[23/10/2008 12:54:21] KOWEIT (AFP)
à Téhéran (Photo : Atta Kenare) |
L’Arabie saoudite, cheville ouvrière de l’Opep, et ses partenaires modérés du Golfe devraient résister aux demandes d’une réduction importante de la production du cartel pour ne pas ajouter aux difficultés de l’économie mondiale menacée de récession, estiment des analystes de la région.
Le Koweït a donné le ton, son ministre du Pétrole, Mohammad al-Olaim, déclarant, avant de se rendre jeudi à Vienne à la veille d’une réunion d’urgence de l’Opep, que l’organisation devait tenir compte de la crise financière internationale.
“Il y a un excédent sur le marché (…) et, dans tous les cas, des mesures doivent être prises tôt ou tard” pour y remédier, a dit à la presse.
Mais “nous sommes inquiets de la crise financière en cours et je pense que toute action doit en tenir compte”, a ajouté M. Olaim.
à Téhéran (Photo : Atta Kenare) |
Les “durs” du cartel à l’instar de l’Iran, son deuxième producteur, plaident pour une baisse importante de la production à Vienne pour stopper la chute des prix.
A son arrivée jeudi dans la capitale autrichienne, le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari, a ainsi déclaré qu’une baisse d’environ deux millions de barils par jour (mbj) devrait “stabiliser le marché”.
Mais l’économiste saoudien, Abdelwahab Abou Dahech, a estimé que “le maximum de ce que l’Arabie saoudite est prête à faire est de retirer les barils supplémentaires qu’elle a commencé à pomper cet été pour calmer le marché qui était à la hausse”.
Ryad avait alors augmenté sa production de 500.000 barils par jour à 9,7 mbj sous la pression de pays occidentaux inquiets de la montée en flèche des prix.
L’Arabie saoudite assure avec les Emirats arabes unis, le Koweït et le Qatar plus de la moitié de la production officielle des 12 membres de l’Opep, plafonnée à 28,8 mbj.
à essence (Photo : Behrouz Mehri) |
Dans le groupe, seul le Qatar, qui produit environ 800.000 barils par jour des 15 mbj des quatre pays, a souhaité jusqu’ici une baisse de la production de 1 mbj pour maintenir les prix dans la fourchette de 80 à 90 dollars le baril.
Selon une étude de la National Bank of Kuwait (NBK), les modérés de l’Opep n’accepteraient pas une réduction de plus de 1 mbj.
“Certains membres, notamment l’Arabie saoudite, vont vouloir apparaître sensibles à l’inquiétude que susciterait une éventuelle flambée des prix sur une économie mondiale en phase de faiblesse”, souligne la banque.
“Ils voudraient également éviter un effet de choc sur les marchés financiers qui pourrait provoquer une chute brutale des prix” du brut, estime la NBK.
L’analyste koweïtien, Kamel al-Harami, tout en estimant qu’il y a plus de 2 millions de barils d’excédent sur le marché, a souligné qu’il serait malvenu de réduire la production à la veille de l’hiver.
“Toute réduction ne ferait qu’ajouter aux difficultés de l’économie mondiale et nous sommes à la veille de l’hiver qui verra un accroissement de la demande”, a-t-il expliqué à l’AFP.
Ryad pourrait, selon lui, demander aux autres membres de l’Opep d’attendre la fin de l’hiver pour discuter de la question.
Mais les pays du Golfe, comme d’autres producteurs, font face à une baisse de leurs revenus, qu’ils tirent à plus de 80% du pétrole, alors que le prix du baril a perdu plus de 55% depuis son record de 147 dollars de juillet dernier.
On estime que cette baisse a entraîné pour les pays du Golfe une perte de plus d’un milliard de dollars par jour, ce qui pourrait affecter les projets gigantesques mis en route ces dernières années et encourager certains à défendre malgré tout une hausse des prix, même modérée.
“L’Arabie saoudite ne souhaite pas un baril à moins de 60 dollars. Dans les circonstances actuelles, ce serait un bon prix pour maintenir les équilibres budgétaires”, estime M. Abou Dahesh.
Selon lui, l’Opep aura des choix difficiles à faire avec “la chute des prix, une demande incertaine et une économie mondiale glissant vers la récession”.