ège de La Redoute à Roubaix, le 21 octobre 2008 (Photo : Denis Charlet) |
[21/10/2008 17:12:07] PARIS (AFP) La Camif et la Redoute, deux acteurs historiques de la vente par correspondance en France, paient le prix de l’effritement depuis quelques années de ce secteur traditionnel face à l’essor des sites internet, en particulier dans le secteur de l’habillement.
La Redoute (Redcats, groupe PPR), qui emploie 5.000 salariés, vient d’annoncer son intention de supprimer 672 emplois d’ici 4 ans, et de fermer ses 81 points de contact avec la clientèle. L’objectif affiché est de réorganiser ce mastodonte fort de 18 millions de clients face à la concurrence d’internet.
Il y a deux mois, la Camif, qui emploie 1.370 salariés, avait annoncé la suppression de 509 postes, plombée par sa filiale Camif Particuliers en difficulté financière, après avoir déjà réduit son effectif d’un quart lors de deux plans de redressement en 2005 et 2007.
Visant un retour à l’équilibre en 2010, ses dirigeants ont mis sur pied un sévère plan de redressement de cette filiale, avec l’arrêt de la vente d’habillement et d’articles high-tech dès cet automne, le développement de la vente sur internet et une offre plus haut de gamme de produits d’ameublement.
Pour ces poids lourds de la vente par correspondance (VPC), l’origine de leurs maux est la même: internet s’est peu à peu imposé comme le vecteur priviligié de la vente à distance et les structures traditionnelles des groupes ne sont plus adaptées, en dépit de leurs efforts dans la vente en ligne.
La Redoute, basée à Roubaix (Nord) a lancé son premier catalogue en 1928 tandis que la Camif, à Niort (Deux-Sèvres), a été fondée en 1947 par le groupe d’assurance mutualiste Maif pour aider les enseignants à s’équiper après la guerre.
“La VPC, qui vit aujourd’hui une révolution, va devoir s’adapter rapidement pour affronter l’environnement concurrentiel d’internet où un nouveau site marchand se crée toutes les heures et où les consommateurs peuvent très facilement comparer les prix”, explique Marc Lolivier, délégué général de la Fédération des entreprises de vente à distance (Fevad).
Selon lui, les groupes de VPC, qui affrontent notamment des entreprises uniquement présentes sur internet (ou “opérateurs purs”), vont devoir faire évoluer leur catalogue pour diriger les clients vers leur site internet.
Selon une étude publiée début octobre par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), internet est devenu le premier mode de vente à distance en France, utilisé par 55% de la population sur les douze derniers mois.
La vente par courrier est encore utilisée par 44% des Français tandis que celle par téléphone réalise 27% de parts de marché.
L’achat en ligne s’est en effet démocratisé. Si le e-commerce était prisé des jeunes cadres parisiens début 2000 à la recherche de produits high tech, il est devenu plus grand public, avec une offre élargie, selon une récente étude de Médiamétrie réalisée pour la Fevad.
Selon l’Institut français de la mode (IFM), les ventes de vêtement en ligne représentaient au premier semestre 4,5% de l’ensemble des dépenses d’habillement des Français, contre 3,8% un an plus tôt.
Avec le développement de la vente en ligne dans des secteurs traditionnels, comme l’habillement, “le poids relatif des spécialistes historiques des catalogues va continuer à s’effriter au profit des autres acteurs” du secteur, juge de son côté l’IFM.