Sarkozy à Strasbourg relance son idée de gouvernement économique de la zone euro

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à Srtrasbourg (Photo : Dominique Faget)

[21/10/2008 10:33:54] STRASBOURG (AFP) Le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy a relancé mardi à la lumière de la crise financière son idée de faire émerger en zone euro un véritable gouvernement économique, malgré les réticences de l’Allemagne.

“Il n’est pas possible que la zone euro continue sans gouvernement économique clairement identifié”, a-t-il déclaré devant le Parlement européen à Strasbourg, dans un discours sur les leçons à tirer de la tornade financière du mois écoulé.

Quand des crises prennent de telles proportions, “la seule réunion des ministres des Finances n’est pas à la hauteur”, a-t-il ajouté en soulignant que seuls les chefs d’Etat et de gouvernement “disposent de la légitimité démocratique”.

Ce gouvernement économique, aux contours encore flous, est depuis de nombreuses années une idée chère à la France, qui milite pour un pilotage politique de la zone euro face à la toute puissance de la Banque centrale européenne, seule institution fédérale des pays utilisant la monnaie unique.

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éen le 21 octobre 2008 à Strasbourg (Photo : Frederick Florin)

Paris avait tenté un première fois de la ressortir au printemps dernier, peu avant sa présidence semestrielle de l’Union européenne qui a débuté en juillet, en évoquant la convocation d’un sommet des chefs d’Etat de la zone euro. Mais La France avait dû rapidement faire machine arrière devant l’opposition de l’Allemagne, qui soupçonne Paris de vouloir surtout remettre en cause l’indépendance de la Banque centrale européenne, régulièrement accusée d’être obnubilée par la lutte contre l’inflation et de maintenir en conséquence des taux d’intérêt trop élevés.

La crise financière a fourni au président Sarkozy l’occasion de la mettre en pratique: ce sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro (15 pays) s’est tenu le 12 août à Paris pour décider d’un plan de sauvetage coordonné des banques. Ce plan, qui a été par la suite entériné par les 27 pays de l’UE et imité par les Etats-Unis, a placé M. Sarkozy en position de force face à la chancelière allemande Angela Merkel, affaiblie après avoir hésité à se rallier à une solution européenne face à la crise.

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éen le 21 octobre 2008 à Strasbourg (Photo : Dominique Faget)

“La Banque centrale européenne doit être indépendante” mais l’institut monétaire de Francfort, qui gère l’euro, “doit pouvoir discuter avec un gouvernement économique”, a souligné mardi M. Sarkozy. Le chef de l’Etat a souligné l’importance pour l’Europe de parler d’une “voix forte” dans la crise financière. A ce sujet, il a annoncé la convocation prochaine d’un sommet extraordinaire de l’UE pour préparer les réunions mondiales à venir sur la refonte du système financier international. “J’aurai l’occasion de proposer à mes partenaires chefs d’Etat et de gouvernement une réunion pour préparer ces sommets”, a-t-il dit.

L’Europe “doit porter l’idée d’une refondation du capitalisme mondial”, a souligné M. Sarkozy, en pointant du doigt tout particulièrement le rôle des paradis fiscaux, et en demandant un nouveau système monétaire. Il a réaffirmé à ce sujet son souhait de voir les grandes économies émergentes comme la Chine et l’Inde associées aux grandes puissances du G8 pour les sommets mondiaux.

Ce sera “tout l’objet du déplacement en Chine, pour convaincre les puissances asiatiques de participer à cette refondation”, a-t-il dit, en référence au prochain sommet de l’Asem qui réunira 43 pays d’Europe et d’Asie à Pékin vendredi et samedi. M. Sarkozy a par ailleurs réaffirmé son engagement à tenir le calendrier et les objectifs du plan européen contre le réchauffement climatique, malgré l’opposition croissante de certains pays du fait de la crise économique.

Ce plan prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici 2020.