Risque de récession : les Européens n’envisagent que des mesures ciblées

[21/10/2008 15:15:33] BRUXELLES (AFP)

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çais François Fillon à Paris le 20 octobre 2008 (Photo : Eric Piermont)

Les pays de l’UE ont commencé à annoncer de timides mesures de soutien à leurs économies face au risque de récession, mais pourraient avoir à passer à la vitesse supérieure dans les semaines qui viennent, comme les y invite déjà le FMI.

Les mesures annoncées jusqu’ici visent surtout à stimuler la distribution de crédit et aux PME, perçues comme moteur de la croissance économique.

En France, le Premier ministre François Fillon a annoncé lundi que les banques avaient pris l’engagement d'”augmenter” de 3 à 4% “en rythme annuel” le montant global de leurs prêts. Nicolas Sarkozy doit aussi annoncer jeudi des “mesures de soutien à l’économie”.

En Belgique, le Premier ministre Yves Leterme pense notamment “aux garanties sur les crédits à l’exportation” et “aux facilités bancaires”.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a dévoilé mardi un plan pour aider les petites et moyennes entreprises. Il envisage aussi d’augmenter ses dépenses publiques et de les recentrer sur le logement et l’énergie.

La chancelière allemande Angela Merkel a elle demandé lundi à ses ministres de faire des propositions pour “des mesures ponctuelles et ciblées”, qui pourraient concerner la rénovation écologique des bâtiments ou une aide fiscale à l’achat de nouvelles voitures.

“A part peut-être en Allemagne, le principal moteur de la la croissance dans la zone euro ces cinq dernières années, c’est le crédit aux ménages. C’est pas une mauvais idée de demander des garanties aux banques en terme de politique de crédit auprès des PME et des ménages”, explique Sylvain Broyer, analyste chez Ixis-Cib.

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ère allemande Angela Merkel à Berlin le 20 octobre 2008 (Photo : Clemens Bilan)

La Banque européenne d’investissement (BEI) a d’ailleurs déjà prévu de son côté un programme de 30 milliards d’euros de prêts accordés sur quatre ans pour les PME.

Mais avec l’aggravation de la crise économique et la hausse prévisible du chômage, “les discussions sur des plans de relance vont reprendre de l’ampleur”, prédit M. Broyer.

Mardi, le Fonds monétaire international a à nouveau incité les gouvernements européens à aller dans ce sens, en les appelant à “recourir à la politique budgétaire pour amortir l’impact de la détérioration de la conjoncture”.

Les dispositions du Pacte de stabilité “sont plus souples qu’on ne le pense”, a-t-il estimé, laissant entendre que la limite de déficit de 3% du PIB autorisé par ce pacte n’a plus lieu d’être en période de récession.

Au sommet européen de la semaine dernière, les dirigeants de l’UE avaient écarté tout grand plan de relance européen, en indiquant simplement qu’ils prendraient les mesures ciblées “nécessaires” au soutien de la croissance et l’emploi.

Le président français Nicolas Sarkozy, tout en réitérant sa demande d’aides pour les constructeurs automobiles européens, a néanmoins prôné à nouveau au Parlement européen à Strasbourg un plan européen coordonné de relance économique.

“Cela ne veut pas dire qu’on va vider les caisses, faire de la relance en dépensant l’argent qu’on n’a pas. Mais est-ce que ça ne mériterait pas qu’on en parle entre nous pour construire une réponse coordonnée?”, a-t-il expliqué.

“Je ne peux pas imaginer qu’on m’explique que face à la crise financière, il faut une réponse européenne et que face à la crise économique, il ne faut pas une réponse européenne”, a-t-il ajouté.

Pour Cédric Thellier, de la banque Natixis, le plus probable est cependant que les gouvernements européens annoncent des mesures ciblées “au fil de l’eau. On n’en est pas à ouvrir complètement les vannes”.