1-1.jpg
à Paris, près d’un clavier d’ordinateur, dans les locaux de “Zi HackAdemy”, une école de hackers (Photo : Joël Saget)

[20/10/2008 17:31:03] PARIS (AFP) Le piratage du compte bancaire de Nicolas Sarkozy est un type d’escroquerie “classique et facile à réaliser”, selon les policiers, et touche souvent des dizaines de victimes à la fois.

Le ou les escrocs soupçonnés d’avoir piraté M. Sarkozy “ne savaient sans doute pas qu’il s’agissait du compte du président”, a-t-on indiqué ce week-end de source proche de l’enquête.

Le ou les auteurs se sont servi des coordonnées bancaires du chef de l’Etat pour ouvrir, selon la source, un ou plusieurs abonnements de téléphones portables.

Il s’agit “d’un classique piratage informatique, sans doute dû à un ou des escrocs de faible envergure”, a-t-on précisé, ajoutant que les investigations se poursuivent.

Il y a apparemment “d’autres victimes”, selon la source, “comme à chaque fois dans ce genre d’affaire classique et facile à réaliser” et qui “fait des dizaines de victimes à la fois”, ont indiqué lundi des sources policières.

“Pishing” (attaque informatique par l’intermédiaire d’un spam) ou “skimming” (piratage de données bancaires) sont en effet, selon ces sources, “en pleine expansion” et “+plombent+ les chiffres de la délinquance”.

Selon le dernier bilan mensuel de l’Observatoire national de la délinquance (OND), entre octobre 2007 et septembre 2008, le nombre d’escroqueries et infractions économiques est ainsi en augmentation de 8,9%, une tendance habituelle depuis quelques années.

Les piratages, informatiques pour une grande part, sont l’une des raisons de cette augmentation qualifiée par la police d'”exponentielle”.

Le Journal du Dimanche a révélé que Nicolas Sarkozy avait déposé plainte courant septembre et que, “dans la plus grande discrétion”, le procureur de la République de Nanterre (Hauts-de-Seine), Philippe Courroye, a aussitôt saisi la brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres ainsi que la brigade financière.

“C’est une démarche logique (de saisir ces deux brigades, ndlr) s’agissant d’un chef de l’Etat comme victime”, ont encore dit ces sources policières, même si l’affaire semble relever de l’ordinaire à les entendre.

Dimanche, le secrétaire d’Etat à la Consommation Luc Chatel n’a pas exclu des “sanctions” au sein de la banque s’il y avait eu “mauvaise utilisation des données personnelles”.

Cette affaire prouve que le “système de consultation par internet n’est pas infaillible”, a-t-il relevé.

“Les consommateurs”, a ajouté M. Chatel, “font une confiance totale à leur banque, ils donnent des informations qui sont très personnelles, il est normal qu’on contrôle l’utilisation de ces données”.

Comme le chef de l’Etat, les “consommateurs” victimes de ce genre d’escroquerie doivent déposer plainte afin notamment de prouver leur bonne foi.

Une note parvenue lundi à l’AFP montre que ce ne sera peut-être plus le cas.

Signée d’un gradé de la gendarmerie d’Eure-et-Loir, la note demande aux enquêteurs de préférer un procès-verbal de “renseignement judiciaire” plutôt qu’une plainte.

L’auteur argue que “les dépôts de plainte liés aux usages frauduleux de moyens de paiement”, sutout de cartes bancaires, “réprésentent une charge non négligeable” pour les enquêteurs, “notamment en terme de statistiques”, pour des “résultats souvent voués à l’échec”.