[21/10/2008 23:21:09] STRASBOURG (AFP)
éen le 21 octobre 2008 à Strasbourg (Photo : Dominique Faget) |
Le président français Nicolas Sarkozy a relancé mardi son idée controversée de gouvernement économique en zone euro, après la crise financière, et plaidé pour des prises de participation des Etats européens dans les entreprises stratégiques.
“Il n’est pas possible que la zone euro continue sans gouvernement économique clairement identifié”, a-t-il déclaré dans un discours, devant le Parlement européen à Strasbourg, sur les leçons à tirer de la tornade financière du mois écoulé.
Ce gouvernement, aux contours encore flous, est depuis de nombreuses années une idée chère à la France. Elle milite pour un pilotage politique de la zone euro au plus haut niveau, celui des chefs d’Etat, face à la toute puissance de la Banque centrale européenne (BCE) chargée de gérer la monnaie commune.
Pour l’heure, seuls les ministres des Finances de la zone se réunissent de manière régulière, chaque mois, au sein de l’Eurogroupe.
Mais la France a créé un précédent en organisant le 12 octobre un sommet des chefs d’Etat de la seule zone euro à Paris pour mettre au point un plan coordonné de sauvetage des banques de près de 2.000 milliards d’euros.
M. Sarkozy espère recommencer l’expérience. “On ne pourra pas passer les huit prochaines années sans se réunir à nouveau” au plus haut niveau, a-t-il dit lors d’une conférence de presse après son discours.
à la réunion de l’Eurogroupe le 12 octobre 2008 sur perron de l’Eylsée à Paris (Photo : Boris Horvat) |
L’idée d’organiser une telle rencontre de manière régulière, pourquoi pas chaque année, doit être examinée, selon lui.
Paris avait tenté une première fois au printemps de ressortir son idée de gouvernement économique, avant de devoir rapidement battre en retraite devant l’opposition de l’Allemagne, qui soupçonne surtout Paris de vouloir remettre en cause l’indépendance de la BCE.
Une inquiétude également exprimée mardi par la Commission européenne. Il est important de “ne pas mettre en cause l’indépendance de la banque centrale” avec cette idée, a prévenu son président José Manuel Barroso.
Ce “gouvernement économique” donnerait, dans l’esprit de M. Sarkozy, la possibilité à la zone euro de discuter d’une politique économique coordonnée face aux conséquences de la crise.
Il a proposé concrètement que les gouvernements, via des fonds souverains (des fonds d’investissement gérant l’épargne des Etats) achètent de manière concertée des participations dans des entreprises industrielles stratégiques, dont les cours ont chuté en Bourse. Objectif: les protéger de prédateurs étrangers, comme dans l’énergie.
ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso (g.) au Parlement européen à Strasbourg le 21 ocotbre 2008 (Photo : Dominique Faget) |
Une recette voisine de celle appliquée aux banques recapitalisées par les pouvoirs publics. Cela permettrait d’apporter “une réponse industrielle à la crise”, a estimé M. Sarkozy.
L’idée a toutefois été immédiatement rejetée par le ministre allemand de l’Economie Michael Glos.
“La proposition française de protéger l’industrie européenne contre une reprise par des fonds d’Etat étrangers grâce à des participations étatiques contredit tous les principes d’une politique économique couronnée de succès”, a-t-il tancé dans un entretien au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) à paraître mercredi.
Sur la refonte du système financier mondial, M. Sarkozy a par ailleurs réaffirmé son souhait de voir les grandes économies émergentes comme la Chine et l’Inde associées aux grandes puissances du G8 pour les sommets mondiaux à venir, dont les Etats-Unis ont accepté le principe.
Mais l’Espagne, qui ne fait partie du G8 (seules la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie y siègent pour l’Europe) a fait part de sa mauvaise humeur. “L’Espagne, pour des raisons objectives et étant donné son poids économique, doit participer” à ces sommets, a estimé le chef de gouvernement espagnol.