Le pétrole repart à la baisse à cause des craintes de récession mondiale

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à essence (Photo : Behrouz Mehri)

[21/10/2008 10:45:44] LONDRES (AFP) Le pétrole repartait à la baisse mardi matin, interrompant deux séances de rebond, le marché se mettant à douter qu’une baisse de la production de l’Opep suffise à enrayer la chute des prix, face aux craintes grandissantes de récession économique mondiale.

Vers 10H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en décembre s’échangeait en baisse de 50 cents à 71,53 dollars sur l’InterContinental Exchange (ICE) de Londres.

Pendant ce temps, le baril de “light sweet crude” pour livraison en novembre cédait 29 cents à 73,96 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

“Même si l’Opep réduit sa production, cela ne devrait pas suffire à stabiliser les prix, étant donnée les craintes sur la demande liées à l’impact d’une récession mondiale durable et profonde”, a commenté Veronica Smart, analyste du cabinet Energy Information Centre.

Les prix avaient repris 4 dollars au cours des deux dernières séances, à la perspective d’une réduction significative de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui va se réunir en urgence vendredi à Vienne.

Samedi, le ministre algérien de l’Energie et président en exercice de l’Opep Chakib Khelil, a déclaré qu’il “y aura une baisse de la production”, qui doit être “importante”. Lui emboîtant le pas, plusieurs ministres du cartel ont avancé des chiffres allant de 1 à 3 millions de barils. Le ministre iranien du pétrole a ainsi estimé dans la matinée que l’Opep devrait réduire sa production de 2 à 2,5 millions de barils par jour pour stabiliser le marché.

Mardi matin, le marché semblait toutefois douter que ces mesures suffisent à freiner la chute des prix, d’autant que toute baisse de la production augmente mécaniquement le “coussin de sécurité” de l’Opep, ce qui amortit l’impact possible sur les prix des problèmes géopolitiques. “La capacité de production excédentaire de l’Opep augmente, ce qui est favorable à de nouvelles baisses de prix”, observait ainsi Veronica Smart.

En cas de violences au Nigeria, par exemple, l’Arabie saoudite pourrait compenser très rapidement une interruption de la production et fournir au marché les barils manquants. Signe que le marché reste engagé dans une tendance baissière, “le nombre d’options sur un barils à 50 dollars a beaucoup augmenté ces derniers jours”, rapportait Veronica Smart. En d’autres termes, les courtiers sont de plus en plus nombreux à parier sur l’atteinte dans les prochaines semaines du seuil de 50 dollars.

Ce scenario avait été évoqué la semaine dernière par la banque américaine Goldman Sachs, pourtant notoirement haussière.

Les liquidations étaient en outre encouragées par un regain du dollar, érodant le pouvoir d’achat des investisseurs hors zone dollar pour les matières vendues en devises américaines. L’euro s’est rapproché du seuil de 1,32 dollar, plus franchi depuis le 15 mars, après avoir touché un nouveau plus bas depuis le 16 mars, à 1,3208 dollar vers 07H40 GMT.

N’ayant d’yeux que pour la demande, le marché ignorait une annonce théoriquement de nature à soutenir les cours du brut : la compagnie pétrolière nationale Petroleos Mexicanos (Pemex) a annoncé que sa production avait baissé de 9,7% au cours des trois premiers trimestres 2008, comparée à la même période de 2007, à 2,822 millions de barils/jour en moyenne, confirmant un déclin persistant dû à l’épuisement inexorable des gisements.