Crise financière : l’heure de vérité

La semaine du lundi 13 au vendredi 17 s’est déroulée,
cahin-caha, en oscillant au gré d’un angoissant yo-yo boursier. Le rebond du
début a très vite été enrayé par une rechute à cause du mouvement regrettable –
précipité ou inconscient ? – de prise de bénéfices. Ce geste était très
maladroit parce qu’il faisait fi du retour de confiance. La planète financière
resserrait les rangs et le scénario du pire a été évité car le calendrier
politique observé par l’eurogroupe était un signal fort adressé aux investisseurs.

L’ère de la gouvernance

L’eurogroupe en arrêtant son plan de sauvetage en cinq points, confortait les
deux plans anglais et américains. Les principaux Etats ont joué la solidarité à
fond et un front de résistance se mettait en place. Cela signifiait aussi un
retour de la visibilité car l’on voyait le bout du tunnel. Mieux encore, après
la solidarité convenue, on savait que le principal Firewall a été activé. Les
Etats ont pris à témoin les opinions pour s’engager à secourir le système.
L’idée nouvelle était que le marché ne devait plus être livré à lui-même. L’on
avait bel et bien sacrifié le dogme du laissez-faire inaugurant l’ère de la
gouvernance. Ce consensus sert de filet de sécurité au marché qui se reprenait.

L’union européenne monte au filet

A présent que le plan de sauvetage est entré en action, il fallait valider
l’objectif de refondation du marché financier. Il fallait conforter cette
initiative par une base politique. C’est dans cet esprit que le mardi 14 octobre
l’eurogroupe a fait agréer le plan de sauvetage par l’ensemble des 27 pays . De
ce fait le samedi 18 quand Nicolas sarkozy, en sa qualité de président du
Conseil de l’Europe et Emmanuel Barroso président de la commission Européenne
ont rencontré le Président Georges Bush à Camp David, ils avaient suffisamment
de poids pour plaider empêchant un veto américain.

Capitalisme contrôlé contre capitalisme démocratique

Samedi donc la fièvre est définitivement retombée. La crise était bel et bien
derrière nous. A Camp David les principaux pays ont convenu de se réunir dans
l’urgence dans le cadre du G7. Le plus important ici est que le G7 accepte de se
réunir dans le cadre emblématique des nations unies. Cette initiative donc se
prévaut d’un sous jacent apaisant. On sait que le G7 ne fera pas que se soucier
de ses seuls intérêts mais se rangera sous la houlette de la légalité
internationale. Cet acte de discipline est fort heureux. L’égoisme financier est
tenu en échec. Cependant tout en se rangeant à l’idée d’une action conjuguée
pour juguler la crise les Etats-Unis sont encore réticents à l’idée d’un
bouleversement doctrinaire du capitalisme. Quand le président du conseil de
l’Europe saluait le capitalisme de l’avenir, le président Bush a marqué le ho là
en faisant comprendre que le capitalisme démocratique, à la mode américaine ne
devait pas être fossoyé. La bataille attendue se jouera sur cette question
épineuse. Pour les européens la question est très simple. Le moment est propice
pour redonner la main au FMI avec pleine fonctionnalité de supervision et de
contrôle. Emanation politique de la souveraineté collective des Etats, cette
autorité ne saurait se défausser comme le réseau de supervision constitué par
les agences indépendantes de notation. La question est donc de savoir si le
capitalisme acceptera d’aliéner son principe fondateur de laissez faire au prix
d’une régulation sécurisée. L’alternative est là. Il faut avoir le courage de
choisir. De toutes façons les marchés n’ont pas voté contre. Dés le lundi 20
octobre ils étaient au vert. Leur message est clair, ils ne désavouent pas cette
orientation et quand les marchés s’expriment, c’est de l’argent comptant.