ée du siège de la Caisse d’Epargne, le 19 octobre 2008 à Paris (Photo : Bertrand Langlois) |
[21/10/2008 12:21:03] PARIS (AFP) Les syndicats de la Caisse d’Epargne soulignent qu’ils avaient dénoncé dès 2006 les “dérives spéculatives” de l’établissement et craignent que les suppressions d’emplois programmées n’affaiblissent encore l’Ecureuil, mais cette fois sur son fonds de commerce, la banque de proximité.
En janvier, peu après l’aggravation des difficultés financières de sa filiale Natixis, l’Ecureuil avait annoncé aux syndicats la suppression de 4.500 postes d’ici 2012, soit près de 12% des 41 à 42.000 salariés, et la fermeture d’un millier d’agences, un choix contesté par les élus du personnel.
“Ce chiffre de mille agences n’a été ni justifié, ni expliqué, ni confirmé”, s’interroge, Claude Bertrand, élu CFDT au comité de groupe de l’Ecureuil.
“Qu’il faille regrouper des agences pour mieux servir la clientèle des PME, pourquoi pas. Mais fermer mille agences c’est rayer toute présence bancaire dans des quartiers où nous sommes les seuls, avec la Poste”, observe le syndicaliste.
Selon lui, il est encore trop tôt pour savoir si l’arrivée d’une nouvelle équipe de direction va modifier la donne. “Le nouveau président du directoire, Bernard Comolet, est un professionnel, un banquier fiable et reconnu”, observe Serge Flage, expert-comptable pour le compte du comité d’entreprise.
M. Flage rappelle qu’un de ses rapports avait attiré l’attention dès 1999 sur la nomination des directeurs de caisses régionales sur proposition du directoire de la Caisse nationale, un système qualifié de “quasi-soviétique” par Bruno Aguirre, secrétaire général Force Ouvrière.
“Les élus du personnel n’ont cessé de freiner la prise de risque dans la banque d’affaires, rappelle M. Aguirre, en égrenant les nombreux tracts diffusés par FO au moment des diversifications les plus contestées, pour la plupart rédigés avec un gros effort de pédagogie.
Entre l’automne 2006 et le printemps 2007, l’Ecureuil était devenu actionnaire à environ 35% de la banque d’affaires Natixis et du promoteur immobilier Nexity, dont les valeurs boursières ont depuis fondu de plus de 85%.
Un autre tract, de l’UNSA, premier syndicat de l’Ecureuil, menaçait même de “faire intervenir les inspections du travail” lors de l’entrée en Bourse de Natixis en novembre 2006, à laquelle ont souscrit 2,8 millions de français, dont 1,5 million dans les réseaux de l’Ecureuil et des Banques populaires.
“De partout, les équipes commerciales sont informées” d’objectifs “démentiels de ventes d’actions Natixis par agent. Le tout accompagné d’un arsenal spécifique de contraintes: congés interdits voire annulés, travail en nocturne, le week-end, formations supprimées, personnel des services en renfort d’agences”, s’insurgeait le tract.
La CGT avait pour sa part diffusé à 30.000 exemplaires un document de 4 pages consacré à la création de Natixis et titré “un formidable outil de détournement de fonds”, illustré par un gigantesque organigramme du groupe.
“Les cadres de la banque lisent en général peu les tracts mais celui-ci avait eu du succès. Le problème est que ce succès n’a débouché sur rien. En fait, les syndicats peuvent dire tout ce qu’ils veulent, ils n’ont aucun pouvoir”, déplore Jean-Paul Krief, le délégué CGT central.
A la CFDT, Claude Bertrand, se souvient lui d’avoir été écouté par les politiques, à qui l’intersyndicale s’était adressée, mais pas suffisamment.
“Les commissions des affaires sociales du Sénat et de l’Assemblée avaient accepté de nous recevoir mais pas forcément de nous entendre. On sentait bien que pour eux les syndicalistes doivent se contenter de parler pouvoir d’achat”, raconte-t-il.